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Anniversaire des dix ans de Tryo
Zénith, 6 Décembre 2005
Photos de Benoît Delplancke tirées du site http://www.poke-and-destroy.com/Tryo/

Le 6 décembre dernier, au Zénith, Tryo clôturait une tournée triomphale dans toute la France par un concert anniversaire à Paris. Eh oui, le groupe existe depuis dix ans déjà…Pour nous, les fans de la première heure, faites le calcul, ça ne nous rajeunit pas vraiment. Mais qu'importe, pour fêter dignement cet évènement, laguitare.com, bien entendu, était là !

Zénith bondé, ambiance chaleureuse et bon enfant…, et un premier constat : le public est très, très jeune, constitué en grande majorité d'adolescents (même si la tranche d'âge 20-30 ans est bien représentée aussi). C'est plutôt bon signe : le groupe joue depuis dix ans, mais il a su se renouveler et séduire de nouveaux fans.

Avant même l'arrivée des quatre héros de la soirée, l'"esprit Tryo " est déjà là, savamment agencé par une mise en scène qui ne laisse rien au hasard; sur la scène vide, un décor bucolique, fait de palmiers, de grosses fleurs de tournesols en carton… l'hymne de nos campagnes plane déjà sur la foule !
La première partie est assurée par des artistes amis, tous invités par Tryo, en particulier Franck Monnet, un jeune chanteur plein de talent, dont laguitare.com a déjà parlé. C'est un ami de longue date des Tryo, qui leur a d'ailleurs écrit des textes. Il enchaîne quelques chansons, La routine (la routine ça n'arrive qu'aux autres…), en s'accompagnant à la guitare acoustique, puis Les bancs (Faut-il qu'elle aime les bancs, pour s'installer comme ça…), et le public accroche tout de suite. Il faut dire que l'on a affaire à un " beau gosse ", avec une jolie voix, de bonnes mélodies, des textes vraiment pas mal du tout… : c'est plutôt très réussi ! Enfin, Franck Monnet, lui-même invité de Tryo, invite à son tour Timike (ancien du groupe de reggae Mister Gang, qui joue maintenant dans la formation Le Petit dernier avec Pablo Mendes et …Daniel, de Tryo !), à venir jouer de la guitare et chanter avec lui, suivi par Manu, de Tryo. Ils jouent et chantent tous les trois dans l'euphorie générale la chanson Soliloque (Même si j'avais tort, je ne serais pas d'accord, or je n'ai pas tort…). Et Franck Monnet quitte la scène sous les applaudissements.
Le public a encore droit à un petit intermède pour faire monter l'ambiance avant le concert : une petite vidéo " pseudo amateur " qui montre de façon humoristique comment les membres de Tryo se sont préparés pour le concert dans leur loge… (Quand on vous dit que la mise en scène a été très étudiée !!). En tout cas, ça fonctionne : la foule est hystérique. Ensuite, on nous passe pendant un petit moment du Tiken Jah Fakoly, histoire de bien nous mettre dans l'ambiance " rasta " (Justice réveille-toi, puis On en a marre, l'Afrique en a marre, marre, marre…). Normal : " c'est du roots qu'il nous faut ", Tryo l'a toujours dit !

Enfin, Tryo apparaît…mais pas là où on les attendait : sur la scène, des mannequins en carton à la forme des quatre membres du groupe se détachent par un jeu d'ombres et de lumières ; le groupe, lui, est en haut des gradins, au milieu du public. Ils tiennent à la main des ballons, et traversent la salle par le haut en interprétant un medley de leurs plus gros tubes (Pour un flirt avec la crise, France Telecom etc… ). Les quatre joyeux drilles finissent par rejoindre la scène : Manu (qu'on a déjà vu juste avant chanter avec Franck Monnet), Mali, Guizmo et Daniel. Le public est déjà euphorique quand le groupe commence à enchaîner les titres (sur Salut O et surtout sur G8 : J'ai, j'ai, j'ai, j'ai huit lascards qui m'soulent, huit lascards qui m'soulent…). Mali entame un petit délire, que les autres reprennent au quart de tour, sur le ton de la berceuse : " Au clair de la lune, petit Sarkozy, prête-moi ton urne, sors de mon pays …". La salle est hilare, et les quatre continuent leur show avec C'est du roots, puis Monsieur Bibendum. Sur cette dernière chanson, le public est invité à claquer des doigts, ou plutôt " jazzer avec les doigts ", et il s'en donne à cœur joie.

Le déroulement du concert est structuré avec beaucoup de maîtrise, en phases distinctes où les styles musicaux changent, les interventions parlées alternent avec les chansons, les titres à thème intimiste avec ceux plus engagés politiquement : la monotonie n'a pas le temps de s'installer. Ainsi, après la série de chansons " tubes " du début, Tryo nous réserve un intermède musical sans parole, au violon, violoncelle et accordéon, de facture très classique, avec des sonorités festives qui évoquent l'Europe de l'Est. Pendant qu'ils jouent, sur la scène derrière eux, un équilibriste s'élève, en montant sur deux draps blancs. Suit un petit morceau de guitare, hispanisant, très rythmé, avec toujours l'acrobate en toile de fond : très harmonieux.
Après cet intermède musicalement et visuellement très réussi, Tryo interprète deux chansons plus politiques : le percutant et magnifique La misère d'en face (Peuple d'Occident, réveille-toi, réveille-toi…) et Si la vie m'a mis là, sur la Palestine. Mali intervient ensuite pour nier la rumeur selon laquelle Tryo va se séparer (il est vrai que lui-même sort un album solo sous son nom Christophe Mali : Je vous emmène, qui sortira en mars 2006). Au contraire, dit-il, " on est repartis pour dix ans ", et les projets musicaux en parallèle des uns ou des autres ne remettent pas en cause le groupe Tryo. Suit une petite vidéo amusante montrant " le concierge du Zénith " qui se plaindrait du bruit…(humm !). Donc, pour faire encore plus de bruit, le public chante de plus en plus fort " Joyeux anniversaire Tryo ! " : un vrai public de " rebelles " ... !

Franck Monnet rejoint alors à nouveau Tryo sur scène. Il est l'auteur-compositeur de la chanson Comme les journées sont longues, une chanson que nous, on adore, et apparemment c'est le cas de l'ensemble du public : quand il commence à la chanter, avec Tryo aux chœurs, et deux autres " invités ", Gérard Tempia au violon, et Frédéric Deville au violoncelle, la salle au grand complet reprend le refrain avec frénésie. Le groupe demande ensuite à Daniel de jouer du violon, pour " montrer au public qu'il sait jouer de cet instrument aussi " : il nous fait aussitôt un petit solo plutôt sympa…
Pour continuer dans l'ambiance bon enfant et même la franche rigolade, Mali demande au public de se servir des " capotes Tryo " qui ont été distribuées à l'entrée du Zénith, et propose d'éteindre les lumières deux minutes pour une " tryouse " (oui vous avez bien lu !)… Bon, les 10 ans de Tryo, ce n'est pas non plus Woodstock, et les gens sont restés bien sagement à leur place pendant ces deux minutes d'obscurité, vous vous en doutiez !! N'empêche, tout le monde a bien ri, et c'était une transition toute choisie pour introduire la très belle et très sensuelle chanson d'amour Serre-moi. Tryo enchaîne ensuite sur le tubissime Sortez-les sortez-les sortez-les poubelles! , sur la télévision, devant une foule vraiment surexcitée, avant de laisser de nouveau la scène à un groupe " invité " : La Rue Kétanou, qui nous fait sa version rap du corbeau et le renard…
Puis Mali reprend le micro et, sous les applaudissements, exhorte le public " On sort le gouvernement prochainement en allant voter " et les quatre compères enchaînent sur Récréation : "Allez sortons le gouvernement on va user les pavés, user les pavés, user les pavés et ils vont reculer". (Au fait, les Wampas viennent de sortir une chanson intitulée Chirac en prison, très drôle et volontairement provocatrice; Didier Wampas dit avoir écrit cette chanson uniquement pour tester la réalité et les limites de la liberté d'expression dans notre pays…Le résultat est intéressant : la chanson passe à la radio, mais aucune chaîne de télévision n'a accepté de la diffuser…A méditer. Bon fermons la parenthèse et revenons à nos moutons !!).
Après Désolé pour hier soir (Arrête l'alcool tu deviens grave…), introduite par toute une mise en scène- amusante mais un peu longue- autour de Mali, qui ne se souviendrait plus de sa soirée de la veille, Manu part sur une reprise de Souchon (J'ai dix ans, Si tu m'crois pas hé
T'ar ta gueule à la récré), immédiatement suivi par les trois autres : évidemment c'est très réussi, une fois de plus !
Selon le parfait dosage qui fait alterner depuis le début les chansons plus inattendues et les tubes, on a enfin droit à l'Hymne de nos campagnes, dans la ferveur générale (tous briquets et téléphones portables allumés !). L'acrobate reprend ensuite son show en arrière-plan, suivi par une autre équilibriste, une femme qui s'élève vers les sommets dans un drap blanc, immense comme une longue traîne. Pendant ce temps le groupe interprète encore deux très beaux titres : Le petit chose, puis Le saule.
Mais…Tryo salue et le public s'aperçoit avec horreur que c'est déjà la fin du concert ; le spectacle a été si dense et si varié que personne n'a vu le temps passer. Heureusement pour nous, les quatre compagnons ne seront pas avares de chansons après les rappels (Un homme qui aime les femmes, chanson pour le respect des femmes, Pompafric, contre le néo-colonialisme des entreprises, La main verte (sur cette dernière, Totor, le boute-en-train qui avait déjà présenté le concert en début de soirée, passe avec un arrosoir, et arrose la foule, dans l'hilarité générale).
Le drap des acrobates, qui a été progressivement déroulé, couvre maintenant toute la scène, et permet un jeu d'ombres et de lumières qui rappelle la forme de rainures sur des feuilles d'arbre. Le concert se termine sur cette image, et sur un mot tout simple : " naturel ", comme un condensé de l'état d'esprit Tryo.

Que dire de plus ? Merci, bravo, et bon anniversaire Tryo !

Aurélie

Photos de Benoît Delplancke tirées du site http://www.poke-and-destroy.com/Tryo/