Un grand penchant pour la pop de qualité,
mélodique sans mièvrerie, parfois déjantée (des Beatles
à Ween),
un amour du folk US (Du Loner à Red House Painters),
une guitare (mais cet accessoire n'est pas indispensable), secouez
tout ça très doucement et vous allez un jour ou l'autre en sortir
la potion miracle qui mène aux
Pernice Brothers.
Joe Pernice et sa famille, de sang (Bob aussi
à la guitare) mais surtout de cœur (avec son alter ego à
la basse Thom Monahan) compositeur orfèvre et chanteur à
la voix fragile et touchante nous livre son dernier joyau 'The world
won't end' (ce que tout commun des mortels espère bien sur, à part
quelques dictateurs).
Pour ceux qui connaissent
les Pernice Brothers, pas vraiment de surprise par
rapport à l'excellent album précédent de 1998 'Overcome by Happiness'.
On est juste encore un cran au-dessus. Oui, c'est possible ! Ceci
juste pour dire sincèrement à tous ceux qui ignorent cette formation
qu'ils passent à côté d'un (deuxième) petit chef d'œuvre. Un album
grand écart entre Nick Drake et Brian Wilson,
le folk électrique des Byrds ou celui des joyeux écossais
du Teenage Fan Club, emmené par de nombreuses guitares,
fines voix et harmonies parfaites (tout le monde participe aux vocaux
dans ce groupe à part le batteur), mélodies entêtantes qui vous
chatouillent en plein milieu de vos nuits et vous rendent le réveil
un peu plus heureux. Mais aussi plus réfléchi et songeur. Car on
ressent , indéniablement, une brumeuse mélancolie, on palpe une
pointe de tristesse dans ces chansons. Il faut dire que coté texte,
Joe n'est pas vraiment ce qu'on appelle un joyeux luron. C'est un
chroniqueur amer de la vie, pas loin de Neil Young
ou Josh Haden de Spain,
avec une propension aux difficultés de couple et autres amours impossibles
'I don't believe in love, and i want to believe' ! Que lui dire
? Peut-être lui présenter Jean-Louis Murat !!
En fait, Joe nous livre
tous nos maux existentiels, universels en texte et le remède en
musique. Drapées d'arrangements sensibles de cordes et de claviers
les chansons décollent littéralement pour vous emmener au septième
ciel, sans billet de retour. Avec l'impossibilité et de toutes façons
l'inutilité de revenir d'un tel album. Même 'The Ballad of
Bjorn Borg' aux guitares trémolo à faire pâlir Sean
O'Hagan des High Llamas, ne nous fera (surtout
pas) redescendre sur terre voir la finale de Wimbledon. Et puis
quoi encore ! Trop terre à terre, trop creux, trop fric, ce genre
d'événement. Joe Pernice, lui, envoie la réalité matérielle dans
le décor en enveloppant les sentiments éternels dans l'une des pop
les plus raffinées qui soit.
Surtout prenez votre temps
à l'écoute de cet album (et du précédent). Le temps ne joue qu'en
faveur des plus belles choses, il bonifiera ces chansons comme les
plus grands vins.
Pour les petits curieux
qui iront faire un petit tour sur leur site http://www.pernicebrothers.com
jetez un coup d'œil à leur tournée U.S, et à leur première partie
: Les Posies (autres malheureux ignorés de la scène
pop U.S et au passage les plus grands fans d'XTC
de la planète) et un autre baladin intemporel : Jonathan
Richman lui-même.
Nous vous recommandons aussi http://pernice.sanadoire.com,
un homage à Joe Pernice et ses chansons.
Jean-Pol
jph@laguitare.com
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