Chaque
concert de Bumcello est unique et une expérience intense,
l'extraordinaire duo nous en a encore fait la démonstration
ce jeudi à la Maroquinerie
Quand on arrive, la salle est déjà
bondée : les fans de Bumcello sont de plus en plus nombreux
et ce soir, ils sont venus découvrir le cinquième
album du duo excentrique : Animal Sophistique.
Tout d'abord, deux mots sur ce nouvel
opus, que le label Totoutard a eu la gentillesse de m'envoyer
quelques jours avant le concert. Comme pour ses prédécesseurs,
on se gardera bien d'essayer de qualifier Animal Sophistique en
terme de genre musical. Toujours inspirés par leurs expériences
éclectiques avec des artistes du monde entier, ainsi que
par leurs voyages, Cyril Atef et Vincent Segal y ont
mêlé Pop, Funk, Rock, Musiques du monde, Rap, et même
un zouk endiablé (Dalila). Le côté Rock
est un peu plus présent, notamment sur des titres comme Gogo
ou Jet Set où la guitare et la batterie sont bien
percutantes. Mais la vraie nouveauté est l'importance qu'a
prise la voix de Cyril Atef qui trouve là une vraie place
de chanteur, à l'aise dans tous les registres. Seul un titre
est instrumental : T Tris(te).
Bumcello prend donc son temps à
l'occasion de 4 concerts du 9 au 12 novembre à la Maroquinerie
pour nous présenter ce dernier album.
Tous ceux qui connaissent un peu Bumcello le savent : en live, le
duo part sur la base de ses compositions figées dans les
albums, mais ils dérivent rapidement dans des improvisations
délirantes et hypnotiques.
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"
Entrez dans la transe car on fait de la musique de Transe
sexuel !! " Cyril Atef.
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Pour nous faire patienter avant le
début du concert, c'est Vincent Segal qui nous accueille
en tant que DJ. Il nous passe des bootlegs et autres mix (notamment
un excellent remake funky d'un morceau de Cesaria Evora),
alors que des photos de leur récente tournée en Amérique
du Sud défilent et nous permettent de découvrir les
coulisses de leur vie de nomades. Cyril arrive et se greffe progressivement
sur le rythme puis Vincent lâche les platines et le rejoint
sur son violoncelle électrique. On reconnaît des bribes
de Sweat Sweat Sweat, mais on s'en éloigne bien vite,
dérivant agréablement et enchaînant le plus
naturellement du monde des morceaux pourtant très différents
les uns des autres.
La construction d'un morceau est toujours un instant magique : au
début, ce ne sont que des bribes de mélodies, des
lignes de basse, des boucles de rythmes, on ne saisit pas tout de
suite ce qu'ils veulent faire, mais peu à peu, tous ces samples
mis bout à bout, le morceau prend forme, donnant parfois
des résultats inattendus. A eux deux, Vincent et Cyril arrivent
à créer une incroyable diversité de sons ;
ils exploitent à peu près toutes les possibilités
de leurs instruments. Par exemple, Vincent utilise son violoncelle
électrique alternativement avec son archet ou un archet électronique,
et sans archet, pour un jeu calqué sur celui de la guitare
ou de la basse, utilisant le slap, le hammer ou le pull-off
Cyril a toujours un set intéressant de percussions, un mélange
de batterie rock, de percussions africaines, mais aussi un berimbau,
des petites cloches, un sifflet, etc. Vous aurez reconnu quelques
ingrédients d'un bon morceau de techno, et oui ! pendant
un moment on se serait cru au Queen, toute la salle était
en transe.
Tout le public vit la complicité
de Cyril et Vincent pendant le set, en étant les témoins
de leurs regards, et des différentes techniques dont ils
usent pour s'entendre : quand Cyril est en transe et ne prête
plus attention aux regards de Vincent, ce dernier use d'autres méthodes
pour capter son attention : il insiste sur les temps forts, il modère
le volume de son jeu
et hop ! Cyril improvise un break de
batterie et ils repartent tous les deux dans une nouvelle divagation.
Mais les sets de Bumcello ne se résument
pas à jouer, la scène, c'est un lieu d'expression
débridée ! Sur un morceau hypnotique, Cyril se lève
et entame une sorte de danse vaudou, agitant des maracas ornées
de paillettes et de strass. Il se retourne, affublé d'un
masque à l'effigie de son complice Vincent (comme sur la
pochette de l'album). Il semble possédé par le violoncelle
grave et lancinant. Il ajoute alors d'autres masques et continue
de danser, offrant à chaque mouvement un visage différent
: serait-il hanté par différents esprits, à
la fois contradictoires et complémentaires ?
Complémentaires, Vincent et
Cyril le sont entre eux, mais aussi avec tous les artistes avec
qui ils partagent la scène. Ce soir, le special guest, c'était
Loy Ehrlish, qui joue du Grumby, un instrument marocain
très rustique, sorte d'ancêtre de la basse avec des
cordes en boyaux de chat, qui lui confèrent un son très
sourd plein de mystère.
On aura droit aussi à la prestation du tout jeune Tao, fils
de Loy, à la batterie sur Jet Set, impressionnant du haut
de ses 3 pommes !!
Bref, encore une soirée de pur
bien-être, où l'esprit se laisse aller au gré
du son et des bonnes vibrations. Avis à tous les animaux
sophistiqués !
Christine.
le 14/12/2005
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