Il
y a des gens qui seraient bien avisés de faire leurs poubelles
plus souvent : telle pourrait être la leçon à
tirer de l'écoute de ce disque sorti précisément
des rebuts. L'histoire ressemble à mille autres entendues
sur le collectionneur éclairé et chanceux, qui dans
un vide grenier déniche l'exemplaire rare, l'enregistrement
inédit, voire les bandes complètes de l'album perdu
de (rayer les mentions inutiles) Bob Dylan, le Velvet underground
ou Jimi Hendrix. A la fin des années 60, les frères
Dragon, surfeurs nourris aux envolées de Wilson et des Doors
profitent d'un de leurs amis ingénieur du son aux studios
Sunwest Recordings d'Hollywood pour enregistrer la nuit ce qu'ils
pensent être leur chef d'uvre psychédélique.
Ces sessions baptisées BFI pour Blue Forces Intelligence,
pont jeté entre le rock, le jazz et la soul ne trouveront
pas d'écho dans les majors de l'époque faute de hit
potentiel, et ne sortiront jamais. Les frères Dragon tourneront
un temps comme backing band des Beach Boys et finiront par se ranger
dans leurs vies respectives. C'est un de leurs titres figurant sur
la B.O d'un film privé qui éveillera l'attention du
mix addict DJ Food, toujours à la recherche d'enregistrements
oubliés et brumeux. Retrouvant la trace de Dennis dragon,
il remet la main sur les précieux masters et convainc Ninja
tune de sortir le disque, quelque 37 ans après son enregistrement.
Sans surprise, BFI s'inscrit dans l'univers west coast psychédélique,
quelque part entre les Beach boys et Love, laissant la part belle
aux claviers, aux parties de voix planantes et à la légèreté
acidulée. Pleine de la naïveté touchante et non
feinte de l'époque, il ne s'agit probablement pas du chef
d'uvre espéré, mais une de ces pépites
inattendue qui réjouira les amateurs compulsifs du Summer
of Love, des flangers sur la batterie (cf. Sweet Smoke) et des basses
ronflantes. Moralité : ne jetez rien
.
http://myspace.com/thedragonsbfi
Stephane
Andrieu le 18/07/2007
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