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Thom Yorke
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Radiohead, c'est une de mes
grandes références. Mais alors que je connaissais
tous les albums de ce groupe culte par cur, j'étais
assez frustrée de ne quasiment rien connaître de leur
bio : c'est sûr que les media, c'est pas trop leur truc à
Radiohead ! L'ouvrage de Martin Clarke tombait alors à pic.
Bien sûr, l'auteur retrace un
peu l'enfance chahutée de Thom Yorke et les débuts
du groupe sous le nom de On A Friday à la fin des années
80, mais j'ai surtout apprécié le ton très
anecdotique du livre, qui tourne en dérision leur attitude
atypiquement non " rock'n'roll " et met en avant des petites
histoires banales pour le commun des mortels, mais que la sensibilité
exacerbée de Thom transformait en événement
traumatisant pour son existence et justifiant la composition d'une
chanson
et là, on aborde les paroles et les sons de
Radiohead avec une oreille neuve, alors qu'ils nous apparaissaient,
avant, complètement hermétiques.
Point de vue carrière, celle
de Radiohead a vraiment beaucoup à apprendre à tout
musicien. Comment s'imposer alors que toutes les oreilles sont tournées
vers la Britpop, en pleine explosion avec Oasis et Blur et qu'on
est un groupe " névrosé " à la musique,
aux paroles et aux ambiances angoissantes ? Comment faire face à
diverses difficultés (y compris, bizarrement, le " trop
grand " succès de Creep sur leur premier album, Pablo
Honey) pour perdurer dans l'industrie musicale ? Comment rester
toujours au " top " malgré des prises de risque
particulièrement osées, comme le lancement de Kid
A, dans un style en rupture avec ce que les fans connaissaient déjà,
et surtout en envoyant balader les medias et en décidant
de ne pas accompagner l'album du rituel de la promo ? Et bien sûr,
une grande leçon de modestie d'un Thom Yorke qui sait que
rien n'est jamais acquis, se remet sans cesse en question et se
soucie en permanence de ne pas décevoir ses fans.
Point de vue musical, j'étais
particulièrement curieuse de découvrir comment le
groupe s'y prenait pour se renouveler sans cesse et stimuler son
intarissable créativité et j'ai trouvé la réponse,
qui pourrait se résumer à l'adage de Brian Eno : "
ne refais jamais ce qui a marché la dernière fois
" et que Radiohead applique à la lettre. Le livre est
aussi assez exhaustif dans sa liste des influences du groupe, puisées
non seulement dans la musique, mais aussi dans la littérature.
Point de vue guitare, on n'est pas
déçu non plus. Martin Clarke nous explique la place
qu'occupe la guitare dans le processus de composition des chansons,
et l'évolution d'un " groupe à guitares "
d'inspiration Nirvanesque vers des expérimentations plus
électroniques. Le groupe, qui compte tout de même trois
guitaristes chevronnés, entretient avec la guitare une relation
un peu particulière et très éloignée
des Guitar Heroes. A ce sujet, l'auteur a choisi des extraits d'interview
assez drôle, comme celle donnée à Guitarist
Magazine en 97, que je ne peux m'empêcher de vous citer :
" que des types me parlent de leur Firebird 71 ne me dérange
pas, mais pour moi, ils sont exactement comme ceux qui parlent sans
cesse de leur nouvelle bagnole ! "
Par contre, l'ouvrage date de 2000
et retrace donc l'épopée du groupe de Pablo Honey
à Amnesiac. Du coup, on est privé des lumières
de l'auteur sur la suite de l'histoire ; on aimerait bien avoir
une mise à jour avec de nouvelles anecdotes et des éclairages
sur le " retour des guitares rock " concrétisé
dans l'album de 2003, Hail to the Thief, voire, pourquoi pas, sur
le nouvel album en préparation.
Et on aimerait aussi, à l'instar des ouvrages Camion Blanc
que nous avons déjà présentés sur laguitare.com,
avoir la discographie complète du groupe, qui est toujours
un outil précieux pour les vrais fans et les perfectionnistes
de l'histoire du rock ! Voilà la liste des courses pour la
prochaine mise à jour ;-)) !!
Mis à part cela, le livre est
vraiment bien écrit, très fluide et donc très
agréable à lire, une fois de plus, je me suis régalée.
Merci Camion Blanc !!
Christine
Commander
ce livre chez Camion Blanc
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