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KT Tunstall
Olympia - Paris
26 février 2006

Une belle leçon de rythme

On l'a découverte l'an dernier avec son album " Eye to the telescope ", un bon album sans être novateur. Mais KT Tunstall excelle aussi sur scène. Le 26 février dernier, elle était de passage à l'Olympia.

La première partie de ce concert a été assurée par Willy Mason. Ce jeune américain d'une vingtaine d'années nous a offert un set honnête et intimiste dans la pure veine folk, voire country. Sa guitare classique des années 1830 pour seule compagne, il charme le public ce soir là et l'emmène dans son univers. De belles ballades se succèdent avec une base rythmique solide. Ce jeune artiste sait alterner la guitare rythmique et la guitare solo, et ainsi il rompt la monotonie et renforce ses textes. Certaines de ses mélodies ne sont pas sans rappeler " Chelsea hotel number two " de Leonard Cohen, et sont admirablement servies par sa voix puissante et mélodieuse qui nous entraîne dans ses états d'âmes quelque peu mélancoliques. De la même manière, certains morceaux plus rock redynamisent la salle.
Un jeune artiste très prometteur, qu'on espère voir très bientôt sur scène nous interpréter son album "Where the Humans eat "…

KT Tunstall nous a offert un set en toute décontraction comme on les aime.
Simple, généreuse et chaleureuse, cette jeune femme a déjà tout d'une grande artiste. Cette écossaise d'origine chinoise a déjà conquis l'Europe avec son style énergique.

Ses ballades aux accents folk, ou rock, tendent même parfois vers la country.
Proche du public, elle n'hésite pas à introduire ses chansons de quelques mots de français très appréciés.
Cette artiste simple sait fait rire son public et nous change des concerts formatés. Le public, un brin jeunot, s'enthousiasme à la moindre cadence rythmique : autant dire qu'il participe activement. Il faut dire que ce petit bout de femme énergique, en petite robe rose et bottes, sait susciter l'adhésion : elle enchaîne les petites plaisanteries et les pauses assez cabotines, et sa bonne humeur est communicative.

Son sens du rythme est vraiment impressionnant car elle joue aussi bien des trois instruments : guitare, batterie, et clavier.
La notion de rythme prend tout son sens quand on la voit jouer de ces instruments ; la salle reste impressionnée, les chansons s'enchaînent sans temps mort, d'ailleurs le guitare tech est très opérationnel.

Sa voix, puissante, semble capable de toutes les variations, des accents enroués à la Bonnie Tyler, aux chansons plus country, voire folk à la Joni Mitchell. Son énergie sur scène et son charme évoquent aussi Alanis Morissette. Mais KT semble avoir un style bien à elle…

Sur toutes les chansons, la place des musiciens est prépondérante, on ne peut pas dire que KT fait tout le show à l'aide de sa voix et de sa guitare, et c'est ce qui la différencie en profondeur de toutes ses illustres mères spirituelles folk : l'instrumental est roi. La complicité entre les musiciens est palpable à tous moments, que ce soit lorsque, quasi en transe, KT lâche sa guitare pour se lancer dans une improvisation à la batterie, où lorsqu'à la fin du concert, après les rappels, KT et tous ses musiciens s'approchent du micro sans instruments (ultime coquetterie !) et improvisent avec leurs voix dans un style " human beat box " un set très techno, boîte de nuit, et bien sûr, comme à chaque fois, ultra rythmé.

Un concert dense, plein de chansons très réussies, avec quelques moments forts, (ou plutôt ce sont nos coups de cœur, car il n'y a vraiment pas eu de " baisse de régime " pendant la soirée !) :
KT a juste besoin de taper deux fois sur sa guitare pour donner le rythme : tout le monde reconnaît le tube " Black horse and the cherry tree ", et enchaîne, dans une frénésie d'enfer.

Pour calmer un peu la salle, KT interprète une chanson très douce, très belle, " False alarm ", évoquant une femme qui essaie d'oublier un mauvais souvenir/ chagrin d'amour, et tente de mettre ce mauvais souvenir " au lit ", de l'endormir et de le droguer dans son sommeil pour ne plus en entendre parler. La métaphore est filée tout au long de la chanson, un texte et une mélodie superbes, qui se terminent sur le refrain répété de manière frénétique, incantatoire, comme pour oublier à tout prix…
A la toute fin, après les rappels, KT finit par un duo avec Willy Mason (lui à la guitare, elle au clavier), qu'elle introduit ainsi " je vais maintenant vous chanter une chanson d'un groupe très très cool, vous allez voir, vous connaissez ". Il s'agit d'une interprétation magnifique et très originale de " Fake Plastic Trees " de Radiohead, qui, chanté par une voix féminine prend des accents étranges : c'est inattendu, mais très beau et très réussi. " Merci Radiohead " sera la dernière phrase de KT ce soir-là.

Emma et Aurélie