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Biréli Lagrène et Sara Lazarus
Le 20 Décembre 2006 au New-morning

Biréli!

Il est rare de voir le New-morning aussi bondé qu'en ce soir de Décembre. Les fêtes de fin d'année pointent leur nez, mais on est ici pour célébrer autre chose: l'amour du swing, des standards, du beau jeu...c'est une grande fête du jazz!
La soirée est placée sous le signe de la bonne humeur, avec des musiciens visiblement ravis d'être ici et un public très chaud.

Le show démarre avec le gipsy project qui envoie un Donna Lee (Charlie Parker) endiablé. On sent que les musiciens se connaissent, ils jouent parfaitement ensemble. Biréli est bien présent, mais à aucun moment il ne se met trop en avant. On n'est pas ici pour assister à un festival démonstratif de la star.
Biréli nous montre à quel point il est solide en rythmique. Bien au fond du temps, il injecte un concentré de swing et de groove avant d'atteindre des sommets avec des chorus plus déroutants les uns que les autres.

Il est habité, il brûle en lui la flamme qui caractérise les plus grands. Il possède un sens de la construction qui caractérise les meilleurs improvisateurs. Ses chorus ne sont pas des suites de notes, mais un vrai discours mélodique, un langage à part entière. Chaque phrasé a un sens. Chaque pulsation est maîtrisée. Lagrène ne subit jamais ce qu'il joue, son jeu est empreint de détermination, il flotte au-dessus des grilles pour nous raconter quelque chose.
Son succès en tant que guitariste tient beaucoup dans la gestion de la dynamique de son jeu; il ne laisse pas de place aux temps morts, et sait doser sa virtuosité: jamais ennuyeux et jamais lourd...Il gère le temps comme personne, et tue toute linéarité.
Sa maîtrise des articulations lui permet des petits moments de folie, des explosions atonales qui ponctuent ses phrasées de façon surprenante, sans en enlever de substance.
Au passage, on peut signaler que sa technique ahurissante arrange bien les choses.

Derrière lui excele le reste du gypsy project, mention spéciale à André Ceccarelli, qui n'a pas son pareil avec les balais.

Une belle rencontre

La pétillante Sara Lazarus arrive après l'entracte. La chanteuse franco-américaine et Biréli Lagrène semblent liés d'une belle complicité. Ils sont tous les deux très à l'aise dans ce répertoire de grands classiques.

Lazarus entame son tour de chant avec une très belle version de "cheak to cheak" d'Irving Berlin, que n'aurait pas renié Fred Astaire!
C'est une belle rencontre que celle d'un immense virtuose et d'une diva sobre et malicieuse. Les deux musiciens occupent le devant de la scène, dans un jeu de question/réponse. Ils prennent un plaisir évident à défendre les morceaux de leur album It's alright with me (qui est un succès critique et commercial) sans égo, dans la simplicité.
Sara Lazarus est reconnue par ses pairs depuis longtemps puisqu'elle fut lauréate du concours Thélonious Monk en 1994; elle a néanmoins attendu l'année 2005 pour sortir son premier album Give me a simple life.
Ce concert au New-morning est important pour elle, être entourée par des musiciens aussi prestigieux apparaît comme une consécration, pour celle qui est en passe de devenir une voix incontournable du Jazz. La force de Sara Lazarus, c'est sa fraîcheur, qui donne à son swing une saveur spéciale.

La rencontre de ces deux personnages dégage une atmosphère très positive. Ils maîtrisent leur art sans jamais se perdre dans le bavardage, et proposent un jazz populaire et subtil, qui reste compatible avec le grand public.

Max Kerzan le 12/01/2007

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