"A
part". C'est sans doute un terme qui convient assez bien
à Matutina. Une musique comme celle jouée
par la troupe de Cédric Ridet, vous n'en N'avais
jamais entendue pareille avant. D'ailleurs, c'est ce qui frappe
l'esprit de prime abord. Comment de jeunes musiciens de Bourg
en Bresse peuvent-ils jouer une telle musique à la
fin des années 90 et au début du XXIème
siècle ?
C'est la question que l'on se pose assez vite, et finalement
on est heureux d'être tellement surpris par les deux
albums produits par le groupe.
Matutina trouve son origine
au début des années 90, lorsque Cédric
Ridet ne veut plus jouer de métal dans son groupe.
Il fonde Matutina Noctem (racines du " matin "
et de la " nuit "), qui va produire une démo
live en 1997. Ils sont signés sur le label Adipocere,
le premier CD sort fin 1997.
"Anima Mean" ne laisse pas indifférent.
Des chroniques apparaissent dans des fanzines et des sites
internet. On remarquera étrangement que le second album
sera moins chroniqué.
Cet album débute sur des
notes de flûte traversière. Suit la voix étrange
de Cédric. Les textes sont en français, latin,
anglais et occitan. Cédric ridet joue de la 12 cordes
et Raphaël Palmieri des guitares folk et classique. Les
guitares sont bien présentes dans les compositions
et le mix de ce premier album. Voix féminines sur "seeds
of sorrow", "Automne" et "transe lucide".
Les guitares sont presque espagnoles (Veni) et omniprésentes
dans les intros (Guerra, Automne). Les textes nous transportent
dans un romantisme dramatique.
Le groupe met en musique "
l'automne " de Baudelaire et parsème ses compositions
de djembe et tambourin.
Ce premier album est définitivement très acoustique;
tant dans l'utilisation des instruments que par la grande
présence et l'importance des voix.
Pour les guitares, Raphaël
joue principalement sur deux de ses guitares : une Nash electro-acoustique
et une Godin artisant que l'on devrait entendre sur le nouvel
album.
Ses influences vont de Dead can dance (influence des autres
membres du groupe également) aux VRP en passant par
le jazz et Tuck Andress.
En
2001, sortait "Ille Cedens", le second album
de groupe qui s'appelle maintenant, Matutina. Le groupe
aurait-il perdu sa nuit (noctem) ? Non, tout est fidèle.
J'ai cependant tenté d'imaginer
quelle a été la surprise de l'amateur, fan du
premier album, lorsqu'il a entendu l'ouverture du premier
titre de " ille cedens " par un synthé, puis
le saxophone plus loin.
Mais ce ne sont plutôt que des choses qui sautent à
l'oreille à la première écoute. Car l'esprit
des compositions n'a pas bougé d'un once.
C'est sombre, emplie de cette voix grave rappelant le chant
gothique, envoûtant grâce à des voix féminines
toujours bien présentes. Aurélie Potan a travaillé
sur des cassettes pour préparer son chant. Cécile
Raconi laisse sa flûte traversière en totale
liberté (Printemps).
Et ce saxophone, tenu par Julien
Rondal (pour ce disque) étonne et étonne encore
par ses sonorités.
Si les synthés plongent davantage que sur le premier
disque, l'auditeur dans un registre médiéval,
cela n'est pas pour déplaire, car les images de magie,
de nature, de forêts étranges viennent rapidement
à l'esprit. Les orchestrations sont riches (Que no
i a cors que no iai sentit)...
Et quel est notre plaisir d'entendre, interlude parmi les
échos de voix, un instrumentale de guitare folk médiéval,
(Interlude I), avec un Raphaël tout en inspiration..
et ce de manière symétrique (puisque les interludes
sont aux cinquième et dixième pistes du disque).
Des plages de guitare électrique
ont également fait leur apparition (E pois no trabarian
qui vos lor se tanguis). Le groupe, devenu simplement Matutina
pour ce second album a su arranger et briser les rythmes pour
mieux rebondir. Le saxophone est d'ailleurs une belle arme
d'harmonie (Adeust).
C'est un disque extrêmement
riche qui est proposé par le groupe puisque les morceaux
sont longs et très fournis. On regrettera que les textes
ne soient pas dans le livret alors qu'ils l'étaient
dans le premier CD.
Par contre, on appréciera que " Adipocere ",
le label de Vonnas (Ain), ait fait confiance au groupe en
leur permettant de nous offrir ce disque.
Maintenant, il nous reste à
attendre avec une certaine impatience, le troisième
album de Matutina. Bien sûr ce n'est pas pour demain
puisque "ille cedens " est sorti en 2001.
Mais l'on sait que le groupe est très motivé
par l'écriture de nouvelles compositions.
Bonne chance à cet ensemble
incroyable qui nous laisse étonnés par sa musique
tant elle nous guette et nous intrigue sans cesser de nous
surprendre à chaque note.
Le disque est en vente au Virgin
megastore de Paris.
Ou contactez : Apidocere@wanadoo.fr
Julien Chosalland
Merci à Jean Pol pour
la mise en relation avec Raphaël.
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