Annoncé
comme un portrait intime de Neil Young par le cinéaste
Jonathan Demme, " Heart of gold " est ni plus ni
moins que la captation au célèbre Ryman de Nashville
le 18 Août 2005 du concert de lancement de l'album "Prairie
wind". Mis à part le début du film où
l'on peut entendre Neil Young citer sa préférence
sur des musiciens " amis " que des musiciens de studio,
ou entendre, entre autre, Ben Keith nous raconter sa rencontre
avec Neil Young pour l'enregistrement d'Harvest, tout le film se
passe sur scène. Concept différent de Jim Jarmusch
dans " Year of a horse " qui avait mis en parallèle
deux époques de l'artiste, Jonathan Demme a quant à
lui focalisé sa caméra sur un seul et même concert
qui nous a tout de même permis de voyager, surtout dans la
deuxième partie du film, à l'époque d'Harvest
Moon, Comes a time et Harvest.
Je passerai
assez vite sur la première partie qui est donc la quasi totalité
de Prairie
wind qui avait la particularité lors de sa sortie de
nous offrir la vidéo de l'enregistrement en studio. Une chose
qui ne change pas de la première à la dernière
note du concert c'est la perfection dans laquelle se déroule
ce concert. Un soin particulier a été apporté
au son de chacun des instruments, des voix, des costumes, des lumières
et du décor. On a pu apprécier la présence
d'une chorale " Black ", d'un ensemble de cuivres et de
cordes. Tout est exactement comme sur l'album, très réussi
!! Entre les chansons, Neil Young passe de l'humour nostalgique
à l'émotion. Il nous raconte alors l'histoire de cette
guitare avec laquelle il enregistra tout l'album de prairie wind
et avec laquelle il en interprète toutes les chansons, cette
vieille Martin D28 herringbone de 1941 qu'un ami à lui lui
a dégotée il y a trente ans de cela, cette vieille
guitare appartenait à Hank Williams qui avait souvent
joué dans cette salle. " Je suis heureux que cette
guitare puisse enfin rejouer dans cette salle ". Un moment
saisissant d'émotion quand Neil Young nous parle de la mort
de son père survenue deux mois auparavant.
On devine la
deuxième partie du concert avec " I'm a child ",
Young seul à la guitare. Arrive ensuite " Harvest moon
" et là on comprend que c'est tout le concert qui allait
être aussi parfait qu'un enregistrement en studio. Les trois
choristes Pegi Young (sa femme), Diana Dewit et Emmylou
Harris sont parfaites. Emmylou se garde les tonalités
basses afin de s'harmoniser avec les deux autres voix de quinte.
"Heart of gold" débute alors comme si le temps
n'avait pas bougé d'une seconde. La voix du Loner est parfaite
(pour peu qu'elle le soit bien sûr), chaque musicien est au
métronome et rien ne dérape mais l'émotion
n'en est pas moins absente. Quoi que l'on en dise, ces vielles chansons
font du bien et quand Neil Young nous parle de son vieux ranch :
" j'étais un jeune hippie riche et je me suis acheté
ce ranch où je vis toujours.. " , " avant
que j'arrive, ce ranch était entretenu par un vieux couple
et un jour alors que le vieil homme m'emmena faire un tour dans
la propriété, il me demanda : " comment quelqu'un
d'aussi jeune peut il avoir tout ça ", Neil Young
répondit : "de la chance, j'ai beaucoup de chance
". Vous avez, tout comme moi, deviné que la chanson
à venir serait "Old man", un best, un classique
du flat picking et voir sur scène, enfin, le riff du banjo,
la pedal steel.. wawh !!! des churs dignes des voix de James
Taylor et de Linda Ronstadt de l'original donneront ce
qu'il faut au refrain pour vous donner des frissons.
Nous restons
sur Harvest avec le plus connu des flat picking de Young : "The
needle and the damage done ". Rare de voir le canadien avec
un banjo dans les mains, c'est pour le très réussi
"Old King" de Harvest moon avec Emmylou Harris à
la voix et avec sa Gibson. Arrive ensuite le moment où mon
cur fit deux tours dans ma poitrine lorsque je vis sur scène
8 guitares acoustiques, ça ne pouvait être que pour
"Comes a time". Gagné ! Le violon entame l'intro
et j'ai l'impression de revivre une partie de ma jeunesse tellement
le son, la voix, les guitares semblent resurgir tout droit du passé.
Entendre cet ensemble de belles et vieilles guitares pour certaines
(Martin, Gibson, Taylor 12 cordes) me rend fou comme un gamin. Si
ça continue comme ça, je vais me mettre debout à
frapper des mains et à chanter comme un fan !!
"Four strong Winds" prend la relève avec les mêmes
six cordes + une harpe, une chanson d'Ian Tyson que Neil
Young nous confie comme ayant été, quand il était
gamin, une de ses favorites qu'il écoutait en boucle sur
un vieux juke box. Cuivres, cordes, chorale black, les deux choeurs,
tous rassemblés sur scène pour "One of these
day" d'Harvest moon annoncent la fin du concert. Après
cette magnifique chanson, on retrouve Neil Young, seul sur scène
sans public avec sa vieille D28 pour le sublime "the old laughing
lady" de son tout premier album.
Jacques Carbonneaux
le 02/10/2006 - Toutes
les photos proviennent du site officiel
|
Un film comme
celui là ne pouvait être apprécié que
s'il était partagé. Je suis donc allé au ciné
avec mon fiston de 14 ans, fou de musique et musicien depuis déjà
tout petit (7 ans de batterie, 4 ans de piano et presque deux ans
de guitare). La musique qu'il écoute et qu'il joue (Slipknot,
System of a down, Green day etc...) est loin des mélodies
de Neil Young même si je l'ai bercé depuis son plus
jeune âge à toutes les musiques que j'écoute.
A la sortie du film, j'ai décidé de lui poser quelques
questions sur ses premières impressions, les voici :
Thomas, tu viens d'assister au film sur Neil Young " Heart
of gold " et j'aimerais connaître tes impressions, toi
qui va avoir 14 ans et qui écoute une musique totalement
différente. As tu passé un bon moment même si
ce sont de vieux papys ?
On ne peut pas dire que c'est le meilleur concert que j'ai vu
mais déjà par les influences que tu m'as données
depuis que je suis tout petit, voir un film récent de Neil
Young sur scène m'a beaucoup plu. Je m'attendais plus à
un film documentaire et en fait, c'est un concert de "a à
z" à Nashville. J'ai trouvé ça vraiment
enrichissant.
Quelle est la particularité que tu apprécies chez
ce musicien ?
En temps que musicien, sur scène, il est nickel. Il chante
et joue tout le temps juste et surtout, tu vois vraiment qu'il prend
son pied quand il joue. Pour un spectateur, c'est vraiment bien
car tu as l'impression de prendre ton pied avec lui.
Crois tu que ce qu'il fait est de la musique de vieux pour des
vieux ou apporte t'il encore quelque chose aux jeunes générations
? Même si il est vrai que ce concert est la partie tranquille
et acoustique de l'artiste et qui n'a rien à voir avec sa
facette électrique et enragée.
Ce n'est pas de la musique pour vieux, il influence encore des jeunes
groupes et je pense qu'il continuera par la musique mais aussi par
son discours politique et son engagement pour son pays et contre
Bush, il est autant à la page que les jeunes groupes et il
les influence encore aussi par ça. Ce qui est exemplaire,
c'est qu'il a réussi à durer et à rester une
référence contrairement à, comme tu me le disais,
CSN qui après un court succès n'ont plus rien apporté
à la musique.
Le 01/10/2006
Pour illustrer
les propos de Thomas, j'ai trouvé par hasard sur le site
officiel du film, la liste de tous les groupes et artistes qui se
disent avoir été influencés par Neil Young.
La
liste est longue et édifiante !
Le film est déjà disponible en DVD en import à
la FNAC.
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