Une belle leçon de rythme
On l'a découverte l'an dernier
avec son album " Eye to the telescope ", un bon
album sans être novateur. Mais KT Tunstall excelle
aussi sur scène. Le 26 février dernier, elle était
de passage à l'Olympia.
La première partie de ce concert
a été assurée par Willy Mason. Ce jeune
américain d'une vingtaine d'années nous a offert un
set honnête et intimiste dans la pure veine folk, voire country.
Sa guitare classique des années 1830 pour seule compagne,
il charme le public ce soir là et l'emmène dans son
univers. De belles ballades se succèdent avec une base rythmique
solide. Ce jeune artiste sait alterner la guitare rythmique et la
guitare solo, et ainsi il rompt la monotonie et renforce ses textes.
Certaines de ses mélodies ne sont pas sans rappeler "
Chelsea hotel number two " de Leonard Cohen, et sont
admirablement servies par sa voix puissante et mélodieuse
qui nous entraîne dans ses états d'âmes quelque
peu mélancoliques. De la même manière, certains
morceaux plus rock redynamisent la salle.
Un jeune artiste très prometteur, qu'on espère voir
très bientôt sur scène nous interpréter
son album "Where the Humans eat "
KT
Tunstall nous a offert un set en toute décontraction
comme on les aime.
Simple, généreuse et chaleureuse, cette jeune femme
a déjà tout d'une grande artiste. Cette écossaise
d'origine chinoise a déjà conquis l'Europe avec son
style énergique.
Ses ballades aux accents folk, ou rock,
tendent même parfois vers la country.
Proche du public, elle n'hésite pas à introduire ses
chansons de quelques mots de français très appréciés.
Cette artiste simple sait fait rire son public et nous change des
concerts formatés. Le public, un brin jeunot, s'enthousiasme
à la moindre cadence rythmique : autant dire qu'il participe
activement. Il faut dire que ce petit bout de femme énergique,
en petite robe rose et bottes, sait susciter l'adhésion :
elle enchaîne les petites plaisanteries et les pauses assez
cabotines, et sa bonne humeur est communicative.
Son sens du rythme est vraiment impressionnant
car elle joue aussi bien des trois instruments : guitare, batterie,
et clavier.
La notion de rythme prend tout son sens quand on la voit jouer de
ces instruments ; la salle reste impressionnée, les chansons
s'enchaînent sans temps mort, d'ailleurs le guitare tech est
très opérationnel.
Sa voix, puissante, semble capable
de toutes les variations, des accents enroués à la
Bonnie Tyler, aux chansons plus country, voire folk à
la Joni Mitchell. Son énergie sur scène et
son charme évoquent aussi Alanis Morissette. Mais
KT semble avoir un style bien à elle
Sur toutes les chansons, la place des musiciens est prépondérante,
on ne peut pas dire que KT fait tout le show à l'aide de
sa voix et de sa guitare, et c'est ce qui la différencie
en profondeur de toutes ses illustres mères spirituelles
folk : l'instrumental est roi. La complicité entre les musiciens
est palpable à tous moments, que ce soit lorsque, quasi en
transe, KT lâche sa guitare pour se lancer dans une improvisation
à la batterie, où lorsqu'à la fin du concert,
après les rappels, KT et tous ses musiciens s'approchent
du micro sans instruments (ultime coquetterie !) et improvisent
avec leurs voix dans un style " human beat box " un set
très techno, boîte de nuit, et bien sûr, comme
à chaque fois, ultra rythmé.
Un concert dense, plein de chansons
très réussies, avec quelques moments forts, (ou plutôt
ce sont nos coups de cur, car il n'y a vraiment pas eu de
" baisse de régime " pendant la soirée !)
:
KT a juste besoin de taper deux fois sur sa guitare pour donner
le rythme : tout le monde reconnaît le tube " Black
horse and the cherry tree ", et enchaîne, dans une
frénésie d'enfer.
Pour calmer un peu la salle, KT interprète une chanson très
douce, très belle, " False alarm ", évoquant
une femme qui essaie d'oublier un mauvais souvenir/ chagrin d'amour,
et tente de mettre ce mauvais souvenir " au lit ", de
l'endormir et de le droguer dans son sommeil pour ne plus en entendre
parler. La métaphore est filée tout au long de la
chanson, un texte et une mélodie superbes, qui se terminent
sur le refrain répété de manière frénétique,
incantatoire, comme pour oublier à tout prix
A la toute fin, après les rappels, KT finit par un duo avec
Willy Mason (lui à la guitare, elle au clavier), qu'elle
introduit ainsi " je vais maintenant vous chanter une chanson
d'un groupe très très cool, vous allez voir, vous
connaissez ". Il s'agit d'une interprétation magnifique
et très originale de " Fake Plastic Trees " de
Radiohead, qui, chanté par une voix féminine
prend des accents étranges : c'est inattendu, mais très
beau et très réussi. " Merci Radiohead "
sera la dernière phrase de KT ce soir-là.
Emma et Aurélie
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