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Touché
en plein cur, cet organe essentiel qui nous fait ressentir
des choses rares et belles: les émotions, elles nous font
nous comporter de façon irrationnelle, changent notre vision
des choses, des gens qui nous entourent.
Pour cette chronique, je dépose les armes, aucun risque d'objectivité,
rien à cirer, du coup, je casse certains tics d'écriture
parce que, pour moi, ce disque est et restera, unique.
Roé est un espagnol né à Barcelone,
il a grandit en France, il est musicien depuis toujours, son parcours
est assez classique, les balloches puis, les studios avec à
la clef quelque belles rencontres.
Vient ce disque, pas le premier et j'espère, pas le dernier.
Ce disque dès la première écoute m'a transpercé
le cur et l'âme, il me ramène à mon enfance,
une partie de ma culture, au mec que je suis en fait.
L'émotion que contiennent ces 10 chansons est immense, intense,
palpable, débordante, elle vous prend et vous entoure comme
un être aimé qui vous susurre à l'oreille "dors
tranquille, je veille sur toi".
Roé donne beaucoup de lui même dans ce
disque, il se montre sans fard et, c'est une évidence, ce
mec est beau en dedans, dans son cur, dans sa tête,
les images qu'il nous montre sont gaies, belles, tristes, réalistes,
optimistes au delà de tous ces superlatifs, elles sont tellement
vraies.
Les textes parfois en espagnol, parfois en français et, pour
certaines, dans les deux langues. Tous les textes sont disponibles,
traduits sur son site. Roé porte en lui comme beaucoup
d'émigrés, une tendresse pour sa culture d'origine,
un amour profond pour celle de la France et entre les deux, son
cur balance.
La qualité des textes est bouleversante Veneno
(Venin) est une chanson sur un homme qui souffre d'une rupture et
trouve refuge dans la boisson, il en conscient de la déchéance
qui s'installe, de l'amour que lui portent ses amis et, de sa faiblesse
de son...humanité. Le tempo est lent, envoûtant, nous
descendons au sein d'une spirale dont nous connaissons la fatale
issue.
La Bandera del planeta (Le drapeau de la planète)
vient par contraste, prendre la relève, le texte est en français,
seul le refrain est en espagnol, chanson d'amour déclaré
aux hommes et femmes, message de paix enjoué, pas racoleur,
pas démonstratif juste une incitation à, pour un bref
moment, arrêter d'être cons.
Americano no soy (Je ne suis pas américain)
est ce qui touche le plus à cette double culture, intro à
la Johnny B. Good puis, rythme chaloupé, Roé
s'amuse à énoncer toutes les contradictions qui se
télescopent chez les Hispanos, mots en anglais dans le langage
courant, dénigrement en apparence, d'une partie de la culture
espagnole dont ils sont si fiers, le tout, avec douceur. Le regard
de Roé est emprunt d'amour, de douceur, de compréhension,
jamais rien de négatif. C'est beau.
L'amour est le fil conducteur de ce disque, il est décliné
de multiples façons, avec humour, sérieux, ironie
mais jamais avec méchanceté, on sent le vécu
de cet homme.
Demain j'arrête est un pied de nez plein d'humour
à cette société qui l'entoure, celle des filles
minces parce que être grosse aujourd'hui... Celle des mecs
au sourire impeccable, propres sur eux, celles des biens pensants
ayant lu ce qu'il faut lire et écouter...vous connaissez
la suite. Moi aussi j'arrête demain, promis.
Avec Absence Impure, on atteint le zénith de
ce disque, putain que ce titre est beau, il en est bouleversant.
Roé exprime tant de douleur celle provoquée
par l'absence d'un amour, il décrit si bien toutes ces choses
qui resteront inertes à tout jamais, toute cette grâce
qui jamais plus ne reviendra. Ce titre est immense, c'est pour moi,
la plus belle chanson d'amour qu'il m'ait été donné
d'entendre à ce jour.
Al Andalus vient apporter du soleil, ce titre ne peut,
je pense, être totalement compris que, par des Espagnols du
Sud. Dans l'histoire de l'Espagne, les Maures ont occupé
le territoire espagnol pendant environ 4 siècles amenant
avec eux, leur culture, leur érudition, leurs constructions,
leur départ se fit sans verser de sang, des négociateurs
nommés par les deux camps établirent les formalités
de départ.
Une partie de cette Espagne que j'aime est fière de cette
culture, cette chanson est un hommage, à ce peuple de Maures
à cette histoire et, à ce qu'ils nous ont à
tout jamais, légué comme héritage.
La eterna Discoteca (La discothèque éternelle)
est une chanson métaphorique sur l'insouciance affichée
d'une certaine jeunesse qui pour sortir d'un carcan parental, s'affiche
comme étant ultra libre alors qu'au fond, tous ce qu'elle,
ce que tous nous voulons au fond et ce, quel que soit
le chemin que nous empruntions, c'est trouver l'amour.
Trompetillo est un titre gai, enjoué, une invitation
à a fête las bas, en Camargue, au soleil avec de jolies
filles, de la musique, de la simplicité. Un pur bonheur.
Baile del amor (La danse de l'amour) chanson d'amour
absolue, pleine et entière, d'une douceur infinie, la rencontre
entre deux personnes, leur danse sous le regard bienveillant de
la Lune.
Avec tout ce qu'il exprime dans ce disque, il fallait que celui
ci se termine par une chanson forte, celle d'un homme qui regarde
la vie en face, Roé à choisi un texte magnifique
et poignant de Jacques Brel: Vivre debout.
Fini.
Je voulais une interview de Roé, qu'il me parle de
cet incroyable album. Il me l'a accordée, les réponses
qu'il apporte à mes questions lèvent tout les doutes
si tant est, qu'il en persistait.
Ricardo
*Je ne traduirais as cette phrase qui est un clin il à
tous ceux qui la comprendront sans être une exclusion pour
tous ceux, qui ne la comprendront pas.
Interview de Roé
Le site
de Roé: www.roemusic.net
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