Pop
Levi ressemble à Los Angeles, sa ville d'adoption : cosmopolite,
décomplexé, un rien flambeur, et donnant une impression
trompeuse de facilité, plein de charme et de paillettes,
glamour (son CV révèle qu'il aurait été
modèle pour coiffeurs). On avait pu croiser le chemin de
notre homme, pour ceux dont les oreilles sont restées grandes
ouvertes et chez les curieux en règle générale,
en tant que chef d'orchestre de supernumeri, groupe post rock (à
défaut d'étiquettes standards pour une musique qui
ne l'est pas) signé chez ninja tune et dont les 2 albums
ressemblent à une auberge espagnole : 10 musiciens au bas
mot, un line up en mutation permanente, qui prend un malin plaisir
à brouiller les pistes et semer la zizanie dans le rock en
y incorporant des instruments hors norme (harpe, cuivres et autres
ensembles de cordes). Un bazar foutraque propre à faire exploser
les genres en une joyeuse gerbe multicolore.
Pour son premier galop en solo, Pop Levi définit lui même
sa musique comme Prince making out with Dylan in Syd Barrett's
bedroom. Ce 5 titres fonctionne comme une parfaite machine à
remonter le temps bloquée 70's et invite sur les morceaux
les plus rock à un mariage incestueux entre T.Rex
et Led Zeppelin. Blue honey ne renie rien de ses glorieuses
influences, ne cache ni ses origines ni ses amours et séduit
sans forcer, trop content de brasser dans le même lieu ce
qui chez d'autres ressemble à une rubrique nécrophile
mise en musique. Pop Levi n'a pas cherché à retrouver
la table de mixage des Beatles, la guitare de Jimi
ou les acides de Barrett en espérant capter la magie
d'une époque, tout semble simple et couler de source : un
mélange étonnant de fraîcheur et choses déjà
entendues, une sorte de réminiscence. Si " blue honey
", qui ouvre ce E.P rappelle le Bolan de " 20th century
boy ", " Mournin'light " s'apparente à un
inédit de Led Zeppelin, coincé entre le III et le
IV (un III,5 inconnu donc), triturant " Celebration day "
et " four sticks ", jouant de tous les gimmicks pour créer
l'illusion : voix doublée, feulements, rythmique de bucherons,
ne manque que Page, et encore. Les trois autres morceaux
jouent sur des ambiances moins électriques bien que tout
autant chargées et rappellent que la côte ouest est
aussi le théâtre d'expérimentations psychédéliques,
des Seeds à Jane's addiction en passant par
Love : le son ample et chaleureux de la guitare folk nimbée
d'écho permettent à la voix de s'éloigner des
standards rocks pour simplement y prendre assise et se faire plus
soul et plus planante (" Skip ghetto " ou " crying
chic "), laissant ainsi la place à des sonorités
inédites, passages sifflés, claquements de mains
.
Ceux qui veulent se faire une idée plus précise de
cette petite perle de la rentrée peuvent ronger leur frein
jusqu'à la sortie de l'album, mixé par Thorn Monahan
(producteur de Devendra Banhart), ou se précipiter
écouter ces quelques titres sur www.myspace.com/poplevi.
Stephane
Andrieu le 01/09/2006
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