Soixante
ans déjà et Bowie échappe miraculeusement
aux ravages du temps (à l'instar de son personnage des Prédateurs)
en s'offrant une nouvelle cure de jouvence -musicale s'entend .
Ce cinquième volume de la collection obsessionnelle de reprises
décalées de Béatrice Ardisson est entièrement
consacré au " thin white duke " et prouve que la
jeune génération porte encore un regard admiratif
sur la vieille garde dont les standards ont probablement bercé
les oreilles et fait mûrir les vocations. Il est vrai que
l'uvre de Bowie provoque régulièrement des soubresauts
chez les musiciens qui arrangent, contournent,interprètent,
enjolivent, dynamitent ou sabotent son répertoire : on se
souvient ainsi de la relecture d'une rare violence de Ziggy stardust
par Bauhaus, du pied de nez de Seu Jorge sur un album
acoustique invitant le même Ziggy à la plage, de l'orchestration
fascinante de Philipp Glass pour la période berlinoise
et de l'hommage de Trent Reznor à Scary Monster, pour
ne citer que ces quelques exemples. Pas de grosses surprises dans
le choix des titres de cette compilation, qui évite la dernière
décennie et l'aventure Tin Machine pour mieux piocher dans
les classiques, à l'exception notoire de l'obscur "
this is not America ". Comme dans les précédents
volumes de la série -mania, c'est le choix des artistes qui
suscite l'intérêt en propulsant aux côtés
de noms familiers (Emilie Simon, Arno, Tiersen) une volée
de jeunes pousses qui cinglent comme du bois vert (Ask the dust,
Medi and the medicine show
) et prennent un plaisir évident
à se tailler un costume dans les habits bowiens. Si chacun
y apporte sa touche personnelle, évitant ainsi la désagréable
impression de karaoké, on relèvera les lectures particulièrement
originales de " Ashes to ashes " et de " China girl
", la quasi tom waitsienne " All the dudes ", et
le cabotinage d'Arno et Beverly Jo scott pour un bootleg
sauvage croisant " The Jean genie " et " la fille
du Père Noël ", rendant ainsi à Bowie ce
qui était à Dutronc et vice versa. Au final, ce disque
ravira autant les connaisseurs de Bowie que les fans de la série,
mais n'enlève rien au fait que celui qui détourne
le mieux ses standards, c'est
Bowie lui-même.
www.davidbowie.com
www.naive.fr
Stephane
Andrieu le 17/04/2007
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