Du
haut de ses 43 ans, Patrik Rondat a toujours su garder la tête
froide pour mener la carrière que l'on lui connait. Rencontre
autour d'une bonne bouffe du réalisme personnifié dans
le monde des Shredders..."
LG : Depuis tes débuts, on
te dit Le "guitar hero" francais. Penses-tu qu'au 21ème
siècle le "guitar hero" existe encore, avec l'évolution
de la musique et la multiplication d'excellents musiciens depuis
30 ans ?
PR : C'est une appellation
qui n'existe plus dans ma tête.Ca correspondait surtout à
une époque, notamment les années 70 où la guitare
était l'instrument roi et où les bons grateux se comptaient
sur les doigts de la main. Les derniers seraient peut être
des mecs comme Malmsteen,Vai...Je ne pense pas correspondre au profil
de ça, tu vois, j'ai pas la personnalité pour ça.
LG : Comment es-tu venu à
la musique ? Quelles ont été tes influences ?
PR : Je suis venu par hasard
à la musique avec un album de Montrose, guitariste américain
avec Sami Agar, puis après, Blackmore dans Rainbow ou Deep
Purple. Mon premier choc métal a été Van Halen,
c'était lunaire, à l'époque on n'avait pas
de vidéo, on savait pas ce qu'était le tapping, on
avait la bande et fallait se démerder, t'imagines...(rires).
Fin 70 début 80, j'ai
découvert Al Di Méola et là : grand choc technique.C'est
pour ça que je me suis mis à l'aller-retour, puis
j'ai pris des cours de jazz et puis le métal m'a manqué
et j'y suis revenu en mélangeant les 2. Je suis arrivé
au bon moment...
LG : Comment as-tu rencontré
Jean-Michel Jarre ou Joe Satriani pour le G3?
PR : Jarre, je l'ai croisé
à un concert d'Extrême fin 91. Je le vois sortir de
la loge de Bettencourt et je ne fais rien.En rentrant chez moi je
me suis dit : "t'es con t'aurais du le brancher, il fait de
l'instrumental un peu néo-classique, il a pas de grateux
et il aime bien les musiciens francais". Alors le lendemain
j'ai pris mes cd et mon dossier de presse et je suis passé
à sa maison de disque. J'ai pas eu de rendez-vous évidemment,
personne ne me connaissait, je l'ai donné a une secrétaire
en me disant que dès que j'aurais le dos tourné, elle
mettrait le tout à la poubelle, et 3 semaines après
il m'a appellé...C'était très adolescent comme
démarche mais tu vois ça a marché.
Pour le G3, en fait, j'avais déjà
joué avec Stu Hamm (bassiste de Satriani NDLA) à un
festival en 92 et Satriani pour la tournée du G3 voulait
des musiciens européens.Il a contacté des gens en
France, en Allemagne et en Angleterre et mon album lui a plu et
ça c'est très bien passé."
LG
: Qu'as-tu fait depuis ton dernier album solo ? Où en es-tu
du prochain ?
PR : J'ai fait 2 albums avec
Elegie et Consorsium Projet, plus des tournées avec les 2
formations en Europe et aux Etats Unis. Le prochain sort le 26 avril
avec Patrice Guers à la basse et Dirk Brunenberg à
la batterie....
LG : Depuis quelques années
les ventes de cd de musique instrumentale sont en baisse. Comment
vois-tu le futur du métal en France?
PR : C'est pas la période la plus faste mais c'est
pas pour ça qu'il faut pas le faire, même si c'est
dur de trouver un producteur .Il faut se demander : "est-ce
que ce que je vais amener une petite couleur dans le paysage ? tu
vois...
LG : Le Presto de Vivaldi est un
de tes tubes. Cela ne te dérange-t-il pas que ce soit un
morceau dont tout le monde se souvienne parfois plus que de tes
propres compositions ? Qu'est ce qui t'as poussé à
arranger ce morceau ?
PR : Non, je le savais. Pendant
les balances avec Jarre, je faisais souvent des plans du Presto
et quand mon album solo a été fini, Jarre (qui en
était le producteur NDLR) m'a dit qu'il manquait un titre
qui permette au gens de rentrer dans mon univers et y m'a dit :
"allez on essaye !".
On l'a essayé sur scène d'abord à la fin d'un
concert devant 80 0000 personne et l'accueil a été
énorme et on s'est dit : "on le fait ! ".
Je pense que c'est l'arrangement que j'ai fait qui ressemble le
plus à quelques chose.
LG : On te sait fidèle à
ton style à travers tous tes albums. Un album acoustique
un jour ?
PR : C'est en prévision.
J'ai commencé, je suis dessus. Je vais voir la configuration.
J'aimerais bien un double cd avec des anciens titres repris en acoustique,
plus des nouveaux.
LG : Peux tu nous en dire plus sur
ton matos en général ?
PR : En gratte, je suis chez Ibanez depuis 99, je joue sur des
3120 customisées et une 3020 avec manche conducteur et j'ai
aussi une 7 cordes. J'utilise des Ernie Ball en 10/46 et des médiators
Ibanez modèle signature. En ampli, je suis chez Peavey depuis
92, j'utilise un 5150 avec un mélange avec des têtes
Classic 50 et depuis quelques temps une tête Ultra Plus. En
effets, j'ai pas grand chose, j'ai 2, 3 préamplis mult-effets
de chez Peavey pour les "reverb" et les "delay"
et un digitech harmoniser intelligent pour les"live".
LG : Ta technique étant basée
sur l'aller-retour, que conseilles-tu comme plan de travail pour
les guitaristes débutants ? Quelle méthode pour devenir
un guitariste décent ?
PR : C'est vaste. Faut pas être indulgent envers soi-même.
On veut toujours aller vite, mais c'est très long. Avec les
vidéos, les écoles comme MAI, on trouve de bonnes
méthodes. Mais il ne faut pas oublier le sens artistique.
Que ce soit technique ou pas c'est pas un problème, mais
faut exprimer un truc avec. De bien jouer d'un instrument c'est
que la première marche mais en aucun cas arriver en haut
de l'escalier...
LG : Tes projets pour l'avenir ?
PR : Mon temps est divisé
entre les cours ou les Masterclass. En mai, juin, on fera quelques
"show case" dans les FNAC et les Megastore pour la promo
de l'album puis une tournée en novembre.
LG : Ta coupe de cheveux c'est définitif
?
PR : (rires)...J'en sais rien, je suis pas un novateur
permanent, je doute vachement, si je dois me couper les cheveux,
j'vais me dire merde, si j'ai une tête de con encore plus
grave qu'avant, tu vois (rires), je suis comme ça pour tout
je pèse le pour et le contre."
http://www.rondat.com/
Alexandre Gautron
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