Qu'a-t-elle
?
Dans la lignée
de Dominique A ou de Bertrand Cantat, Katel en impose
par sa capacité à donner une intensité à
ses chansons chargées en émotion. On reconnaît
son écriture nourrie par l'exigence des mots profonds sur
le monde qui l'entoure et ses milles influences. Rencontre avec
Katel au Printemps de Bourges.
LG : On a pu vous découvrir aux côtés de
Yann Tiersen. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur cette rencontre
?
Katel : Il y a un an et demi, on s'est rencontré avec
Yann Tiersen. J'étais programmée en première
partie de l'un de ses concerts. A la suite de cette première
partie, il m'a invité à l'accompagner sur d'autres
dates. Ensuite, j'ai fait partie de ses invités pour la Black
Session de France Inter. Selon le principe de l'émission,
il est venu jouer une partie de violon sur une de mes chansons «La
Vieille » et j'ai joué sur une des siennes. Il venait
tout juste d'écrire un titre «La Rade» qu'il
avait envie de joué avec moi. Un mois plus tard, on enregistrait
nos disques respectifs. Cette rencontre avec Yann m'a permis de
rencontrer l'équipe d'Olympic, qui s'est occupé de
moi par la suite. Cela m'a permis de faire mon premier EP (*) sur
le label Olympic Disk. NDLR
: « Raides à la ville »
LG : Votre
projet était-il abouti lorsque vous vous produisiez en première
partie ?
Katel
: Non justement. J'avais les titres, les arrangements mais il me
manquait le label pour les sortir. Sur toutes les premières
parties avec Yann, je n'avais toujours pas sorti de disque. On s'est
rencontré en novembre. Au mois de juillet, l'enregistrement
de mon disque était fini. Tout cela s'est fait rapidement.
LG
: Le texte vous vient-il avant la musique ?
Katel : J'ai passé beaucoup de temps à écrire
des textes avant de me mettre à la musique. Aujourd'hui,
pour lier vraiment l'écriture et la musique, les mots viennent
avec déjà une idée musicale et une idée
sonore. Les premières phrases que je garde dans une chanson
sont toujours celles qui sont venues avec le chant. Ensuite, je
déroule le travail.
LG : Qu'est
ce qui stimule votre envie d'écrire ?
Katel : C'est un désir de transformer. J'ai la sensation
que le monde est avant tout une matière qui, si je dois la
vivre sans la transformer, je risque de m'ennuyer un bout de temps
(rires). Je me sers alors de mes expériences, de mes lectures,
de mes écoutes, de mon quotidien pour en faire quelque chose
d'artistique. C'est une évidence depuis mon enfance : d'avoir
envie de ne pas recevoir des choses telles qu'elles sont mais de
les transformer.
LG : Vous
êtes tout de même une écorchée vive ...
Katel : J'ai toujours du mal avec cette étiquette
d'«écorchée vive». Je suis quelqu'un de
très heureux car cette activité de transformation
me rend heureuse. Même si à l'intérieur, certains
de mes textes peuvent paraître assez sombres, c'est rattrapé
par quelque chose d'énergique. Etre écorchée
pourquoi pas mais il faut en faire quelque chose.
LG : C'est
la beauté d'une chose sombre qui rend heureux...
Katel : A partir du moment où c'est juste et en rapport
avec ce que l'on est alors les chansons mélancoliques rendent
souvent heureux.
LG : Comment
parvenez-vous à cet effet organique dans vos chansons ?
Katel : J'espère toucher les gens. Produire quelque
chose de physique. Dans les arrangements, j'aime jouer avec les
harmoniques des cordes. Par exemple sur la guitare, je joue très
peu en barré. Je joue beaucoup avec les capodastres sur le
manche pour avoir toujours des cordes à vide pour qu'il y
ait toujours des harmoniques qui soient générées.
Cela donne une espèce de matière fantomatique musicale.
Je le fais aussi avec d'autres types instruments.
LG : Vos
goûts sont très éclectiques. Vous écoutez
aussi bien du jazz, de la chanson, du rock, du hip hop... Comment
parvenez-vous à cette cohérence dans votre univers
?
Katel : C'est vrai, j'écoute des musiques très
différentes. Du hip hop, j'en retire un souci de la rythmique,
de travailler le flot et le groove des mots. Même si c'est
à l'intérieur de la chanson, ces éléments
me viennent vraiment de mon écoute du hip hop. On retrouve
toujours parci parlà des choses de ce qu'on écoute.
Du folk, je retiens une façon de faire tourner la musique.
Avec la musique classique, il y a une idée de ritournelle
par rapport à la musique baroque. C'est par touche. On a
cette tradition dans la chanson française de s'attarder davantage
sur l'écoute des textes. Du coup, on se retrouve très
vite dans la veine des chanteurs à textes. Tous les chanteurs
à textes comme Jean Louis Murat, Dominique A, Bertrand Cantat
sont avant tout des musiciens. Le travail sur le texte est avant
tout un travail musical. Le sens des mots se fond avec la façon
de les dire.
LG : Dominique
A est-il une de vos références ?
Katel : C'est une référence dans la mesure
où cet artiste a fait son chemin de manière singulière.
Il y a peut-être quelques rythmiques de guitares sur mes morceaux
qui peuvent faire penser à Dominique A. Mais « Carapace»,
« Quel animal vit... » et « Tigres en papier »
sont vraiment loin de l'univers de Dominique A. C'est plus dans
la démarche que je suis proche de lui.
LG
: On peut vous découvrir soit seule en scène soit
en groupe. Pourquoi ce choix de deux ambiances différentes
?
Katel : Pendant un an et demi je tournais seule en scène.
Avant, je tournais avec d'autres musiciens. J'aime faire des aller-retours
entre les différentes formes de concerts. Je n'ai pas envie
d'avoir une seule manière de présenter ma musique.
Le côté solo me permet à chaque fois de me recentrer
sur l'essence de ma musique. Ensuite, j'ai aussi partagé.
La musicalité des autres rentre dans ma musique. La musique
reste un plaisir très physique qui se partage en groupe aussi.
LG : Votre
guitare semble bien curieuse ...
Katel : La guitare est normale.(rires) C'est une simple guitare
de droitier, je suis gauchère. Comme je n'ai pas inversé
les cordes, j'ai les cordes graves en bas et les aigus en haut.
C'est simplement le fait d'être gauchère et d'avoir
été entourée de guitares de droitiers.
LG : Que
pensez-vous de cette émergence des femmes en musique ?
Katel : Les femmes se laissent de plus en plus la possibilité
de s'exprimer. Finalement, les femmes n'ont jamais été
interdites de faire de la musique. Même nous en tant que femmes,
on a souvent ce réflexe. Si une fille joue bien de la guitare,
on se dit : « Elle joue bien ... pour une femme ! »
Même les femmes ont ce réflèxe d'étonnement
en voyant une fille maîtriser un instrument, ou quelque chose
à dire ou une expression qui s'affirme. On a des vieux poids
sur la tête à s'enlever nous-même avant de toujours
accuser les hommes. Espérons que cette montée des
femmes touchera tous les domaines. (rires)
Propos receuillis par Emmanuelle
Libert le 19 05 2007
www.k-a-t-e-l.net
www.olympicdisk.fr
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