En 1995,
Thurston Moore sortait Psychic heart, album solo qui ressemblait
grandement à une collection de chutes d'enregistrements de
Sonic Youth, venant combler leur magistral " Washing Machine
" et annonçant les multiples directions que le groupe
suivrait en sortant des maxis sur son propre label. On ne compte
plus depuis les albums, les maxis, les projets parallèles
révélateurs de l'incroyable boulimie créatrice
de ce groupe qui mène depuis plus de vingt cinq ans une carrière
aussi unique qu'exemplaire. 12 ans plus tard, " Trees outside
the academy " change de veine et s'aventure sur de nouveaux
territoires . L'album a beau s'ouvrir sur un larsen terrifiant et
bien connu des fans du groupe, la première surprise provient
de l'utilisation symptomatique de l'acoustique, guitare folk et
cordes, et s'ouvre sur le constat suivant : Thurston Moore est un
grand songwriter. Le faiseur de bruit terroriste du feed back déchirant
chez Sonic Youth révèle ici une facette apaisée,
construisant ses morceaux avec grâce et maîtrise, et
compose un folk urbain en les mettant à nu. Amateur d'accordages
en tout genre, Trees outside the academy n'échappe pas à
cette constante de l'open tuning élégant, laissant
sonner les longues notes sur lesquels Samara Lubelski brode des
contrepoints au violon. On pense parfois à dEUS dans cette
voix cassée, cette fausse naïveté (fri/end),ces
churs impeccables (Honest james, chanté à 2
voix), cette pop lo-fi belle et exigeante, cette correspondance
limpide entre les instruments. Epaulé par Steve Shelley (Sonic
Youth) et J Mascis (Dinosaur Jr), Thurston Moore échappe
fort heureusement au cliché du super groupe indie qu'on aurait
pu redouter en voyant la liste des invités et réalise
sans aucun doute ici le disque qu'il n'aurait pu faire avec Sonic
Youth, ce qui en soi paraît être la plus juste définition
d'un album solo.
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Stephane
Andrieu le 24/09/2007
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