Pastorius, " I'll be back
"
Cette allusion, peut être un peu facile liant l'actualité
cinématographique peu avenante de cette été
finissant (Terminator 3 : le retour
) et la sortie successive
depuis mai 2003 de deux nouvelles productions autour de ce grand
nom du Jazz qu'est JACO PASTORIUS, paraît cependant justifiée.
En effet, même si l'on est tenté
de se dire " et un de plus
.. ", cela semble mal
venu. Car Big World, éditeur du "PUNK JAZZ, THE JACO
PASTORIUS ANTHOLOGY " et Columbia, éditeur de l'édition
CD de " JACO PASTORIUS ", rendent un dernier hommage (pour
une fois soigné) à la hauteur du Monsieur.
Mais avant de développer sur
ces deux CD, revenons en quelques mots (cela est difficile tellement
la carrière de l'homme est incroyable) pour dire qui était
" Jaco ".
Jaco, John Francis III Pastorius, de
son vrai nom, est né le 1er décembre 1951 à
Norristown en Pennsylvanie (Etats Unis). Il découvre la Basse
électrique à l'âge de 15 ans après avoir
été batteur dans les " Sonics ". Pour les
" Las olas Bras ", il passe à la Basse en 1967.
Rapidement, il fait corps avec l'instrument et se veut un précurseur
de son usage.
Premier " Bass Hero " de
l'histoire, il sort l'instrument de la torpeur dans laquelle les
canons musicaux de l'époque l'avaient enfermé. Virtuose
de la " Fretless " (Basse électrique dont le manche
ne possède pas de frette, lui donnant une sonorité
proche de la Contrebasse et augmentant grandement ses possibilités
harmoniques), il se présente comme étant le plus grand
bassiste du monde .
C'est le discours qu'il tiendra à Joe Zawinul (du groupe
Weather Report ), qui ne tardera pas à se rendre compte que
ce " mégalo " de bassiste dit vrai. A 24 ans ,
il enregistre en trio chez ECM, avec Pat Metheny, un album époustouflant,
le " JACO PASTORIUS ", à présent réédité.
A 25 ans , il rejoint Weather Report et fera connaissance avec les
salles du monde entier. A 31 ans , il abandonne le groupe pour tourner
avec son big band " Word of Mouth Big Band ".
Dans le milieu des années 80,
il entame une période dépressive, qui se soldera par
sa perte et avec elle celle d'un des plus grands musiciens de ce
siècle comme beaucoup aimaient à le qualifier. En
effet, le 21 septembre 1987, après une bagarre stupide à
l'entrée d'un club, il s'éteint après un coma
de neuf jours .
S'il faut retenir quelques opus magnifiant
le talent de " Jaco ", citons " JACO PASTORIUS "
(1976) et "HEAVY WEATHER" de Weather Report (1977).
Parlons maintenant de ces deux nouvelles
productions éditées, ou rééditées
par Big World et Columbia.
Pour cette dernière major, on pourra hurler à qui
veut l'entendre : " enfin une maison de disque qui va plus
loin que le recopiage du vinyl original sur un CD ! ! ". Ainsi,
le premier album éponyme de Pastorius, monument phonographique
de 1976, nous est offert avec un son remasterisé, des notes
de pochettes signées Pat Metheny, des " secondes prises
" (" Used To Be A Cha-Cha ") et un inédit
(" 6/4 Jam "). De plus, porté par un casting de
rêve (H. Hancock, Pat Metheny, D. Sanborn, W. Shorter, etc.),
un Jaco survolté, on se laisse toujours autant charmer par
des morceaux comme le duo avec Don Alias (" Donna Lee ")
et son jeu harmonique sur " Portrait Of Tracy ".
De son côté, le double
CD " PUNK JAZZ ", édité chez Big World,
est censé résumer l'uvre de Jaco (deux CD, c'est
peu !). Il reprend pour l'essentiel des compositions de " WORLD
OF MOUTH ", édité en 1981 et considéré
comme un standard du Jazz Rock. Le bijou " JACO PASTORIUS "
n'est représenté que par un titre, tout comme son
passage remarqué au sein de " Weather Report ".
Pastorius est toujours bien accompagné (Paul Bley, Pat Metheny,
Mike Stern), à se demander qui accompagne qui d'ailleurs,
et ce double album donne un bon aperçu des capacités
de l'artiste, même si on peut déplorer la faible qualité
sonore de certains titres et la trop faible place donnée
à la période " Weather report ".
C'est au final, un CD pour ceux qui
veulent découvrir " le Maître " mais qui
n'apportera rien de bien nouveau aux fans, détenteurs de
la plupart des perles " vinyliques " de " Jaco ".
Le mot de la fin , je le laisse à
Jean-Pierre COMO, ex compagnon de route de Jaco.
"Jaco, c'est une étoile filante, un génie précoce
et foudroyant consumé par sa propre intensité : derrière
la force de son génie, la fragilité de l'homme, derrière
la virtuosité de l'instrumentiste, la profondeur du
musicien.".
Laurent LEBOUCQ
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