Impossible
d'échapper en ce moment à Cirkus, sorte de
super groupe trip hop, comprenant dans ses rangs outre Neneh
Cherry, plutôt rare ces derniers temps, si l'on excepte
quelques featurings toujours bienvenus, le producteur Burt Ford,
rampe de lancement de Massive Attack, Tricky et Portishead
.
Cirkus reste néanmoins une énigme, sa simple présence
dans la scène musicale actuelle suscitant de nombreuses interrogations
dont la principale est " qu'est ce qui pousse aujourd'hui un
groupe, quel qu'il soit, à sortir un album de trip hop ???
" Si l'on suit le cours de l'histoire, les revivals n'interviennent
en générale que 20 ans après l'explosion d'un
style ou d'un artiste, ce qui peut expliquer qu'on ait parfois l'impression
de revenir en 1986 en écoutant la radio, et qu'on pleure
toujours un peu en écoutant Balavoine, par exemple.
La thèse du revival trip hop est donc un peu prématurée,
il faudra attendre 2011 - 2015. Pas complètement has been,
ce courant musical est néanmoins végétatif,
ses deux ténors, Massive Attack et Portishead n'étant
pour le premier que l'ombre de lui même, le second en préparation
de son troisième album depuis près de dix ans, soit
une éternité.
Arrive sur ces entre faits Cirkus, qui se place sans surprise en
héritier de ses prédécesseurs, reprenant les
recettes qui ont fait ce style, basses profondes, nappes synthétiques,
beats électroniques. Rien de très nouveau dans ce
son, parfois même quelques passages obligés dispensables,
comme l'utilisation systématique d'une boîte à
rythme qui rajoute dans le synthétique de manière
un peu inutile, alors qu'un batteur, même samplé aurait
apporté un peu de sensualité et de chaleur (sur scène,
John tonks, batteur de Tricky vient humaniser le tout). Hormis
ces quelques détails, l'album s'apprécie comme un
vieux porto qu'on connaîtrait trop bien, chaque écoute
recelant son lot de surprises et révélant des détails
jusque là invisibles. On s'attachera aux quelques notes de
ce piano crépusculaire sur fools, à une boucle de
guitare ici ou là (fuc all the doh), de nombreux éléments
acoustiques qui viennet bousculer l'ordre des morceaux, dénotant
un travail de fond sur les compositions et les arrangement, particulièrement
sensible sur les voix. Car ce qui fait la force de Cirkus est cette
alchimie vocale (3 voix, sans ordre d'importance, tout à
tour lead ou chur) où l'on se sait plus bien qui chante
quoi, la voix androgyne de Burt Ford évoquant parfois franchement
Horace Andy pour le meilleur (love can), venant compléter
et se mêler avec celle plus acide de Neneh cherry ou de Lolita
Moon. A cette écoute, on ne peut que constater que loin d'être
mort, le trip hop (ou ses avatars) garde de beaux jours devant lui.
Le revival peut attendre.
Stephane
Andrieu le 25/09/2006
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