Née
en 1974, Alanis Morissette a connu le succès en 1995 avec
l'album Jagged little pill vendu à près de
30 millions d'exemplaires. Certains considèrent à
tort cet album comme son premier album alors qu'elle avait déjà
réalisé trois
albums lorsqu'elle vivait encore au Canada.
Mais c'est avec Jagged little pill
que sa carrière explosa littéralement la
propulsant comme l'une des plus grandes artistes féminines
de sa génération. Ce qui caractérise cette
chanteuse, c'est tout d'abord, bien sûr, sa voix aussi pure
qu'elle peut être éraillée et aussi douce que
criarde. Ses paroles ensuite, font de cette artiste une personne
dont la pudeur est un mot qu'elle ne doit pas connaître. Ecriture
brute de forme, sans concession, c'est tout simplement ses tripes
qu'elle nous balance aux oreilles. Si elle a un compte a réglé,
c'est au travers des textes de ses chansons qu'elle le fait. Dieu
et Amours déchues sont des sujets récurents chez Alanis.
Dix
ans après Jagged little pill, Alanis M. sort une version
acoustique de cet album avec l'aide de Glen Ballard, le producteur
de ses débuts. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que
pleuvent les critiques. En effet, beaucoup pensent que cet album
anniversaire n'a rien d'original et que le succès de la permière
version va seulement permettre à l'artiste de réaliser
une bonne affaire commerciale.
Allons un peu plus loin que ce genre de critiques "à
deux balles" !
En tant qu'auditeur, il ne vous est jamais arrivé d'espérer
trouver dans les bacs une version réactualisée et
réarrangée des albums mythiques de vos artistes
préférés ? Retrouver l'artiste 10 ou 20 ans
après la sortie d'un de ses meilleurs albums, enfermé
à nouveau en studio pour réenregistrer des chansons
phares de sa carrière avec tous les changements inhérents
au temps : maturité artistique, recul, nuances dans les interprétations
et nouveaux arrangements exprimés en concerts etc...
Pour ma part, j'ai déjà espéré cela
pour certains albums. Il est évident que s'il s'agit d'un
vieux has-been sur la fin du déclin et qu'il essaye, à
travers une telle entreprise, de redorer son blason, cela a peu
d'intérêt et l'argument commercial doublé d'une
bonne mégalo crève les yeux. Ce n'est pas le cas d'Alanis
M., bien sûr, puisque même si le succès n'est
plus ce qu'il était, elle reste encore sur les rails d'une
carrière qui ne cesse d'évoluer.
Rares sont les artistes qui osent une telle performance et c'est
regrettable car l'exemple présent est totalement réussi.
On aurait pu craindre un simple remake acoustique. Erreur, c'est
un album tout à fait différent, de part l'originalité
de certains arrangements, la performance des musiciens et particulièrement,
des deux guitaristes, très, très présents dans
cet album. Mais c'est aussi la voix d'Alanis M., toujours aussi
belle mais plus posée, mieux maitrisée, moins criarde
mais toujours aussi intense. On peut juste regretter l'absence des
secondes voix si magnifiques dans l'album original. Il est clair
que cet album très personnel et particulièrement intense
dans les compos et l'interprétation reste unique et irremplacable
dans sa version originale de 1995. Alors que donne ce nouvel opus
?
C'est tout simplement une pure merveille ! l'album débute
avec un "All I really want" aux soronités
orientales et une superbe rythmique acoustique. Dans la version
originale Alanis finit en montant d'une octave avec une voix totalement
déchirée. Dans cette nouvelle version, elle nous offre
une voix plus veloutée, sensuelle et se permet une modulation
à vous faire frissonner.
"You Oughta Know", chanson totalement impudique n'en reste
pas moins un bijou dans l'interprétation. Dans la version
de 95, la basse domine l'ambiance sonore des guitares électriques.
La version acoustique commence par un riff arpégé
à la folk et se déroule dans la même ambiance
que l'originale mais en plus soft. "Hand in my pocket"
débute aussi par un arpège. Cette douceur acoustique
associé à un tempo plus lent fait de cette version
une chanson très calme. Beaucoup d'orchestration dans cet
album, des violons qui viennent souvent remplacer
la rage des guitares électriques. Le piano vient aussi souvent
se substituer aux guitares de la première version comme sur
"Mary jane", "Ironic" et dans "Head over
feet" mais vite rejoint par de magnifiques guitares. D'ailleurs,
je tiens à souligner le magnifique travail de David Levita
et Jason Orme aux guitares. La voix d'Alanis est, sur cet
album, à son apogée. Il n'y a rien dans cette version
2005 que l'on pourrait reprocher à l'artiste, si ce n'est,
comme je l'ai déjà indiqué, l'absence des secondes
voix.
C'est donc tout simplement une belle réussite qui par rapport
à la première version apporte plus de douceur, de
calme et une production irréprochable ! Pour les plus fans,
je vous invite à découvrir (ci-contre) le DVD "StoryTellers"
où l'auteur nous raconte, avant l'interprétation de
chaque chanson, l'histoire de chacune d'entre elles. Vous connaissez,
plus ou moins, les paroles de ses chansons ? Je ne vous en dit pas
plus, vous allez être servis !!
Ah, j'oubliais quelque chose qui n'a pas changé durant ces
10 années qui séparent les deux versions de Jagged
Little Pill, Alanis M. est toujours aussi craquante, belle et sensuelle
!
Musiciens :
David Levita : Guitares
Jason Orme : Guitares
Cedric Lemoyne : Bass
Blair Sinta : Drums
Zac Rae : Claviers
Jacques Carbonneaux
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