Pas
de guitare, mais juste un piano, une voix, quelques accessoires et
l'envie de faire découvrir ce DVD paru en 2005.
Pour
cette captation réalisée au Théâtre
de la Bastille à Paris, Nicolas Martel et Cyrus
Hordé "donnent à entendre des boléros
et des tangos, chansons traditionnelles d'Amérique latine".
Ils ont choisi d'interpréter des morceaux de trois grands
poètes latins : l'un mexicain, Agustin Lara, et les
deux autres cubains, Miguel Angel Ruiz et Bola de Nieve
- Boule de neige en français.
Ce projet a vu le jour en 2004 lorsque Nicolas Martel, membre du
groupe Las Ondas Marteles avec son frère Sébastien
et Sarah Murcia, propose d'interpréter des boléros
et autres morceaux traditionnels lors des Nuits Secrètes
de Maubeuge. C'est son amour pour la musique d'Amérique latine
qui lui donne l'envie de chanter ces morceaux sous la forme d'un
vrai récital piano-voix acoustique. Reste à trouver
un pianiste... Cyrus Hordé semble être l'homme
de la situation. Les deux artistes se sont rencontrés lors
d'un spectacle de Jean-Michel Rabeux, dans lequel Nicolas jouait
la comédie et Cyrus composait la musique. Formé par
Giovanna Marini à Rome, puis au Centre International de Musique
de Paris, cet auteur, compositeur et interprète semble avoir
la faculté d'adaptation nécéssaire à
ce projet.
C'est
ainsi que le Boléros Récital prend forme. Les morceaux
choisis par le duo parlent essentiellement d'amour et requièrent
quelques notions d'espagnol : "Te quiero" signifie
je t'aime, "Te adoro" je t'adore
et "Te odio" je te déteste. Ils sont
des poèmes de deux grands compositeurs latins, Agustin Lara
et Bola de Nieve. A ceux-ci s'ajoute un texte d'un poète
cubain méconnu, Miguel Angel Ruiz, déjà repris
par le trio Las Ondas Marteles.
Les trois expressions d'amour vues ci-dessus composent des textes
graves et chargés émotionnellement, que le duo interprète
tantôt légèrement, tantôt gravement. Ainsi,
les talents de comédien de Nicolas Martel, issu du Conservatoire
National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, sont mis au
service d'une interprétation sincère, faisant passer
le public du rire aux larmes - et ce n'est pas qu'une expression...
Dans un décor sobre et une émotion palpable, les doigts
de Cyrus s'envolent avec aisance et légèreté
sur son clavier pour accompagner la voix grave et sensuelle de Nicolas.
Avec une maîtrise parfaite de l'espagnol, celui-ci chante
des amours déchirées : "Yo no sé si
te odiaba o te quiera/El olvido triompho sobre recuerdo"
- Je ne me souviens plus si je t'ai detestée ou si
je t'ai aimée/L'oubli a triomphé sur le souvenir.
Le duo enchaîne les boléros sans oublier la tradition
qui est celle pour un homme d'offrir une fleur, ni celle, moins
connue, pour un homme de recevoir une fleur...
Au fil du concert, le ton devient plus grave et l'interprétation
plus profonde..."Me preguntas si te quiero/No sabria que
contestar/Sole se que nada espero/E me muero de tanto soñar"
- Tu me demandes si je t'aime, je ne saurais que répondre,
je sais seulement que je n'espère rien et que je meurs de
tant rêver - ... "Tos labios perfuman mi ser/Te
quiero como nadie quiero" - Tes lèvres parfument
tout mon être, je t'aime comme je n'ai jamais aimé
personne...
En bref, il
s'agit de chansons pas forcément drôles, mais les choses
se compliquent avec Pensa mi - Pense à moi.
Le concert s'achève avec un texte de Miguel Angel Ruiz, Te
quiero conocer : "Quiero fundirme contigo/Penetrar tu
corazon" - Je veux me fondre en toi, pénétrer
ton coeur - ... "Estoy sufriendo" - Je souffre encore...
C'est avec grand plaisir que j'ai eu la chance d'assister à
l'un de ces Boléros Récitals en juin dernier lors
des Trans 2006, au Théâtre du Chaudron à
Vincennes, organisées par Jean-Michel Rabeux, l'homme qui
permit la rencontre des deux artistes. Je peux donc témoigner
que cette captation vidéo est bien fidèle à
la réalité, empreinte de sincérité et
d'émotion. Une différence cependant, ce soir-là,
à Vincennes, Nicolas était chaussé de superbes
escarpins rouges !
Mon seul regret concernant ce récital est qu'un disque regroupant
ces boléros n'ait pas encore vu le jour, il serait le bienvenu
!
Diffusion/distribution : L'Harmattan
diffusion
Production : Les
Films d'un Jour
Date de publication : 2005
Durée : 57 min
Marie-Victoire - le 24/08/2006
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