Durant deux
jours le château, sa chapelle et son parc ont accueilli plusieurs
centaines d'amoureux de la guitare, dont certains venus de loin.
Tremplins, salon des luthiers, master-classes, concerts, expositions,
tout ce week-end a été consacré à notre
instrument, jusqu'aux dessins des enfants des écoles sollicités
à produire leurs uvres sur ce thème.
Samedi
30 septembre
Arrivée des premiers luthiers la veille, puis le samedi matin,
accueillis par un café-croissants, et à 14h, ouverture
officielle du festival, en présence du maire et de son équipe,
ainsi que de la députée de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Les artistes sont également présents, à peine
débarqués de leur avion, sauf Alex De Grassi qui a
anticipé le jet-lag du vol San-Francisco - Paris en arrivant
la veille ! Cocktail, petits fours, présentation des artistes
et de l'équipe du festival, et les festivités peuvent
commencer
Surprise d'abord
des luthiers, visiblement peu habitués à se retrouver
avec leurs stands dans une grande Chapelle, décorée
de batiks et peintures sur soie. Une douce lumière filtrée
au travers des vitraux de la Chapelle caresse les instruments par
des jeux de couleurs magnifiques. Le public, composé de néophytes
et de guitaristes, dont certains d'un très bon niveau, découvre
l'univers passionné de ces magiciens du bois. Les rayons
du soleil illuminent le parc et les musiciens se retrouvent vite
sur le parvis de la chapelle et sous les arbres (retour à
la maison pour les guitares!) pour juger de la qualité des
instruments ; nous avons droit ainsi à quelques " bufs
" passionnants.
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Pendant que,
dans une salle du château, passent des films consacrés
à " devinez quoi ! " (B.B King, Stevie Ray Vaughan,
Led Zeppelin, le Blues vu par Wim Wenders et d'autres cinéastes),
sous le chapiteau se produisent les groupes du tremplin. Et là,
grosse baffe avec le duo Tof et Landser
Quarante cinq minutes
de Crosby, Stills, Nash and Young, enchaînés sur un
tempo d'enfer ! Vocaux impressionnants, pêche d'enfer, deux
guitares parfaitement complémentaires et le public aux anges.
Le duo, habitué aux performances " live " ouvre
superbement la scène aux musiciens du trio Just Friends qui
embrayent sur un set très coloré, entre standards
jazz et " Brésil ". Deux guitaristes de haut niveau
avec des chorus qui décoiffent, une chanteuse qui maîtrise
parfaitement son sujet tout en y amenant sa présence et sa
sensibilité, bref tous les ingrédients d'un concert
réussi !
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Walter,
Alex, Christian et Bob
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Bob
Bonastre et la guitare d'Olivier POZZO
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Pause repas
pour les uns (buffet et sourires, autour d'une grande table), balance
pour les autres, et à vingt heures trente, les concerts du
soir.
Petit mot de Bob Bonastre, directeur du festival et à l'origine
du projet, qui enchaîne sur un récital de quarante
minutes où guitare-nylon et voix se croisent autour de thèmes
inspirés du voyage. Autour du monde (l'Afrique, où
il est né, l'Andalousie, l'Inde) et ceux que l'on vit de
l'intérieur. Grande sensibilité, beaucoup d'émotions,
une voix surprenante, et une inspiration tournée vers les
compositeurs au carrefour du jazz et des musiques du monde. La virtuosité
transparaît par moments, mais elle n'est visiblement pas là
pour séduire.
Suit un duo
(Norwegian wood) avec le hongrois Sandor Szabo, avec qui Bob Bonastre
a déjà partagé des scènes en Hongrie,
puis Sandor prend place en solo, accompagné de sa guitare
baryton. Adepte des instruments hors normes (il possède trois
guitares seize cordes avec lesquelles il a enregistré plusieurs
disques), le musicien, par ailleurs concepteur d'effets électroniques
que l'on retrouve jusque dans les Star Wars de Georges Lucas, interprète
un répertoire d'une grande sensibilité, servi par
un son magnifique et des compositions très denses. Bartok,
le folklore hongrois, le public continue son voyage en musique !
Une petite pause pour se désaltérer, et voici Alex
De Grassi. Grande première en France pour le virtuose américain,
peu connu du grand public mais très apprécié
des pickers. Personnage d'une grande simplicité, bien que
quasiment vénéré aux States, le musicien nous
offre un set passionnant du début à la fin, avec des
compositions magnifiques, dont certaines revisitent le répertoire
traditionnel américain, et servies par une technique "
monstrueuse " mais jamais démonstrative, ainsi qu'un
énorme feeling.
Les trois artistes se retrouvent pour un final où l'on découvre
leurs grandes complicités, très utile pour boeufer
sans répétition ! Autour de minuit, la foule se disperse,
les notes étoilées vont danser dans les rêves
du public, et tout ça se termine autour d'un verre coté
loges !
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Master
class de Christian Escoudé
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Sandor,
Alex et Bob
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Dimanche
1er octobre
A l'heure où sonnent les cloches du petit village, les premiers
luthiers s'installent, et peu à peu, le parc se repeuple.
Les familles venues avec leurs enfants sont ravies de pouvoir les
confier à la " maison des enfants ", où
les attendent des animatrices qualifiées, entourées
de jeux et de cadeaux pour le concours de dessins. Ballades en poney
à travers les chemins ombragés du parc pour les uns,
master classes avec Christian Escoudé et Bob Bonastre (la
veille, Alex De Grassi et Pedro Soler ont animé chacun la
leur).
A 15h00, ouverture
du tremplin avec un chanteur compositeur originaire de Ballainvilliers,
Michaël Saranga, accompagné d'un guitariste et dont
la prestation autour de compositions pop-rock d'une grande sensibilité
permet une entrée en douceur aux spectateurs.
Puis vient le duo Sounds and blues, que les habitués de l'Acoustic
Bazar connaissent bien, pour le voir s'y produire régulièrement.
Arrangements vocaux impeccables et parfois imprévus, guitares
discrètes mais présentes, le répertoire, dont
une magnifique version de " For no One " des Beatles,
enthousiasmera un public de plus en plus nombreux au fil de l'après-midi.
Enfin, un des grands moments de ce tremplin, le groupe Chorinho
So, trio de professionnels : un violon, une guitare sept cordes
et des percussions pour un voyage au pays du choro, style traditionnel
du Nordeste brésilien. Ce groupe, qui se produit souvent
sur Paris, est un vrai bijou étincelant de rythmes et d'harmonies
chatoyantes, une joie évidente et communicative, l'esprit
de la fête, tout simplement.
Peut-être grâce à eux, le soleil revenu en force
nous fait le plaisir d'embraser une fois encore les murs de la chapelle
où de plus en plus de monde vient admirer les créations
exposées. Bufs en direct du " lieu saint "
et sous les arbres !
Après
la pause dîner, ouverture des concerts du soir avec le virtuose
poète Walter Lupi, que l'on pourra voir, ainsi que Christian,
à Issoudun cette année (merci au passage à
Alex Costanzo et l'équipe d'Issoudun d'avoir partagé
avec nous ces deux jours, leurs présences et leurs expériences
nous ont été utiles !).
L'italien joue debout, n'a pas peur de s'adresser au public dans
un anglais mâtiné d'italien qui a pour effet d'égayer
un public emporté par l'extrême poésie du funambule
transalpin. Quelques " djokes " à la Roberto Bégnini
et tout le monde explose de rire, quelques notes et tout le monde
comprend que nous avons là un sérieux " client
" ! Ovation finale, un bis, un horaire qui s'emballe (chi va
tranquillo va sano !) et un duo avec Pedro Soler.
Là, surprise, le milanais connaît aussi les compas
du flamenco, d'où un traditionnel joué comme s'ils
finissaient une tournée ensemble.
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Tof
and Landser
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Just
Friends
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Puis vint la
musique de Pedro, recueillement, absence totale de superflu, concentration.
L'arène est offerte à la danseuse Stéfania
Suissa, qui nous emporte avec elle, loin dans le sud. Une évidence
révélée à beaucoup d'entre nous : danse
et musique sont les deux faces d'une même pièce, l'une
porte l'autre et l'Art du Flamenco se manifeste. Ce duo est probablement
le début d'autres rencontres autour de cette culture fascinante.
Deuxième partie, et un sacré challenge pour Christian
Escoudé, seul sur scène avec sa magnifique guitare
(un bijou !). Très peu de jazzmen (à part les pianistes)
ont la culture du concert en solo, épreuve ultime car aucune
place à l'artifice qui pourrait servir de remplissage, pas
de complice avec qui échanger ou sur qui se reposer, et pourtant
la même exigence de feeling et de groove. Et là, nous
avons droit à du très grand Escoudé. Pas de
concession, mais un répertoire joué sur le fil du
rasoir, avec une tension palpable jusque dans la salle et qui fait
vibrer le public à chaque trait vertigineux du guitariste.
Chorus explosifs, harmonies renversantes, il semble que personne
ne connaisse ce Christian là, lui-même peut-être
pas d'ailleurs ! Explosion du public, et grand final de la soirée,
à l'appel duquel ne peuvent résister Alex De Grassi
et Bob Bonastre, qui rejoignent les musiciens sur scène.
Deux standards improvisés, des yeux qui brillent ou se ferment,
et la standing ovation, consécration d'une vraie rencontre
entre artistes eux-mêmes, et avec leur public.
L'équipe
du festival et tous les invités se retrouvent sur scène
pour un salut final, les lumières se rallument, l'accouchement
s'est très bien passé, et tout le monde s'accorde
pour dire que le bébé, visiblement doué, marchera
vite !
Les photos de ses premiers pas sont disponibles sur http://automnalesballain.free.fr
L'équipe
du festival
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