Une grande scène, bien mise
en lumière, très bien sonorisée, c'est dans
ce cadre que John Scofield s'est produit à Tours.
L'unique set, en 1h45 est réglé comme du papier à
musique, les deux rappels sont assez calculés. Ca fait toujours
un plaisir de voir ces artistes qui font rêver par leur palmarès
: ces trois bonhommes ont joué avec toute la planète
Jazz US, les compositions de Steve Swallow sont des standards
(dont un bon nombre figurent dans les Real Book).
C'est
dans la plus pure tradition de l'entertainement (trio 100% américain),
que les 3 comparses s'amusent sur les thèmes chaloupés
de Scofield. C'est vrai que les compositions du guitariste semblent
parfois " faciles " dans les gimmicks qu'elles utilisent...
mais la jubilation est toujours au rendez vous sur les grosses relances
rythmiques!! Il y avait en plus des compos scofieldiennes quelques
standards bien choisis (There's Not a Ghost Chance With You, Gone
With The Wind). Le tout joué dans un souci de musicalité
constant, avec un feeling énorme, on était bien loin
de la démonstration technique ou de l'avant-gardisme à
tout prix. On aime (ou on aime pas) ce professionnalisme, mais en
tout cas on sent chez ces musiciens un héritage, une philosophie
du jazz, même si on entend des sonorités rock, funk,
ou bluesy. Plusieurs morceaux sur les harmonies de " I Got
Rythm " sont frais et énergétiques, on ressent
la complicité et le plaisir de jouer. Cette musique est une
fête.
Le set guitare de Scofield et assez
efficace, une très belle Ibanez signature, un Vox et des
effets (Wha Wha, sampler, et autres effets psychédéliques),
au résultat il obtient un son chaud, assez crunchy, mais
il n'hésite pas à pousser la disto et faire monter
la puissance de son Vox ! Par moments, il utilise ses effets pour
décontenancer son auditoire, il n'hésite à
se " lâcher " dans ses impros et sortir de ses propres
clichés en prenant des risques.
Bill
Stewart était plutôt inspiré ce soir, avec
des bonnes intuitions, un jeu très musical, très mélodique,
le dialogue avec ces collègues marchant à merveille.
Bien sûr, il n'a pas hésité à montrer
ses capacité à exploiter les dynamiques de l'instrument
avec cette spiritualité qui le caractérise.
A la Basse, Steve Swallow est
d'une solidité inébranlable, et son jeu est plein
de malice. A l'image d'un Charlie Haden, c'est un mélodiste,
à la fois un vrai improvisateur et un vrai accompagnateur,
toujours à l'écoute et dans le temps.
Bref, c'était un bon moment
de musique, carré et honnête, dans la plus pure tradition
du " divertissement intelligent et ludique " si cher aux
artistes américains.
John Scofield - Guitare
Bill Stewart - Batterie
Steve Swallow - Basse Acoustique
http://www.johnscofield.com/
Emeric
Auger
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