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• Rhesus - Interview le 21 juin 2006
Laura - Aurélien - Simon

De leur florilège de belles mélodies pop, Rhésus a conquis dès la première écoute de "Sad Disco" , leur premier album. Avant leur concert à la place Denfert Rochereau à Paris, le trio grenoblois Rhésus a répondu à La Guitare.com dans une ambiance très décontractée. C'est un peu normal le jour de la fête de la Musique…

Quel a été l'apport du prix Ceux Qu'il Faut Découvrir des Inrocks ?
Aurélien : A court terme, le "Ceux Qu'il Faut Découvrir"des Inrocks, nous a eu un mini buzz dans le milieu professionnel. Ainsi ce concours nous a permis de décrocher un contrat sur un gros label indépendant, PIAS. Même si nous avions déjà une reconnaissance du public puisque nous faisions beaucoup de concerts. Ce prix a été une vraie reconnaissance de la part des médias.

D'où vous vient cet amour pour les mélodies ?
Aurélien : Nos mélodies viennent de nos influences anglo-saxonnes. Dans le groupe, nous avons chacun nos influences respectives. J'ai beaucoup écouté les Smashing Pumkings, Elliott Smith et Radiohead. Ces groupes références ont toujours le souci de la mélodie. Nous aimons les mélodies simples et efficaces. Nous avons toujours essayé de composer des mélodies simples qui sonnent vraiment sans être ni formatées ni clichées. D'ailleurs nos compositions viennent en toute simplicité et naturellement. On ne prévoit pas nos compositions.
Simon : J'ai toujours été impressionné par des groupes comme Pavement et les Pixies. Ils ont un vrai don et un vrai sens mélodique efficace.
Laura : Pour ma part c'est plutôt Joy Division et les Smiths.

Aurélien

Pensez-vous un jour composer une chanson en français ?
Aurélien : Au début, nous avons bien essayé de composer en français; mais les mélodies ne sonnent qu'en anglais. Pour ma part, une mélodie pop ne sonne qu'en anglais. Lorsqu'on compose en français, on se confronte à un jugement rude. En français, le sens des mots d'une chanson a une grande importance. D'ailleurs si on traduit bon nombre de chansons on peut découvrir des textes très simples qui ne fonctionneraient pas du tout en français. De la même manière, nos références étaient anglo-saxonnes. Alors nous avons abandonné cette idée de composer en français.
Simon : Lorsqu'on chante en français on se confronte à une spécificité française. On se confronte à l'exception culturelle qui accueille difficilement les groupes qui chantent en anglais. Lorsqu'on chante en anglais on est largement moins diffusé sur les radios à cause des quotas. C'est toute la difficulté. Bien sûr certains groupes chantant en anglais ont du succès à l'étranger c'est le cas de Air et de Tahiti 80. Mais ce sont des petits exemples. Au final peu de groupes s'exportent à l'étranger. Il y a aussi toute une scène confidentielle en anglais comme Hermann Düne, Syd Matters…L'exception culturelle française empêche le public de découvrir ces artistes. Comme si les groupes qui chantaient en anglais trahissaient la culture française ! Il est vraiment regrettable de mettre un frein aux groupes qui chantent en anglais sous prétexte de l'exception culturelle.

Que représente la scène pour vous ?
Aurélien : Lorsqu'on n'est diffusé ni à la radio ni à la télé, les concerts restent l'unique moyen d'aller à la rencontre du public. C'est pourquoi la scène nous est essentielle. On se lâche davantage aussi, on fait vivre nos morceaux. Nous avons commencé à jouer dans des bars. Encore aujourd'hui il nous arrive de jouer dans des bars lorsque nous avons une date de libre. L'intérêt est de jouer le plus possible. Peu importe le lieu où l'on se produit.
Simon : En jouant dans les bars, on prend de l'expérience sur scène. Si le concert est bien tant mieux mais si ce n'est pas le cas et bien tu prends la leçon. Il vaut mieux que le concert ne fonctionne pas devant peu de personnes que sur un festival. Dans les bars nous avons encore de beaux moments!

Quels sont vos projets ?
Aurélien : Nous préparons notre prochain album à la rentrée. D'ailleurs, ce soir sur scène nous jouerons un morceau du prochain album en exclusivité mondiale pour la fête de la musique (rires). Je ne dis pas de quel titre il s'agit pour laisser la surprise…

Sur quels modèles de guitares jouez vous ?
Aurélien: J'ai trois guitares Télécaster. Je ne suis pas un collectionneur de guitares. J'aime ce modèle. Nos marques d'instruments sont classiques, tout comme notre manière de jouer. Sur scène, j'utilise très peu d'effets mis à part la distorsion.
Laura : Pour ma part je joue sur une basse Fender Précision.

Connais-tu les guitares de luthiers ?
Aurélien : Je ne suis pas allé rencontrer un luthier. Je suis mon propre luthier (rire général en voyant la guitare d'Aurélien). Mes guitares sont rafistolées avec du scotch. Souvent en concert, mes guitares tombent puis je les rafistole ensuite. Je n'ose pas aller chez un luthier avec une guitare dans un tel état. En plus j'aime cette image rock'n roll ! (rires)

Pourriez-vous dire quelques mots sur Syd Matters ?
Aurélien : Syd Matters est un groupe qu'on aime vraiment. En plus c'est un pote. Il a vraiment un univers très personnel et riche. Il fait de la musique qui nous touche.
Nous avons fait beaucoup de dates ensemble notamment une tournée en Suisse.
Simon : Syd Matters devrait être beaucoup plus connu. Tout comme Hermann Düne, ces artistes restent encore confidentiels, à cause de cette fameuse exception culturelle française.

Parlons un peu batterie… La batterie ne s'enferme pas dans un rythme binaire comme chez d'autre groupe de rock…
Simon : Ah bon ?!! Pourtant elle l'est. Cela vient sûrement de la variété des morceaux.
Aurélien : Contrairement à beaucoup de groupes actuels où un morceau est décliné sur dix pistes. Simon joue des morceaux au balai, des pistes en ternaires…
Simon : J'aime bien non seulement les jeux incisifs mais aussi les éléments qui mettent en valeur la mélodie en apportant de temps en temps une originalité. Les batteurs de chanson française, notamment le batteur de Miossec apportent vraiment une particularité qu'on ne retrouve pas forcement dans les groupes qui chantent en anglais. Parce qu'on n'est pas qu'un groupe de rock ! (rires)
Les batteurs qui jouent avec sept toms et qui sont des montagnes de muscles fascinent. Pour ma part j'ai choisi le modèle inverse : des mélodies simples, des batteries simples avec le petit plus qui fait la différence (rire). Le petit plus Rhésus !!

C'est le mot de la fin ?
Simon : Absolument.
Aurélien : On peut même proposer aux lecteurs d'aller visiter notre site Internet (http://www.rhesus-web.com/) et notre page sur my space (http://www.myspace.com/rhesusmusic) s'ils veulent être nos amis…(rires)

Simon, n'aurais-tu pas une dernière citation ?
Simon : Ah ! Miles Davis a dit " Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il faut jouer les plus belles. "

Emmanuelle Libert le 10/07/2006

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