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PLASTISCINES
Interview
le 6 février 2007
Les quatres filles de Plastiscines n'ont pas encore passé
le cap de la vingtaine et livre un premier album " LP1"
à l'énergie rock plus qu'efficace. Elles laissent
leurs guitares et leurs amplis le temps d'une interview. Rencontre
avec Katty, chanteuse et guitariste, Marine la guitariste
et Louise la bassiste.
D'où
vous vient ce nom "Plastiscines" ?
Katty : Cela vient d'une chanson des Beatles dans laquelle
il y a le mot "plastiscine". Il me semble que c'est
dans "Lucy in the Sky with Diamonds ". Ensuite on
a gardé ce nom car il y a cette idée qu'on n'est
pas des filles modelables ! Cette idée de plastique
féminine comme nous sommes quatre filles.
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Quelles sont
vos influences ?
Katty : On aime beaucoup les Ramones, Blondie, les
Slits et aussi des groupes plus récents comme les
White Stripes, les Strokes ou Kings of Leon.
En fait, on écoute beaucoup de musique différentes.
J'écoute beaucoup Nancy Sinatra pour parler de genre
différent.
Louise : Pour ma part, j'écoute beaucoup de pop anglaise
ou américaine comme Elliot Smith,
Grandaddy, Bright Eyes...
Marine : Nous sommes ouvertes même si on ne se dirige
pas trop vers le rap ou le jazz. Le rock regroupe pleins de courants
différents.
N'est-ce pas trop difficile de faire du rock lorsqu'on est une fille
?
Katty : Finallement, on n'a jamais eu problème par
rapport au fait d'être quatre filles. C'est peut être
ce qui nous a facilité la tâche. Les gens avaient envie
de nous voir parce que nous sommes des filles.
Louise : Un groupe de quatre filles attire la curiosité.
Marine : Être des filles donnent envie de voir ce que
cela donne . C'est une sorte de première approche. Ensuite,
c'est à nous d'assurer musicalement pour conquérir
le public.
La batterie par exemple est un instrument plutôt masculin.
Dans l'inconscient collectif, on se représente un batteur
comme une montagne de muscles. Alors qu'en est il lorsqu'on est
une batteuse ?
Katty : C'est vrai qu'en ce qui concerne la batterie ce n'est
pas évident pour les filles. Souvent, les batteuses qu'on
a pu connaître avaient un jeu assez simple à la Meg
White ( White Stripes ). C'est une nouvelle lignée des
batteuses qui est en train de se créer...
Louise : La batterie est un instrument très physique.
C'est déjà assez physique de faire des concerts de
trente à quarante minutes. A la fin, on voit nos limites.
Katty : Cela ne fait que deux ans que nous jouons sur scène.
Peut être que nous n'avons pas suffisamment l'entraînement.
Louise : De toute manière, la tournée nous
apprendra à jouer tous les soirs et de plus en plus longtemps.
Donc on va forcément tenir le coup.
L'enchainement entre vos débuts et cet album n'est il pas
trop rapide ?
Louise : Nous sommes passées par toutes les étapes
c'est-à-dire les concerts dans de toutes petites salles,
les premières parties, rencontrer notre manager, enregistrer
l'album... La seule différence c'est que nous les avons faites
en accéléré.
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On
sent dans votre album une rancoeur contre les garçons
?
Katty : C'est une période de nos vies de dix sept
à dix neuf ans où l'on commence à sortir
avec des garçons et à découvrir pleins
de choses. Forcément nos textes traitent des garçons
et du mal qui nous font (rires). Lorsque je dis "Looser",
il ne faut pas le prendre au premier degré.
Marine : Notre album est porté sur les relations
hommes et femmes. Même s'il n'y a pas que cela dans nos
chansons, on en parle parce qu'on le vit quotidiennement. Souvent
dans nos chansons on décrit notre environnement. On peut
parler des concerts comme de nos histoires d'amour. Il existe
énormement de chansons sur des histoires d'amour. Pas
seulement dans le rock d'ailleurs. Retrospectivement, c'est
vrai qu'on a pas eu des histoires super joyeuses.
Katty : En général, on est énervée.
C'est une manière de dire ce qu'on n'a pas réussi.
La musique permet d'évacuer des sentiments enfouis qu'on
aurait gardé plus longtemps. Là, les sentiments
sortent et on en fait même un disque.
Louise : C'est une sorte de cartharsis. Dans le rock,
il y a toujours des histoires sur des filles. Etant des filles
on écrit sur les garçons. C'est une sorte de réponse
à ce qui n'y a pas pu avoir avant ! |
Vos chansons
sont en français ou en anglais. Comment se fait le choix
de la langue ?
Katty : Initialement, on écrivait qu'en anglais vu
que nos influences sont anglosaxonnes. Cela paraissait assez naturel
de composer en anglais. Au fur et à mesure, on s'est rendue
compte qu'on pouvait faire du rock en français sans perdre
l'énergie qu'on avait en anglais, sans forcément être
niais ou ridicule dans les paroles en français.
Marine : On avait envie que les gens puissent comprendre
nos paroles. De toute façon, on chante moins bien que les
Anglais. C'est vrai qu'il est important de chanter dans notre langue.
Avant, on craignait d'être ridicule avec des textes en français.
Maintenant, on arrive à faire les deux langues sans renier
ni l'un ni l'autre.
Katty : Comme les Français sont très critiques
sur les textes dans leur langue, on craignait de mal écrire.
L'anglais est beaucoup plus mélodieux que le français
pour le rock.
Quels sont les artistes français que vous aimez ?
Katty : On aime bien France Gall, Jacques Dutronc
et toute cette péroiode yéyé. Cela a pu être
une influence qu'on a eu avec des refrains qui sonnent et qui restent
dans la tête...
Louise : On aime le yéyé mais ce n'est pas
pour autant qu'on aime Sheila.(rires) Il y a le yéyé
classe et les autres... (rires)
Marine : A part les groupes de nos potes comme les Shades,
on écoute peu d'artistes français. La France n'est
pas vraiment le pays du rock'n roll. C'est une histoire de culture.
C'est justement pour cela que l'on a toujours été
attiré par la culture anglaise. On essaye d'apporter quelque
chose de différent et de nouveau au niveau du rock français.
C'est vrai
qu'en France le rock est une discipline masculine ?
Katty : Il y a eu les Calamités. Seuls les
connaissseurs se souviennent puisqu'on en a pas trop entendu parler.
Quel est
le public des Plastiscines ? Il est donc bien jeune ?
Katty : En fait, il y a un peu de tout : des plus jeunes jusqu'à
l'âge de nos parents, qui y retrouvent leur jeunesse en nous
écoutant. Ils retrouvent la même énergie.
Il y a une
fraîcheur énergique dans vos morceaux...
Louise : C'est notre côté candide qu'on essaye
de garder. On veut garder une petite touche de fraîcheur.
Marine : Même si nos morceaux sont assez énergiques,
on a tout de même des mélodies, des refrains et des
choeurs.
On trouve sur votre disque le morceau curieux à mi chemin
entre un délire de studio et une pause instrumentale "Pop
in pop out ". Cela vous est venu comment ?
Katty : C'était une intro qui introduisait nos concerts.
Comme on aimait bien le petit riff que Marine joue à la guitare
on l'a mis sur l'album. Mais on avait rien d'accrocheur pour le
mettre.
Louise : On a cherché les mots que l'on pouvait mettre
dessus. Un jour, Marine et Katty étaient au resto chinois
et parlaient de leurs projets de la soirée. Elles ont dit
: " On va au Pop'
in ", un bar dans le XIème arrondissement. C'est
cela qui a donné " Pop in pop out ".
Katty : (rires) C'est un bar qu'on aime beaucoup. On n'y
a jamais joué mais on y va souvent. Ce morceau est une dédicace
au Pop In (rires)
N'est ce pas plus facile de se faire connaître lorsqu'on vient
de Paris ou des proches banlieues ?
Katty : Vu qu'on allait voir des concerts dans Paris, on a rencontré
beaucoup de gens là bas. C'est comme cela qu'on a rencontré
les Brats,
les Naast...
C'est d'ailleurs grâce aux Brats qu'on a fait notre premier
concert.
Marine : Au début, quand on commencait à jouer,
il était difficile de trouver des endroits pour se produire.
Il y avait un endroit le bar Trois, qui faisait jouer vraiment dans
une cave n'importe qui. C'était très accessible puisqu'on
avait pas besoin d'être super bon, pas besoin de maquettes.
Ensuite, d'autres lieux s'y sont mis. Le Gibus
a été réouvert, le Triptyque
et même la Flèche
d'Or. Maintenant lorsque tu arrives à Paris c'est facile
de jouer car tu as pleins d'endroits. C'est plus facile qu'en province
car il n'y a pas autant de lieux pour jouer. Mais au tout début
ce n'était pas aussi évident de jouer.
C'est sûrement
parce que le rock est à la mode...
Marine : C'est vrai que cela facilite pour se faire connaître.
Tout le monde s'intéresse à un groupe de rock. Même
chez H&M c'est rock'n roll.
Katty : Nous n'avons pas l'impression de s'habiller rock.
Au lycée, lorsqu'on portait des jeans slims 501, les gens
se fouttaient de nous. Aujourd'hui c'est à la mode.
Louise : Même le concert des Libertines à
l'Elysée Montmartre n'était pas complet ! Aujourd'hui
tout le monde parle de Pete Doherty.
En parlant
de concert, quel a été votre meilleur souvenir de
concert ?
Katty :
Iggy Pop. C'est une légende donc cela impressionne
d'entrée.
Marine : Le concert des Strokes nous a donné
envie de faire de la scène comme eux. C'est à partir
de ce concert qu'on a eu la révélation.
Katty : On aime les groupes qui bougent sur scène.
Même si on aime beaucoup les Strokes, sur scène ils
ne bougent pas. Les strokes c'est plus une attitude qu'un spectacle.
Louise : Les concerts de Eels sont supers. D'un concert
à l'autre cela n'a rien à voir. Je l'ai vu trois fois
et c'était trois concerts totalement différents. Ils
ont un concept différent pour chaque tournée . Pour
leur dernier passage à Paris, ils étaient habillés
en combinaisons noires et avec des barbes à la ZZ Top. Sur
la tournée précédente, il y avait des cordes
et des percus et une autre fois encore , ils étaient dans
une formation basique rock. C'est intéressant de transformer
chaque chanson en fonction de la tournée.
Marine : On aime les groupes fous sur scène. Tu as
l'impression qu'ils ont une case en moins (rires)
Et comment gèrez vous la scène ?
Louise : Parfois, on est stréssée et parfois
pas du tout. Mais ce stress ne dépend pas de la salle.
Marine : La scène c'est ce qu'on préfère.
C'est ce contact avec le public. Katty, qui est plutôt timide
dans la vie se lâche complètement sur scène.
Tu as l'impression d'exister, d'être quelqu'un d'autre. ..
On arrive pas encore à trouver les mots pour exprimer ce
qu'on ressent sur scène. On aime l'idée que cela aille
dans l'énergie sur scène et rapidement. On essaye
toujours d'être énergique pour que le public ne s'ennuye
pas. Même s'il n'y a pas beaucoup de moyens, on envoie sur
scène.
N 'est-ce pas trop difficilede faire de la scène lorsqu'on
est aussi jeune comme vous?
Marine
:
C'est pour cela qu'on a cette étiquette de " bébés
rockeurs ".Cela étonne de faire de la musique si jeune.
En Angleterre, c'est très commun. Il y a même des écoles
dans lesquelles on apprend à faire du rock. Les Anglais sont
trop bons : c'est insupportable. Ils ont le rock dans le sang !
(rires) C'est peut être une chance pour nous qu'il n'y ait
pas cela en France. Du coup, on s'intéresse à nous.
Si cela avait été fréquent on aurait pas eu
un buzz sur nous. Ailleurs, faire de la musique si jeune, c'est
plus commun !
Emmanuelle
Libert
le
14/02/2007
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