Voilà
une musique qui intègre deux influences majeures liées
mais rarement reliées. La musique de Nuru Kane porte
clairement la marque de son Sénégal natal. La guitare
prend alors des airs de Kora avec ses rythmes et ses mélodies
caractéristiques. Par ailleurs l'influence de la musique Gnawa
telle qu'elle se pratique encore au sud du Maroc est très forte.
Or, historiquement, cette culture Gnawa est le fruit d'un
métissage entre une population noire "venue contre son
gré" de Guinée et du Soudan avec un monde Arabo-Berbère
qui était lui même un mélange entre les populations
berbères locales et les populations d'origine arabe qui occupaient
désormais ces territoires. La musique de Nuru Kane est
donc un mélange concentré africano-africain, d'une Afrique
vaste aux multiples cultures.
Comme, dans les années 70, j'écoutais déjà Nass
El Ghiwane ( célèbre groupe marocain dont la musique
est proche de la tradition Gnawa) , cet album a ranimé
en moi de vieux souvenirs, de bons souvenirs.
Ce disque propose aussi de lentes ballades surprenantes ou des mélodies
étonnantes. Cette impression est accentuée par l'apparition
d'un violon ou d'un accordéon... Et oui... en écoutant
plusieurs fois cela se confirme : il y a un je ne sais quoi d'anglais
dans certaines harmonies, et l'on peut y entendre après un
passage de transe dans la pure tradition Gnawa, une mélodie
qui fleure bon l'Irlande... j'avoue que c'est ce qui m'a le plus
surpris dans ce disque.
Enfin, ce album propose aussi du blues avec une bonne grosse grille
de trois accords à la guitare accompagnée par la basse
envoûtante du guimbri ( instrument à trois cordes
caractéristique de la musique Gnawa )... L'effet est
saisissant et la voix, qui rappelle parfois l'intonation d'un Dick
Annegarn, rend l'ensemble encore plus captivant.
C'est véritablement un très bon album que je peux écouter
en boucle sans lassitude.
Vous pourrez trouver cet album chez World
Music Network .On peut écouter des extraits sur leur site.
La distribution est assurée Harmonia
Mundi.
Hubert BAYET. le
06/06/2006
|