L'Association
Douai Finger-style Guitare (DFGA) organisait le week-end
dernier la huitième édition de la "Nuit de
la guitare" dans le théâtre de Douai. Ils
n'en sont donc pas à leur coup d'essai mais cela n'incite
pas pour autant l'équipe à s'endormir sur ses lauriers,
mais au contraire, à partager leur passion du Picking et
du Finger-style avec un public de plus en plus nombreux.
Petite mise en bouche
Cela a commencé samedi après-midi
avec une exposition de luthiers du Nord de la France et une master-classe.
On a pu y voir, y entendre et y tester de bien belles guitares.
Acoustique ou électrique, cordes nylon ou métal, chacun
y trouvait "chaussure à son pied". A noter une
très belle Les Paul réalisée par Richard
Baudry à la demande d'un client fan de Slash. Cette dernière
arbore une magnifique touche ou le travail de marqueterie, représentant
un serpent, témoigne du savoir-faire du luthier. On pouvait
aussi y admirer des guitares ayant appartenu à Marcel Dadi,
celui par qui tout est arrivé!
Retiens la nuit...
Passons
aux choses sérieuses avec le concert du samedi soir. La salle
à l'italienne du théâtre de Douai est pleine.
Jean-Louis Sabin, le président de l'association, fait
les présentations. Après les remerciements d'usages
aux sponsors sans qui la soirée ne pourrait exister, Thierry
Boucher nous annonce les réjouissances du soir. Le
Josho Stephan trio ouvre la soirée avec éclat.
Du haut de ces 24 ans, ce guitariste allemand joue du manouche avec
la technique et la vélocité typique du genre. Son
père assure la rythmique ( un jeu de pouce ébouriffant).
Josho arpente le manche avec malice pour interpréter les
classiques, mais apporte son grain de sel bien particulier pour
certains morceaux comme un "Caravan" superbement joué.
Mais la guitare ne sera pas la seule héroïne de ce passage,
car Max Schaaf, contrebassiste de son état, va emporter le
public avec un feeling et un jeu époustouflant. Solo de mise,
chaleureusement remercié par les applaudissement d'un public
nombreux et réceptif. Tout cela commençait très
fort...
Après l'entracte, la scène fait place à Morning
et Jimmy Nichols. Les amateurs de picking connaissent déjà
ce couple venu de San francisco. Voilà un bel exemple de
chant - guitare, où la guitare de Jimmy va servir la voix
chaude de Morning avec subtilité. Une très belle voix
qui va conquérir tout le théâtre. Morning s'efface
à certains moments pour laisser Jim interpréter des
morceaux solo. Sa guitare signature de bill Hollenbeck sonne remarquablement,
un moment de picking et de ballades jazzy magnifique. Jimmy Nichols
est un guitariste peu médiatisé qui mérite
pourtant l'attention. Son jeu est plein de finesse et de subtilité,
un touché velouté au service d'une technique irréprochable.
Comme ces musiciens sont talentueux et généreux, ils
vont inviter le trio à les rejoindre sur scène. On
nous avait promis une surprise pour cette soirée, elle est
venue rejoindre tout ce beau monde... Mesdames et Messieurs : Tommy
Emmanuel !
Eh bien ces six artistes ensemble, "ça déchire
grave", comme on dit, "ça carbonise le museau"
même! (expression que certains reconnaîtront...) Il
y a parfois des moments magiques, uniques qui arrivent lorsque certaines
constellations se croisent dans le ciel, là c'était
à Douai. Un duel inévitable entre Josh et Tommy devait
arriver, mais rapidement remis en place par Jimmy qui nous montre
que l'on ne joue pas de la guitare qu'avec les doigts mais aussi
avec le coeur. Un grand grand moment de spectacle guitaristique.
Encore, encore, encore !
Le couvert est remis le dimanche après-midi
pour un concert en deux parties. Le théâtre est plein
à craquer. Premier concert avec François Sciortino.
On en parlait comme le futur grand guitariste picking à venir
et bien ce n'est plus pour le futur, c'est pour aujourd'hui et maintenant.
Son CD "tranquille
le chat" en témoigne déjà, son passage
à Douai le confirme. Un François très en forme,
qui va vous présenter ses morceaux avec humour. Son plaisir,
c'est d'être là et de jouer, mais comme le bonheur
de ce garçon est contagieux, tout le monde en profite. Superbe
concert accueilli avec une "standing ovation" par le public.
Son Picking est chaleureux, son Finger- style est généreux.
Bien sûr, il possède une technique riche, mais il joue
avec son coeur, et il l'a grand comme ça son coeur, c'est
dire le talent du bonhomme ! On y a retrouvé ses morceaux
de "tranquille le chat", on a découvert son talent
de chanteur ukuléliste. Le public fait le plein d'humour
mais aussi de tendresse quand il dédie un superbe morceau
inédit à sa fille et à sa femme. Autre beau
moment d'émotion, quand il fera participer le public pour
chanter sur "Irlande", le très beau morceau qui
clôt son CD. Cerise sur le gâteau, François nous
servira un medley à sa façon, de génériques
de séries télé, laissant son public chaud -
bouillant pour l'arrivée du deuxième concert.
Le deuxième concert est assuré par Tommy Emmanuel.
Guitariste depuis l'âge de cinq ans, show man impénitent,
beaucoup attendaient sa prestation. Ils n'ont pas été
déçus. Un jeu de scène sautillant pour cet
australien (rien à voir avec les kangourous ça va
de soi...) débordant d'une énergie surnaturelle. Une
vélocité vertigineuse caractérise son jeu,
éblouissant le public de ses mille paillettes. Il va inviter
son amie à chanter quelques ballades qu'il accompagnera aux
percussions. Mais les percussions, pour Tommy, c'est sur la guitare
que ça se joue. Un moment de son show est justement un solo
de batterie sur sa guitare, guitare qui n'en ressortira pas indemne
d'ailleurs. Il va bien falloir que quelqu'un dise à tommy
que l'abus de sucre en poudre dans la café peut nuire à
la santé! Le talent c'est aussi de savoir s'arrêter
à temps, de doser les ingrédients et c'est un peu
ce qui fera défaut au musicien ce soir là. Quand il
y a trop de crème dans un gâteau, il devient écoeurant
pour certains...
Tommy va rappeler Morning et Jimmy pour le final. Je n'insisterai
pas sur le manque de tact en oubliant François Sciortino
pour la fête, le fair-play anglo-saxon se perdrait il ?
Du bonheur, rien que du bonheur!
Les lumières se sont éteintes
dans le théâtre, les étoiles sont restées
allumées dans nos yeux et nos oreilles. Merci à DFGA
pour ses moments de pur bonheur. La sono était assurée
par Pierre Thouvenot (Orion Production) avec beaucoup de
compétences, la guitare, c'est sa spécialité
! Pas facile pourtant de sonoriser avec finesse la guitare acoustique,
mais Pierre a le savoir-faire. Le choix de la programmation a permis
à tout le monde d'y trouver son plaisir et de faire des découvertes.
La Nuit de la Guitare est un rendez-vous à ne manquer sous
aucun prétexte! Restez à l'écoute des dates
du prochain, ça vous évitera de regretter de ne pas
être venu !
http://www.orionproductions.com/
http://www.jimandmorningnichols.com/
http://perso.wanadoo.fr/f.sciortino/index.htm
A'Titâ
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