Pour ce concert à
la Java en ce mardi soir de juin, Seb Martel, Vincent Segal
et Cyril Atef sortent de leur registre musical habituel
(si tant est qu'ils aient un registre habituel !) pour accompagner
leur vieux pote, Vic Moan, qu'on a déjà vu en
guest, entre autres, dans des concerts de Bumcello ou de Franck
Monnet.
Alors que les sets de Bumcello sont en grande partie improvisés
et font la part belle à la diversité des sons, aux samples
et à des divagations musicales délirantes et ceux de
Seb Martel où l'improvisation dans l'interprétation
vient souvent enrichir ses chansons, ce concert se compose de morceaux
joués et chantés de façon plus classique agrémentés,
comme il se doit, d'impros instrumentales, vocales, sans oublier une
bonne dose d'humour.
|
|
Seb Martel
et Vic Moan
|
Vic Moan
|
Mais le genre musical de Vic n'est pas moins indéfinissable
que celui de ses petits camarades. On assiste à un melting
pot de genres extrêmement audacieux mais totalement réussi
(on n'en doutait pas !), on passe du jazz au funk, en passant par
le reggae, le ska (Special Party), la bossa (Soul Kiss)
ou le rock, souvent en mélangeant différents genres
dans un même morceau. Par exemple, alors que Vincent, Seb et
Vic partent sur une structure jazz, Cyril Atef, sans aucun scrupule,
peut souligner le tout d'un 4/4 très rock. Il fallait oser
!
Les instruments sont utilisés à peu près de toutes
les manières possibles. Vic joue de sa mandoline Gibson
tantôt en frôlant légèrement les cordes,
juste pour donner la couleur du morceau, tantôt en la grattant
comme une guitare électrique. On a d'ailleurs l'impression
qu'il s'approprie sa mandoline comme on le ferait d'une guitare, mélangeant
ainsi les sons et riffs de ce petit instrument à 8 cordes avec des
rythmiques d'une six cordes normale. Seb joue sur sa Gretsch
solid body 6128 (au son blues authentique et très vintage),
entre autres, de petits riffs très brillants, des rythmiques
très funky à la pédale wah-wah ou encore une
rythmique plus sèche avec reverb de rigueur sur des morceaux
reggae.
|
|
Vincent
Segal et Seb Martel
|
Cyril Atef
|
Vincent fait preuve d'une dextérité impressionnante,
sur son violoncelle électrique des luthiers DNG
et sur sa basse Fender, lorsqu'il joue à l'archet des morceaux
plutôt classiques ou encore sur une sublime intro orientale
dans Lip Synch puis il déchaîne la saturation
et joue en slap en martelant ses cordes avec son archet et bien sûr
il a un jeu funky avec un groove unique sur sa basse. La présence
du jeu de Vincent est telle que la basse en tant qu'instrument prend
une place plus importante qu'à l'accoutumée et se substitue
souvent à la guitare 6 cordes. Le diapason (longueur de corde
vibrante) du violoncelle contribue à cela, puisque plus long
(grave) qu'une guitare mais plus court (aigu) qu'une contrebasse,
cet instrument, dans des mains aussi agiles et expertes que celles
de Vincent, apporte une autre dimension à la structure du groupe.
Il peut ainsi se substituer à la guitare pour des solos dans
les médiums mais aussi en rythmique quand les accords sont
plaqués, à une contrebasse pour la partie basse classique
et enfin devenir l'instrument parfait du quatuor lorsqu'il est joué
à l'archet.
Cyril Atef, quant à lui, use de renversements de rythmes, de
syncopes et autres contretemps dans son jeu, tout en légèreté,
sans jamais perturber le jeu des autres musiciens, et même au
contraire, en lui donnant tout son relief. Avec son habituelle batterie
customisée d'un bidon d'eau, les pieds nus, le sourire toujours
aux lèvres et avec un bon humour, il était en pleine
forme ce soir.
|
|
Vincent
Segal et Seb Martel
|
Vic Moan
|
D'un point de vue vocal, c'est un bonheur de découvrir l'association
des voix de Vic et de Seb, qui se mêlent très bien :
la première assez grave, la deuxième, plus aigue, rehaussant
la première, aussi bien mélodiquement que rythmiquement
comme dans I'm in the nude for Love où les mots de Vic
et de Seb s'intercalent, donnant l'impression qu'ils utilisent un
delay. Cyril vient souvent soutenir la tonalité de Seb dans
les secondes voix.
Une autre perle de ce concert : Who's
laughing, un morceau très funky entrecoupé, sur
la fin, de très courtes impros sur tous les instruments,
à tour de rôle, et dans tous les styles de musique
; on a droit à un petit air très chanson française
à la guitare, à des petits morceaux de mandoline,
des airs classiques magnifiquement interprétés par
Vincent Segal sur son violoncelle électrique, des impros
de batterie ou encore le riff bien saturé de Highway to
Hell par Seb
et après chaque mini impro, voulue
souvent hors du rythme ou de la tonalité du morceau, on repart
de plus belle sur le gimmick funky de Vincent Segal; plus ça
dure, et plus le public s'enflamme, un grand moment ! Sans parler
de l'idée originale de participation du public : faire chanter
le public sur le refrain, ça s'est trop fait, par contre,
leur demander de rire de concert à chaque fois que Vic chante
" who's laughing ", ça, c'est nouveau ! et comme
le rire est communicatif, toute la salle est bientôt hilare
!
L'humour est d'ailleurs omniprésent dans ce concert. Dès
le début du set, Vic Moan nous interdit de fumer
et
de dire des gros mots
nous sommes tout de même autorisés
à nous extasier sur sa voix magnifique ! Il nous explique
que Cyril est l'incarnation du diable en ce 6-6-6 (6 juin 2006),
tout de rouge vêtu, dans un Nouveau Costume, titre d'une des
chansons de Vic qui, lui, est habillé en polo - jeans - sandales
il nous chante un morceau " autobiographique " (selon
ses propres mots !) racontant l'histoire d'un Skinny man
et sur Dry Land, il nous explique l'attitude à adopter
quand on se vautre devant tout le monde dans la rue : d'abord on
se relève, on vérifie que personne ne nous a vu et
on reprend son chemin (" et si vous avez une meilleure idée,
faites-le moi savoir " ! dit-il avec son flegme tout anglosaxon
!) Merci Vic ! Grâce à toi, on saura maintenant se
sortir avec dignité de toute situation embarrassante !!
|
|
Vic Moan
|
Vincent
Segal et Seb Martel
|
C'était aussi très drôle
de voir Vincent Segal, en véritable chef d'orchestre, donner
quelques instructions à Vic Moan sur son jeu à la
mandoline ou encore rappeler les accords d'un morceau à Seb.
Un vrai bonheur aussi de sentir sa complicité avec Seb, Cyril
et Vic lorsqu'il les emmène sur de petites improvisations.
En tout cas, tout au long du set, le groove est bien là,
on le sent en écoutant la musique en fermant les yeux, mais
aussi dans les attitudes des musiciens et dans leur gestuelle à
tel point qu'ils donnent l'impression d'être une prolongation
de leur instrument. Un tel feeling et une osmose aussi palpable
entre musiciens est rare ; on en a bien conscience en sortant de
la Java, perchés sur notre petit nuage, et on n'a qu'une
envie : remercier ces musiciens géniaux pour leur créativité
sans cesse renouvelée, leur sincérité et leur
générosité.
|
|
Vincent
Segal et Seb Martel
|
Cyril Atef
|
Il
est regrettable d'apprendre que l'album de Vic Moan est épuisé
et non réédité car quand vous l'avez vu et
entendu au moins une fois sur scène avec cette voix suave
et cette mandoline qui ne le quitte pas, vous n'avez qu'une idée
en tête : fredonner et jouer ses chansons !! En attendant
de revoir les albums de Vic à nouveau dans les bacs, nous
vous invitons à voir les vidéos et écouter
tous les titres de son album sur son site internet : http://vic.moan.free.fr/.
Vous ne serez pas déçus !
Christine et
Jacques
le 10/06/2006 - Concert du 06-06-06
|
|
Vincent
Segal, Seb Martel et Vic Moan
|
Seb Martel
et Vic Moan
|
|
|
Cyril Atef
|
Vincent
Segal, Seb Martel et Vic Maon
|
|
|
|
|
Vincent
Segal, Seb Martel et Vic Moan
|
Cyril Atef,
Vincent Segal et Seb Martel
|
|
|
|
|
Vincent
Segal, Seb Martel et Vic Moan
|
Vic Moan
|
Dessins
: Blanche Delamour
|
|
|