Attention
! Légende !
Ce n'est ni la plus "haut de gamme" de la marque (l'engin
de contient pas de lampes contrairement à d'autres modèles),
ni le plus luxueux, réédition russe oblige. Pourtant,
dans les années 70, la Big Muff d'EH a connu son petit
succès, de Gilmour (Pink Floyd) à Santana. Que reste-t-il
30 ans après ? La fuzz tient-elle encore le pavé
face aux mastodontes de l'amplification hi-gain à lampes
?
Une pédale peu féminine
C'est le moins qu'on puisse dire
Dans sa robe noire mat,
elle ne déclenche pas les passions ; les inscriptions sur
les potentiomètres sont baveux, et les entrées/sorties
(jack, 2 en tout) sont tout juste pourvues de capuchons en plastique
peu rassurants au demeurant. Bien sur, le prix s'en ressent, mais
on aurait aimé quelque chose de plus
affriolant pour
une légende. Le constructeur se rattrape heureusement avec
la boîte en bois qui confère tout de suite un aspect
sympathique à l'engin. On est loin des boîtes en
carton rembourré de chez Boss ou en carton cheap d'Ibanez.
Le tout a quand même bien l'air costaud, ça tombe
bien car sur scène, entre les coups de rangers et la bière
en cannette, mieux vaut être prêt à tout quand
on est une pédale d'effet
Une petite boîboîte
bien sympathique
Action !
Autant prévenir d'avance. La Big Muff est une fuzz, c'est
à dire ni une distorsion (plus violente) ni une overdrive
(trop légère), mais bien une pédale d'effet
à part entière. La conséquence est la suivante
: à moins que vous ne recherchiez un type de son bien typé,
passez votre chemin.
Les 3 potentiomètres s'avèrent
fort simples à utiliser. Le volume assure sa fonction nominative,
le sustain agit sur l'épaisseur du son et la tonalité
ajoute plus ou moins d'aigus.
Au premier abord, ça paraît un peu primaire. On trouve
un son, c'est parti pour ne plus en changer. En fait, toute la
subtilité de cette pédale, c'est de jouer avec l'égalisation
de l'amplificateur. Sans quoi, point de salut.
Le sustain, positionné à 25%, assure un crunch un
peu surdimensionné. Pas de quoi jouer du blues (ça
ferait fuir les collègues musiciens), mais on n'est quand
même pas dans les noires profondeurs du métal (que
cette pédale n'assurera de toute façon pas). A 50%,
ça commence à décaper le papier peint de
ma chambre, je décide de baisser le volume. Après
de toute manière, c'est trop brouillon pour jouer autre
chose que du power chord, donc peu d'intérêt, à
moins de reproduire sur un CD un bruit de fond type " mer
du nord vent force 6 à 7 " avec une guitare électrique.
Attention au bouton de tonalité, même sur le micro
aigu, avant 75% le son reste désespérément
trop mat, trop grave.
En comparaison d'une distorsion Mesa/Boogie, la pédale
n'est pas ridicule. Bien sûr, impossible d'obtenir un son
aussi chaud qu'un ampli à lampes, mais la fuzz remplit
bien sa fonction qui est de proposer une sonorité complémentaire.
Si l'on fait fi de son manque de true-bypass (ie elle colore le
son même lorsque pas enclenchée, petit défaut
pouvant être gommé grâce à quelques
coups de fer à souder), et de son look démodé
- mais les voitures anciennes ne sont elles pas attirantes à
leur manière ? - elle donnera pour son prix plus que modeste
une palette sonore avantageuse à l'amateur de sonorités
grasses.
Greg@laguitare.com