Après deux albums dans un registre chill out intéressant mais confortable, Simon Green, aka Bonobo s'était risqué le temps d'un E.P live, dans une luxuriance jazzy jouée pleine d'un entrain gorgé de groove cuivré. Bonne pioche, les territoires explorés se sont depuis enrichis de ce qui devait enfin habiter ces morceaux : la soul. Tout un bon gros paquet trouvé chez Bajka, cette voix à la Alice Russell, comme du grain sur du velours, qui vient ronronner sur "night lif"e ou "day to come". Un deuxième CD composé de démos et d'instrumentaux permet de mesurer la façon dont elle s'est incrustée dans les morceaux, pas en parasite mais en présence indispensable (Nightliffe, Walk in the sky). Bajka sera le grand pas en avant de Bonobo, qui trouve là un moyen inespéré de confronter sa musique à la voix, au refrain, à la chanson, et qui s'installe en père peinard sur les terres du Quantic soul orchestra ou de Shadow. Autre invité, Fink qui vient en voisin de label poser son chant tranquille sur "If you stay over", petite perle pop au final en double fond, sur un tapis de cordes, de vraies cordes. Car l'autre grande qualité de cet album, c'est ce recours à l'acoustique dans la plupart des sons : un batteur, des parties basse, contrebasse, guitare et flûte jouées live puis malaxées, des violons et des mandolines auxquels viennent en douceur se greffer les machines. Pour l'instant cantonné sur ce disque lumineux, c'est ce groupe dont il tient la basse qui l'accompagnera sur scène et pourrait devenir une machine un peu mélancolique mais au groove incroyable. Dans ses morceaux instrumentaux, "Days to come" se charge en émotions autant qu'en sonorités variées pour approcher les ambiances du Cinematic Orchestra et savourer pleinement son accès à la maturité.

Stephane Andrieu le 25/09/2006

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