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Nous
sommes le 14 Janvier 2008, un Lundi, j'attends à l'extérieur
de La Boule Noire; alors que la foule arrive lentement
mais, sûrement, que le black balèze à l'entrée
et sa mine genre "Kesstatâ ?", ouvrent les
portes.
C'est que j'ai hâte d'y être dedans d'autant qu'il bruine
dehors. Naan ça c'est l'excuse à deux balles, j'ai
hâte d'y être parce que les Deserty, si vous
avez lu ma chronique, vous savez que je les aime.
Je me suis posé tellement de questions avant ce concert,
pas les bonnes bien sûr, elles étaient plutôt
du genre "comment va chanter Bertrand" ou encore
"comment va être le son ? le jeu d'Amaury
?" toutes ces questions, tournaient en rond dans mon crâne
de piaf.
Et alors ? Au moins c'est honnête. Avoir peur d'assister à
un concert merdique lorsque l'on adore un disque à ce point...Qu'en
plus c'est de Pop / Rock qu'il s'agit, combien de fois j'ai été
déçu de n'avoir pas entendu un groupe avoir un son
digne de sa musique, tiens si il y en a parmi vous qui tout comme
moi étaient allés voir Oasis au Zénith
de Paris, ils devraient comprendre ces craintes.
J'en étais là de mes considérations lorsque
les portes se sont ouvertes, cette salle est géniale, petite
mais pas trop, scène abordable avec un pit pour les photographes,
je croise Bertrand et Amaury, ils sont
cools les mecs genre ils ne sont pas au courant que ce sont eux
qui jouent...
Les lumières s'éteignent, la foule s'approche de la
scène et, Benjamin (batteur), Amaury (guitare),
Bertrand (chant et guitare) et, Gaëtan (basse)
montent sur scène puis, une déflagration nous éclate
dans la tronche, le temps de comprendre... de comprendre quoi déjà
?
Le Bertrand que je croisais quelques minutes avant
vient de se transformer en Marsupilami, il fait des bonds
en balançant ses accords et riffs avec une précision
infernale. je regarde du côté de Gaëtan
pas de doute, le vrombissement de réacteur vient bien de
son côté, mitaine sur la main droite, le regard posé
sur son manche, il tient la moitié de la rythmique sans broncher.
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Le
public va le charrier sur cette mitaine mais le Gaëtan
restera imperturbable, concentré sur sa basse il va assurer
comme une bête tout au long du show.
Sur le disque, Amaury et Bertrand sont
au premier plan par la force des choses mais là, tout change,
ils sont sur scène et l'évidence selon laquelle jamais
ils ne pourraient donner tout ce qu'ils offrent sans l'assise de
Gaëtan et Benjamin est...évidente.
Une autre surprise de taille apparaît dès le premier
titre: Bertrand non content de chanter joue, de la guitare
en écho avec celle d'Amaury.
Ce mec est étonnant, de simplicité et de maîtrise
putain comment peut-il chanter aussi bien et ne pas se planter en
plus ? Tuant.
Ma dernière crainte va disparaître dès le second
titre, le son est au top. Comme dans tous les concerts il va bouger
un peu de temps à autre mais, dans l'ensemble il est monstrueux.
Un seul album à leur actif alors les mecs y vont à
fond,les 12 titres vont y passer après avoir subit une métamorphose
si naturelle que l'on s'y fait sans broncher.
De Pop / Rock les titres passent à Rock, tout court.
Naturel, cela l'est dès la seconde où, Amaury
se met à sauter dans tous les sens en plaquant le premier
d'une longue série d'accords. Rock Gaëtan et
sa basse qui nous assènerons tout au long des riffs de basse
plombée, le jeu de Benjamin est indestructible pourtant,
et c'est rare, il n'est du genre "Drum Killer",
frappe sèche jeu de cuivres impeccable, grand classe le Ben,
Rock Bertrand l'est à l'état naturel, je pense
que la totalité des mecs qui étaient venus avec leur
copine l'ont instantanément détesté.
Il chante bien, joue bien, en plus, tous ont immédiatement
su que ce soir, le groupe cartonne, ils sont à fond, donnent
tout sans retenue ni faux semblants. Les photographes présents
ne lâchent plus Bertrand et Gaëtan d'un
côté et Amaury et Benjamin de l'autre,
il faut voir ces mecs avec leur barda monter sur scène capturer
le regard de l'un, le jeu de l'autre. Un vrai ballet en mouvement.
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Et
le public dans tout ça ?
Conquis, en un mot comme en cent, dès le troisième
titre le public se met à reprendre en cur, à
chanter sans que le groupe n'ait rien à demander.
Partout
où je regardais dans la salle, j'y ai vu la même expression:
la banane des grands jours. Les filles dansaient, les mecs aussi,
il y aura bien eu un ou deux tocards pour se la jouer mais, lorsque
des mecs sont montés sur scène pour se jeter dans
le public, l'esprit était sacrément bon.
La Boule Noire était blindée ce soir là, pour
un jeune groupe dont la promo ne ressemble pas encore à une
machine de guerre, c'est rassurant mais au delà totalement
jouissif.
Je pourrais vous dire que j'ai hâte de les voir dans des salles
plus grandes mais, ce serait vous raconter des conneries parce que
ce je veux de façon totalement égoïste, c'est
de les revoir dans des salles à dimension humaine, des salles
où le sourire de Benjamin raide décalqué
derrière ses fûts en fin de concert me claquera à
la tronche, où je verrais encore Amaury s'avancer
jusqu'à poser ses pieds sur un truc genre flight case posé
devant la scène et où je verrais Bertrand et
Gaëtan regarder la foule sans comprendre tout ce que
leur renvoient ces gens à leur pieds.
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Bon,
il fallait bien que cela arrive alors, le concert s'est fini, ils
sont partis du coup toute la salle s'est mise à faire un
bordel pas possible, je ne vois pas comment définir autrement
ce boucan et...
Bertrand est revenu, tout seul, il a empoigné une
gratte et nous a chanté une reprise d'un type qu'il semble
aimer et, dont on se fout complètement vu qu'il aurait pu
nous chanter la Tarentelle que le public serait resté scotché
quand même.
Le groupe est revenu ensuite pour une finale en fanfare, deux titres
à fond, le regard de Benjamin en disait long sur tout
ce qu'il a mis dans ce concert, son sourire derrière les
toms, son regard un peu paumé.
Un denier regard, des derniers sourires et, ils sont partis, fini.
Ces mecs étant ce qu'ils sont, il y avait foule dans leur
loge, ils ont pris le temps d'échanger des mots avec tout
le monde, avec gentillesse.
Ils m'ont dit avoir aimé ma chronique, cool, c'est pour cela
que je l'avais écrite, pour avoir la chance de leur exprimer
avec des mots ce que d'autres se contenteront de penser: je vous
aime les mecs, vous et votre musique.
A
bientôt sur la route.
Ricardo
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