Interview
Hocus Pocus
Assurément, Hocus Pocus fait du hip hop mais de façon
différente. La spontanéité et l'audace sont présentes pourtant la
poésie musicale et textuelle domine. Rencontre avec 20Syl (chanteur),
Matthieu Lelièvre (claviériste) et Hervé Godard (bassiste) après
leur concert aux Veilles Charrues le 21 juillet dernier.
Quelle est
la particularité de votre groupe ?
20Syl
: La particularité de notre groupe est de faire du hip hop avec
des instruments sur scène. Le groupe est formé de Hervé (basse),
Matthieu (piano), DJ Greem (platines), Antoine
(batterie) et moi 20Syl au micro. A Carhaix, il y avait même
une section cuivres composée de Stef à la flute, JM
à la trompette, et Sly au saxophone. Habituellement, David
nous accompagne à la guitare. Mais aujourd'hui, il jouait avec
une autre formation.
Matthieu : On fait d'ailleurs un petit clin d'oeil à Dadou.(rires)
Comment vous
vient de mélanger tant d'instruments ?
20Syl : Cette formation s'est construite sur la base des instrus
qu'on s'est contruit avec Greem le DJ. On a composé la base
de l'album à deux. Dans un second temps, tous les autres musiciens
sont venus se rajouter pour préparer le live. En général, nous composons
à deux, puis nous rajoutons les parties avec les instruments. Parfois,
nous réadaptons même complètement le morceau afin de donner une
nouvelle couleur au son car on ne réussissait pas à rendre parfaitement
le son studio.
Quels sont vos projets ?
Hervé : Nous espèrons faire un album pour l'hiver prochain.
20Syl : Nous nous sommes fixés des périodes d'enregistrements
entre février mars. Mais la sortie de l'album n'est pas encore définie.
En septembre prochain, l'album « 73 touches » sera réédité
avec quatre morceaux ainsi que deux vidéos clips distribués chez
Universal.(ULM)
Pensez-vous
à faire des collaborations?
20Syl : Nous aimerions faire beaucoup de collaborations,
mais pour le moment c'est imprécis. Nous ferons des collaborations
en fonction de nos morceaux. Nous devons déjà composer nos morceaux
pour envisager si d'autres artistes peuvent se rajouter.
Matthieu : En plus, si on le dit maintenant il n'y aura plus
la surprise !
Vous ne le
dites pas par superstition ?
Matthieu : Nous ne sommes pas superstitieux ! Nous ne votons
pas UMP ! (rires) Enfin je ne crois pas ....(rires)
Hervé, peux tu nous dire quelques mots sur ta basse ?
Hervé : Je joue sur une basse réalisée par le luthier Cyril
Guérin, à Noirmoutier. Nous travaillons ensemble depuis
quatre ans sur les basses. Je suis vraiment très content de son
travail, puisque ses basses sonnent très bien. C'est un pur luthier,
que je conseille aussi bien en guitares qu'en basses... Je le répète
Cyril Guérin à Noirmoutier ... J'ai fait faire une basse
quatre cordes sur un modèle de Jazz Bass Fender pour avoir
le son s'en rapprochant. Même si elle a un son particulier, ma basse
s'en rapproche un peu. C'est une très bonne guitare. Mon autre basse
est un prototype : une cinq cordes Fretless signée Albédo (nom
de l'atelier de Cyril Guérin NLDR). C'est du bel ouvrage
!
Matthieu : Heureusement, les luthiers offrent une excellente
qualité de service. 20Syl est le premier fan des instruments
à vent. Dès qu'il a un réglage à faire ou autre, un spécialiste
répare bien son instrument.
Hervé : En plus, avec le luthier tu as le droit au service
après vente. Il connait ton instrument ce qui facilite tous les
réglages et les moindres soucis.
La ville
de Nantes, en ce moment est mis en lumière. Qu'en pensez-vous ?
20Syl : Justement notre guitariste absent ce soir joue avec
Dajla, une artiste nantaise en train d'exploser en ce moment.
Dajla est une artiste à découvrir ! Sur une instrumentation soul,
elle chante et scande ! En ce qui concerne les autres artistes nantais,
on peut citer Smooth, Chabaz, Spring groove (dans lequel
Hervé joue aussi), SAT, Karl Davis en newsoul...
Hervé : Il y a aussi Tribeqa, Mixcity.
Matthieu : La scène nantaise est énorme et riche. On ne se
marche pas sur les pieds pour autant.
Hervé : Au contraire, on se soutient sur le plan artistique.
Mansfield.TYA est aussi originaire de Nantes...
Matthieu : Bien sûr. Ces artistes sont des collègues. On
se rencontre puis on joue ensemble. Nous avons notamment fait une
formation avec Mannsfield. En ce moment, sur Nantes une véritable
émulation nous stimule .C'est très agréable ! Mais cette émulation
entre les musiciens a toujours existé. Avant nous, c'était l'époque
des Little Rabbits, des Merfoolbits, Dominique A, Francoiz
Breut... La proximité entre les artistes est la même que celle
des générations précédentes. Nous nous rencontrons dans les bars
et les concerts : on se connait tous. Nous avons tous travaillé
ensemble à un moment ou un autre. Nantes a toujours été
un puit créatif avec beaucoup d'artistes. Si les médias s'intéressent
à la scène nantaise c'est surêment que quelques artistes sortent
du lot. Il est difficile de savoir pourquoi on s'intéresse à Nantes.
Cet intérêt vient-il de la pauvreté des autres villes ?
Avez vous
eu des difficultés à vous faire signer venant de province?
20Syl : Le but premier n'est pas de nous faire signer. D'abord,
nous voulons faire de la musique de qualité en exploitant les possibilités.
Si nous nous faisons signer et vivre de notre musique, c'est déjà
une grande chance. Enormément de très bons musiciens ne vivent pas
de leur musique.
Matthieu : Sur tous les groupes que nous avons cités précédemment,
plus de la moitié d'entre eux ne sont pas signés.
20Syl : La plupart du temps, les artistes travaillent en
indépendant.
Matthieu : C'est une scène underground, qui reste locale
comme partout en France. Il en était de même pour Rennes. Au moment
de la création des Transmusicales, Rennes était très intéressante.
Avec beaucoup de relativité Etienne Daho, Pascal Obispo viennent
de là (rires). A présent, moins de choses s'y passent à cause des
restrictions de la préfette. Lorsque je suis arrivé à Nantes il
y a douze ans, tout le monde trouvait que Rennes était une ville
géniale musicalement. On pouvait jouer dans pleins de cafés et faire
des boeufs tard dans la nuit... Maintenant, peu de choses se passent
à Rennes. On a l'impression qu'à Nantes il se passe pleins de choses,
alors qu'il y passe autant de choses. Il y a de plus en plus de
petites scènes. Carhaix est un superbe moment aussi pour cela puisque
ce festival réunit un large public et de nombreux artistes de courants
différents. Et la Bretagne c'est beau ... (air rêveur)
Avez vous
quelque chose à rajouter ?
Hervé : On peut parler de Vannes aussi ! (rires)
Matthieu : On peut rajouter que faire le trajet Vannes /
Lourdes ce n'est pas facile : surtout en car ! (rires) Hervé
: Je crois que c'est le mot de la fin !
Interview
réalisée le vendredi 21 juillet 2006
Emmanuelle
Libert
http://www.myspace.com/hocuspocushiphop
http://www.hocuspocus.fr
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