La vague canadienne n'en finit pas de déferler. Après le ténébreux
et aventureux label Constellation, la claque Arcade Fire ou Besnard
Lakes, les francophones Karkwa voient leur dernier album sortir
en France. Si les anglophones jouent plutôt dans un registre arty,
Karkwa signe un rock efficace et sincère et montre surtout qu'il
existe encore des voies inexplorées dans ce style sortant ainsi
leur épingle d'un jeu bien embrouillé, en même temps qu'ils lèvent
un lièvre de ce côté-là de l'Atlantique : on peut se démarquer de
Noir Désir, notre référence du rock français, ou plutôt du rock
en français. Noir Désir, copié, plagié, envié, mais jamais égalé,
le mètre étalon, la référence inaltérable. Sauf que, du côté canadien,
c'est une référence dont on peut s'affranchir et considérer avec
la distance nécessaire et de toute façon évidente. Karkwa a le bon
goût sur cet album de ne pas chanter comme Cantat tout en écrivant
des textes trempés dans la même encre, en se frottant à des guitares
tout aussi rêches. Et de donner un coup de frais salutaire à toute
une filiation en manque de repères. Des repères qui musicalement
se gorgent des influences américaines toutes proches, de groupes
comme Low ou Wilco, dans cette manière d'étirer les thèmes et de
traquer le climax partout où il peut se cacher, dans ces montées
de guitares, dans les claviers ou les cordes et les dissonances
que les groupes américains savent oser. Désormais incontournable
au Canada où il cumule reconnaissance publique et récompenses (dont
le prix Felix Leclerc), s'entourant d'invités bien sentis (Brigitte
Fontaine sur Red light), Karkwa pourrait ici incarner le futur rêvé
d'un rock… français.
- www.karkwa.com
- www.myspace.com/karkwa
Stéphane
Andrieu le
19/12/2007
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