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Gunter
Herbig, ce nom pourrait évoquer un parcours remarquable
pour certains d'entre vous, hors, bien que ce disque soit réalisé
par un musicien d'exception, levons le voile sur l'instant: il existe
un quasi homonyme célèbre qui n'a aucun lien avec
le musicien dont je vais chroniquer le disque ci après.
Le Günther Herbig quasi homonyme donc, de celui
ci est un chef d'orchestre allemand né en République
Tchèque en 1931. Il aura eu pour compagnon d'études
un certain Herbert Von Karajan.
Ce Gunter est un guitariste né au Brésil
ayant grandi au Portugal et, en Allemagne, il est venu à
la guitare classique à l'âge de 20 ans, ses études
l'ont amené à obtenir un diplôme de maîtrise
de la musique au sein de l'université d'Auckland, nouvelle
Zélande.
Si vous me le permettez et en fait, même si vous ne me le
permettez pas, je pourrais dire que son parcours n'a rien de "classique"
eu égard aux musiciens pratiquant et jouant de la guitare...classique.
Justement, nous y voilà, si ce disque contient une interprétation
de mouvements classiques, Ciaconna extrait de La
Partita II BWV 1004 de Jean-Sébastien Bach et
les Douze études pour la guitare d'Heitor
Villa-Lobos célèbre compositeur brésilien,
il contient également une pièce moderne qui, de mon
point de vue est le cur de ce disque: Hauturu - Where
the Winds Rest de John Rimmer, cette pièce
est un véritable point de passage à l'équilibre
délicat entre les deux compositeurs reflétant la double
culture de Gunter: l'allemand Jean-Sébastien
Bach et, le brésilien Heitor Villa-Lobos.
Tout a commencé par un message que m'a envoyé Gunter
de la lointaine Nouvelle Zélande ou il vit depuis une vingtaine
d'années, après quelques échanges, j'ai reçu
cet album et là, alors que je pensais devoir faire un effort
important afin de pénétrer et comprendre ce disque,
j'ai été surpris par une évidence de taille:
Gunter Herbig possède une personnalité
si forte, une projection de celle ci dans son jeu si puissante que
l'interprétation des mouvements classiques cités ne
ressemblent en rien à ceux que j'avais entendus à
ce jour.
Je
respecte énormément les concertistes classiques, je
ne sais que trop bien la discipline et l'amour qu'il faut porter
à son instrument et, aux uvres interprétées
pour qu'à force de travail et de discipline, arriver à
les jouer.
Ce respect exerce cependant en moi un côté attraction
/ répulsion car, de façon quasi systématique,
l'interprétation est totalement dévouée à
la partition et, que de fait, si sentiments il y a, ils n'apparaissent
que trop rarement.
Par honnêteté, je dois admettre que ne connaissant
pas John Rimmer, j'ai commencé l'écoute
de ce disque par son Hauturu et là... Comment
vous décrire cela ? C'est une pièce de musique classique
contemporaine au sens harmonique du terme, les arrangements n'ont
rein de "classique" et puis surtout, il y a...Gunter.
Son jeu est incroyable, comment peut on faire passer autant de force
avec un instrument en bois à cordes nylon ? Bon sang c'est
incroyable ce qu'il en tire, ce morceau fait référence
aux vents, à ce qu'ils emportent sur leur passage, à
ce qu'il reste après eux et, Gunter parvient
à nous faire entendre ce vent.
La
façon qu'il a frotter ses cordes, de les marteler sans onglet
(cela s'entend croyez moi) ce morceau est d'une intensité
invraisemblable il dure plus de 11 minutes évoluant, s'étirant,
revenant comme un vent tourbillonnant. Fabuleux, totalement et extraordinairement
fabuleux.
La Partita qui ouvre ce disque est interprétée
sans faille mais, c'est le morceau le plus faible, je pense que
l'hommage à sa culture allemande lui a fait commettre un
excès de retenue dans son interprétation car, vient
le morceau de bravoure.
Les
Douze Etudes pour la guitare, là resurgit à nouveau
cette projection d'âme, cette force qui le fait jouer avec
une intensité hors du commun. C'est la première fois
que je ressens l'artiste de façon presque physique à
l'écoute de sa musique, en fermant les yeux je n'ai aucun
mal à l'imaginer sur scène le regard tendu, la tension
pointant sous sa forme, c'est...totalement déconcertant.
J'ai un regret en écrivant cette chronique: nous ne partagerons
que difficilement ce que je vous décris car son disque n'est
pas distribué en Europe.
Gunter m'a envoyée deux liens correspondant
à deux sites auprès desquels vous pourrez vous procurer
ce petit bijou et, il me fait part de son adresse mail personnelle.
Peut être ai-je finalement un second regret, ce disque à
mis très haut la barre des émotions ressenties et
je sais, qu'il me faudra longtemps avant de ressentir pareille choses
à nouveau.
Ricardo
Contacter
Gunter Herbig: herbig.g@ihug.co.nz
Acheter ce bijou: www.marbecks.co.nz/classical
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