Il
en va de la musique comme de la science: il y a d'un côté
ceux qui cherchent et de l'autre ceux qui trouvent. Mr. Bongo,
label anglais défriche et moissonne des espaces qu'on croyait
vierges, ou qui jusqu'à présent étaient restés
encore méconnus, ou connus d'une seule poignée d'heureux
initiés. La dernière récolte s'apparente à
une révélation, une grande respiration, tant ces sons
paraissent nouveaux et frais à nos oreilles. Novalima,
c'est la rencontre de l'Afrique et du Pérou, posée
sur une électronique racée, qui jamais ne s'impose
gratuitement, mais laisse au contraire une grande place aux instruments
acoustiques, percussions en tête, cajon, congas et quijada.
On ne peut d'ailleurs que louer le travail de Toni Economides, co
producteur avisé de cet album qui a su garder l'identité
de ce collectif fortement ancré dans ses racines afro-péruviennes
et qui brasse large le spectre des musiques latino (samba, bossa,
son
). Formé en 2001, Novalima, dont c'est là
le deuxième album (sorti depuis près d'un an au Pérou),
reprend et arrange des morceaux traditionnels, parfois pluriséculaires,
qui laissent saillir les racines africaines de ces descendants d'esclaves.
On trouve ainsi dans ce très beau disque une sélection
de versions revisitées d'un siècle de ces chants ancestraux,
de ces standards que sont " chinchivi " ou " El mayoral
", et où s'invitent les voix des figures locales, Lucila
Campos ou Nicomedes Santa Cruz. On plonge irrésistiblement
dans un groove latin furieux et moderne qui invite la salsa à
se faire africaine, la samba à muter en trance. Mais on prend
surtout le pouls de Lima, où la plupart des morceaux ont
été enregistrés, et qui donne cette pulsation
brute et acoustique, soutenue de percussions bien vivantes, de lignes
de basse profondes, virant dub à l'occasion, et d'électronique.
Après Gotan Project qui avait ouvert la brêche
de l'electro latino, Novalima pourrait fort bien devenir un nouvel
Eldorado musical.
Stephane
Andrieu le 10/07/2006
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