Il reste
un contentieux Pink Floyd, une plaie ouverte. Waters d'un
côté, la face sombre, le méchant de la paire
manichéenne, Gilmour de l'autre, celui qui a fait tomber
Bardot. L'image semblait constructive d'un groupe et donnait alors
la tension et l'énergie nécessaire pour accoucher
d'albums devenus fondamentaux : les frères ennemis. Ennemis
et unis. L'éclatement du Floyd et les carrières solo
qui s'en suivent depuis laissent ce goût d'inachevé,
ni Gilmour ni Waters ne s'étant complètement détaché
de l'héritage chèrement revendiqué : chacun
reprend plus ou moins les mêmes titres. Sans l'autre. Et entretient
tant bien que mal la légende, laissant espérer une
hypothétique reformation. Enregistré au Royal Albert
Hall pendant la tournée 2006 consécutive à
la sortie de " on an island ", ce live ne peut que souligner
cet état de fait : hormis les fans de Gilmour version solo,
le public vient entendre le Floyd et revivre la légende ou
tenter de l'apercevoir pour le moins. Et chacun sera servi plus
que de raison. Le DVD (double) est copieux et bien garni. On ouvre
sur le Floyd (Speak to me, Breathe, Time) avant de jouer en intégralité
" Island ", puis de retourner au Floyd, toutes périodes
confondues. Et de retrouver la magie, intacte. Et de jouer la surprise,
celle d'Echoes et toutes ses minutes, Wish you were here, l'hommage
émouvant à la comète Barrett, avant d'inviter
David Bowie pour un final composé d'Arnold Layne et ses dessous
volés et Comfortably Numb. Pour compléter ce voyage
en amnésie, le deuxième DVD apporte son lot de souvenirs,
avec ses versions d'Astronomy domine, Globe, Dominoes, enregistrées
à l' Albert Hall ou ailleurs, et qui démontrent qu'on
n'a définitivement pas tourné la page, ni de Barrett,
ni de Waters, ni de Pink Floyd
Reste ce bel objet, Gilmour,
son jeu de guitare ciselé et une voix qui ne s'étiole
pas avec le fil des années.
www.davidgilmour.com
Stephane
Andrieu le 28/11/2007
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