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Adrienne
PAULY
Interview
Son
premier album éponyme paru cet automne laisserait penser
qu'Adrienne Pauly est une jeune femme morose et amère
et kafkaienne au possible... La suprise est à la hauteur
du talent d'Adrienne Pauly. Elle s'amuse de ses déboires
passés, de ses errances. On comprend pourquoi autant
de musiciens ont participé à cet album... Une
rencontre teintée d'humour grinçant. Les femmes
aussi savent avoir un humour des plus percutants...
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Sans
faire de psychologie, ton album respire l'attraction / répulsion
vis à vis des hommes ?
Adrienne
Pauly : " Pas spécialement. Mes chansons parlent
des rapports entre les hommes et les femmes un peu compliqués.
Les gens à côté de leurs pompes ne vivent pas
la vie qui voudraient avoir. A l'époque, je n'avais pas le
mec ( rires) avec qui cela marchait. Alors ce sont les problèmes
de communication qu'on peut rencontrer."
Donc
aucune animosité vis à vis des hommes ?
Adrienne Pauly : " Aucune. "
Pourtant, les hommes en prennent pour leurs grades !
Adrienne Pauly : " Oui. Parce qu'à un moment,
on en a marre que cela n'aille jamais. Enfin, à un moment
cela marche quand même. Il y a une volonté de s'ouvrir
aux autres et en même temps il y a des déceptions.
C'est un des problèmes de ma vie. J'imagine qu'il doit l'être
pour beaucoup d'autres gens. C'est le rêve et la réalité.
On a tous des rêves, des envies et des fantasmes qu'on ébranle
ou pas. Il y a quatre ans, lorsque j'ai écrit ce disque,
je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Avant j'avais été
comédienne ... J'étais un peu dans l'errance. Me sentant
un peu à côté de ma peau, j'en ai parlé
pour tuer le temps (rires). Petit à petit c'est devenu des
chansons, puis un projet en rencontrant un musicien. C'était
aussi d'observer les gens qui pouvaient connaître ces même
problèmes. Un jour je m'ennuyais en faisant la queue dans
un supermarché. Comme je ne travaillais pas, je me sentais
vraiment nulle. Je ne savais plus où aller à la vue
de tous ces gens qui couraient partout. Et puis, j'ai vu cette fille
derrière sa caisse, qui avait l'air aussi de s'ennuyer comme
moi."
Au
travers de ton album, ne voit - on pas aussi se briser le mythe
de la femme moderne ?
Adrienne Pauly : " Oui. Finalement, on est toute seule
et on rame. (rires) "
Pourtant tu gardes le sourire ...
Adrienne Pauly : " Heureusement, parce qu'il ne reste
que cela.(rires). Lorsque j'ai écrit ces chansons, c'était
une libération. C'est quand même drôle ! On se
remet de nos peines, à part les gens qui se tuent. (rires)"
Pour ton disque tu t'es entourée de beaucoup de musiciens.
Comment se sont faites toutes ces rencontres ?
Adrienne Pauly : " C'est au fil des rencontres.
La conception de cet album était longue. Au début,
j'écrivais ces textes. Petit à petit je me disais
que j'allais arrêter le métier de comédienne
sans en être certaine. Mais je cherchais des guitaristes.
J'ai eu du mal à trouver des musiciens avec qui travailler.
Comme j'étais un peu mal dans ma peau, les musiciens me mettaient
plutôt la main sur le genou. J'ai rencontré Christophe
Ernault. Ensemble nous avons composé mes premiers morceaux.
Très vite nous nous sommes mis au piano, je trouvais des
mélodies de voix. Une fois qu'on a eu la maquette, nous sommes
allés voir Yarol Poupaud. J'avais rencontré
Yarol quelques années auparavant par l'intermédiare
de Camille Bazbaz. C'est avec Camille que l'idée de
faire des chansons m'est venue. Il m'a appris mes premières
notes au piano. Yarol nous a monté le groupe, comme il avait
un peu de bouteille. Ensuite, j'ai récupèré
Nicolas Ullmann et Adan Jodorowsky, deux potes d'enfance
de mon frère.(*) C'est Yarol qui a réalisé
l'album. Ensuite, Michael Garçon nous a rejoint il
y a un an et demi. Patrice Renson à la batterie a participé
à l'album.
Il y a aussi Matthieu Chedid sur "Nazebroc". C'est
l'histoire d'une fille naze et broc qui s'invente quelqu'un qui
rentre en elle et l'oblige à fumer des pétards. Cette
fille a une mauvaise foi pas possible ! (rires) Cela m'amusait que
Matthieu dise " C'est moi ton naze, moi ton nazebroc",
puisqu'il est tellement frais et sympathique. Finallement, il est
venu faire des petites voix sur trois chansons. "
(
* ) Roldolphe Pauly réalisateur.
Et Sébastien Chouard ??
Adrienne Pauly : " Cela fait parti d'un autre enregistrement.
Les musiciens que j'avais sollicité n'étaient pas
disponibles, alors il y a eu plusieurs versions enregistrées.
J'ai rencontré Sébastien Chouard et Albin
de la Simone sur un premier enregistrement. D'ailleurs, il y
a deux chansons du premier enregistrement : "Vas-y viens..."
et "Méchant cafard". "Dans mes bras"
est aussi une très vieille chanson écrite il y a cinq
ans. Ce n'est pas la meilleure. Mais je l'ai gardée comme
trace, ce qui est assez bancal.(rires) "
On voit aussi la collaboration avec Manuel Armstrong des Daddy Longlegs
...
Adrienne Pauly : " Oui. Manuel a fait la musique
de "Vas-y viens...". C'est un très bon musicien."
Comment
se passe la scène ?
Adrienne Pauly : " En concert, je suis entourée
d'Adan Jodorowsky à la basse, d'Alix à la guitare,
Michael Garçon au clavier et d' Olivier à la batterie."
Sur
scène, tu n'es entourée que d'hommes ...
Adrienne Pauly : " Ah oui ! (rires) Il n'y a pas beaucoup
de bonnes musiciennes.(rires). Je suis bien entourée. Ils
n'ont pas trop d'égo (rires). C'est plutôt bon enfant
! "
A
quel personnage de ton disque, es-tu la plus attachée ?
Adrienne Pauly : " J'aime bien le mec dans la boîte
de nuit. A cette époque, je devais être avec un type
qui ne m'aimait plus. Lors d'une soirée avec lui, j'essayais
d'imaginer ce qu'il avait dans la tête pour être moins
malheureuse. Tous ces personnages je les ai un peu rencontré,
ou sortent un peu de moi et je les aime bien (rires). C'est mon
côté opérette qu'on retrouve dans "Méchant
cafard". Cette fille au cinéma menace de se couper les
veines... (rires) "
Après
l'écoute de ton album, on s'attend à rencontrer une
jeune femme cafardeuse et triste. Pas du tout ! Tu t'amuses de beaucoup
de situations ...
Adrienne
Pauly : " Cela dépend de la notion du triste ! (rires)
Billie Holliday me rend moins triste que Claude François.
Ses textes ne me parlent pas. il m'angoisse surtout. Il me fout
le bourdon avec sa nervosité et sa voix nasillarde. En plus,
je le trouve méchant. Bien sûr, certaines chansons
de Billie Holliday sont tristes. Cette grâce d'interprétation
me rend gaie. La beauté rend gaie lorsqu'elle touche le coeur..."
Initialement, tu es comédienne. Comment es-tu passée
de la comédie à la chanson ?
Adrienne Pauly : " Lorsque tu es comédienne et
que tu ne trouves pas de rôles, il faut faire quelque chose.
J'ai écrit des sckteches. J'ai aussi essayé d'écrire
un livre " Où est le drame ?". Comme je ne trouvais
pas la réponse à ma question j'ai arrêté
l'écriture de ce livre.(rires). J'ai cherché ma voie...
Au moment où j'ai rencontré Christophe Ernault, j'avais
écrit un moyen métrage qui devait être réalisé.
J'avais un projet avec un producteur alcollique ... (rires). Finallement,
j'ai lâché ce projet. Faire des chansons a été
une vraie libération. D'abord, tu es solitaire pendant l'écriture
des textes puis tu rencontres des musiciens. Une chansons dure environ
trois minutes. Il y a un mouvement de la vie. C'est plus long pour
une prise, qui comporte un temps d'attente. "
Penses
tu revenir vers la comédie plus tard ?
Adrienne Pauly : " Peut être si cela vient. Pour
le moment, c'est la chanson..."
N'est-il
pas plus facile d'immerger en chanson lorsqu'on est une fille en
ce moment ?
Adrienne Pauly : " Il a fallu du temps pour que le milieu
de la musique ne soit pas aussi masculin. Les choses se décantent
avec l'arrivée des filles. Bien
sûr, Barbara écrivait et interpretait. Même Juliette
Gréco est une interprète. "
N'est-ce
pas une mouvance ?
Adrienne Pauly : " Parce qu'il y a peu de bonnes choses
(rires). Il y a des périodes plus ou moins fastes pour tous.
En ce moment c'est une période pas très propice pour
la musique. Mais cela va venir... Les gens vont plus en concert,
font de la musique chez eux... Pour ce qui est des femmes en musique,
c'est peut être une envie de douceur... (rires) "
Lors
de ta première partie au concert de Franck Monnet au Réservoir,
le 29 janvier 2006, tu jouais une chanson très drôle
" Sex bomb". Tu l'as laissée au placard ?
Adrienne Pauly : " Cette chanson " Bombe sexuelle
" est marrante. Peut-être que je la mettrais sur le prochain
disque. Je la chante en concert. J'observais les tee shirts des
gens où il y a écrit ce qu'ils voudraient être.
Ces formules sont drôles. Les gens se vendent comme une pub.
Un jour, j'avais vu une fille avec un tee shirt " I want you
to fuck". La fille ne semblait pas très bien dans sa
peau presque à ne pas assumer le tee shirt. Comme si le tee
shirt allait lui donner du courage pour assumer sa sexualité
(rires). Je suis une bombe sexuelle. Pour que ce soit plus clair
je l'ai inscrit sur mon tee shirt. Elle ne l'assume pas et dit "
J'ai pas vraiment d'amis / Dans le noir je m'ennuye / Mais j'ai
un très bon psy / Je crie jamais au lit / Mais si tu veux
je te suis / Apprends moi, apprends moi ..." ... C'est triste...
(rires) "
Emmanuelle
Libert
le 24/11/2006
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