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Loïc
LANTOINE & François PIERRON
Des
textes à la profondeur et à la force inextinguibles
mêlés à une contrebasse tantôt volupteuse
tantôt obsédante, Loïc Lantoine et son double
indissociable François Pierron poursuivent leurs étincelles
dans le ciel de la chanson...
Est-ce
que vous pourriez vous définir musicalement? Loïc Lantoine
: Difficilement. On s'est toujours dit qu'on faisait de
la chanson. Cela a démarré sur des textes et des histoires
avec François à la contrebasse. De fil en aiguille, notre
histoire a évolué pour arriver à une forme plus particulière,
sans calculs. C'est vraiment le résultat d'une rencontre humaine.
En
ce moment on vous colle même cette étiquette de « slammeur
». Qu'en pensez-vous ?
François
Pierron : Si on se colle une étiquette nous même, on s'empêche
de passer par plein de choses. Loïc ne dit pas les textes,
il les chante. C'est du chant libre. Pour avoir fait depuis
longtemps le spectacle avec Loïc, j'ai toujours ressenti qu'on
était deux musiciens sur scène. Il écrit beaucoup en pensant
à la musicalité.
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Pourtant,
vous avez bien voulu faire dans une certaine voie...
L.L : On a pas voulu faire mais on s'est laissé faire. C'est
pour cela qu'on est arrivé là. C'est une gigantesque erreur, un
malentendu dont nous sommes très fiers. Nous avons commencé avec
les moyens du bord. On ne s'est jamais dit qu'on aimerait ressembler
à un artiste. Heureusement, sinon cela aurait été une catastrophe
annoncée. On s'est juste demandé ce qu'on pouvait faire avec ce
qu'on est. On a jamais eu de plans de carrière. Depuis peu de temps,
on peut commencer à réflechir à moyen terme. On a démarré avec François
juste pour une date et l'aventure dure depuis huit ans. Au début,
on a beaucoup joué dans des bistrots en concert accoustique. J'ai
commencé à comprendre le fonctionnement de la rythmique, la musique...
C'est en apprennant et en découvrant que nous avons pu nous permettre
plein de choses.
F.P. : Pour ma part, mes copains me disent souvent qu'il
serait temps que je me fasse plus confiance (rires). Je n'en reviens
pas du joli trajet que l'on a fait. J'ai appris beaucoup de choses
avec Loïc et vice et versa.
Comment faites
vous lorsqu'un de vous veut partir dans une direction et pas l'autre
?
L.L. : On a pas de voies.
F.P. : Je pars dans la voie que je veux. De toute façon,
Loïc est d'accord. Le seul point où l'on est pas d'accord, c'est
de s'endormir ou de s'encroûter.
L.L. : Avec le temps, on arrive dans un certain confort.
C'est quelque chose qui nous fait peur. On essaye de garder de la
fragilité notamment en jouant avec des zouaves comme Alex Nectaou
à l'accordéon !
(Alex Letao s'approche)
F.P. : Alex : « la fragilité du spectacle!» (éclats de rires
général )
L.L.: Il n'est d'ailleurs pas venu jouer sur le disque !
F.P.: Parce que les Têtes raides avaient déjà fait un album
qui s'appelait « Fragile » ! (rires)
Comment parvenez-vous à transposer l'univers intense de la scène
sur le disque?
L.L. : On ne cherche pas à transposer . On a fabriqué autre
chose. C'est une autre façon de travailler, que l'on a découvert
au moment de l'enregistrement du premier album ( « Badaboum ). On
essaye de recréer d'autres ambiances, sans recréer ce qui se passe
sur scène, car c'est impossible.
F.P. : On commence déjà à rajouter de nouvelles chansons.
On essaye déjà de bouger. L'album est un moment à part de création.
Autant pour le premier album, on a eu plaisir à sortir de cette
phase de création, que celui-là m'a donné envie d'en faire un suivant.
En studio, il faut qu'on fasse de nouvelles chansons sinon on se
fait engueuler (rires) L'album est un moyen de faire faire de nouvelles
chansons aux chanteurs.(rires) C'est très agréable ensuite. J'adore
le studio. Loïc a plus de mal avec le studio comme ce n'est pas
la même énergie qu'à la scène. Il n'y a pas ce partage avec le public.
Là, on essaye de s'imaginer, de se projeter.
L.L. : Si j'ai plus de mal, c'est sûrement parce que je ne
suis pas instrumentiste. Je reproduis, j'essaye de retrouver l'émotion
lorsqu'il joue. Ensuite, mon champ d'exploration est plus limité
vu que je n'ai que six tons. Cette période fait progresser en allant
dans le détail, de comprendre le fonctionnement rythmique par exemple.
On vous a découvert en duo. Pourquoi votre duo s'est-il agrandi
?
L.L. : Peut être que des gens seront nostalgiques du duo. Mais
c'était génial d'enregistrer avec d'autres musiciens. Au final,
on est quatre sur scène. Ce sont des potes avec qui on joue depuis
longtemps. Il n'y a eu aucune rupture. C'est une évolution naturelle.
F.P. : Finallement, on l'a toujours un peu fait. Lorsqu'un
de nos copains était dans le coin, il venait jouer un morceau avec
nous. Sauf qu'il n'était pas payé. A un moment cela fait plaisir
qu'on fasse le spectacle ensemble. On essaye de fonctionner en électron
libre. Ce qui m'importe c'est le geste que chacun trouve de lui
même par rapport à ce qu'on fait. A aucun moment, on impose.
Y a t-il une part d'improvisation sur scène ?
F.P. : Impro sans velléités. L'impro est un mot batard. Si c'est
dans le sens de « liberté », alors là oui. Seuls les textes sont
figés.
Alex Nectaou : L'épine dorsale c'est Loïc et François. Ensuite
les musiciens se greffent...
F.P. : L'impro est surtout le geste que sur une grille où il
faut exposer le thème pour ensuite improviser dessus. C'est sur
le geste, la manière sonore, sur l'envie de raconter le texte à
sa manière. C'est vraiment une rencontre de gestes, de la sculpture
de bras...
L.L. : L'impro de textes m'impressionne. Notre copain Dgiz
fait de l'impro de textes à merveille. Je suis incapable de sortir
un texte en impro sur une musique. Il improvise à la vitesse de
la lumière, il n'arrête jamais de pratiquer.
F.P.
: On est à un drôle d'endroit : dans la chanson tout en revendiquant
beaucoup de libertés. Ce qui reste toujours mieux que quelque chose
de complètement improvisé ou scénique. Nous ne voulons pas être
unique à chaque fois mais faire un peu différemment.
Vous parvenez à surprendre en mêlant « La Berceuse » et « Melody »
ce qui est rare chez les artistes français...
F.P. : Tout dépend de ce qu'on écoute. On pense à Néry
et aux Têtes Raides bien sûr. Pour nous, il y a pleins d'artistes
qui aiment faire de petites berceuses et des morceaux rock sur un
même disque.
La jeune artiste, Mademoiselle K, nous a confié lors d'une interview
qu'elle aimerait faire une reprise d'une de tes chansons. Qu'en
penses-tu ?
L.L: Cela fait plaisir que des gens s'intéressent au bazar.
C'est assez marrant de voir des gens s'emparer des textes. On se
dit toujours qu'on propose des choses ensuite le public fabrique
son histoire. La reprise permet de ressentir la manière dont ton
texte a été perçu ou imaginé dans leurs têtes. C'est très agréable.
J'espère qu'elle le fera !
On sent toujours une pointe d'accent du nord dans vos chansons
?
L.L. : Cet accent n'est pas un défaut l'accent du nord ! (rires)
C'est drôle parce qu'on ne fait jamais cette remarque à un chanteur
du sud ! Comme disent Marcel et son Orchestre : « il paraît
que notre accent est vulgaire ! ».
Emmanuelle
Libert le 24/12/2006
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