Trois guitaristes et un percussionniste...
YAPA d'embrouille : ces quatre là s'entendent bien et
cela se sent immédiatement... YAPA d'migraine : c'est
du "world-easy-listening-pas-niais". La complexité
et les problèmes concernent les musiciens pas l'auditeur. On
se balade donc doucement à travers les histoires que racontent
leurs musiques, souvent heureusement surpris, jamais désorientés.
C'est plus qu'agréable... YAPA d'paroles bien que parfois quelques
mots s'échappent comme pour l'introduction de l'indien.
Pourtant ces musiques tournoyantes et changeantes pourraient bien
être autant de tubes interplanétaires. On nous livre là,
en quelque sorte, des arrangements de chansons... chansons que personne
ne chante, chansons dont les textes nous restent inconnus... A chacun
de (re)construire l'histoire avec, comme unique piste, le titre.
Les caractéristiques de la très bonne chanson sont là :
La mélodie est toujours nettement dessinée et expressive.
Les styles et couleurs utilisées ne subissent pas de limitation
de style ... il faut s'adapter au propos...
Mais quel propos ?
Voilà bien un trait singulier de YAPA... Cette musique s'avère
exceptionnellement narrative, poétique, vivante. Sans la moindre
"virtuosité visible", ces musiciens exploitent ave
talent les différents styles pour satisfaire une nécessité
masquée... Petite balade picking pour Valparaiso, sieste
sous un palmier quelque part au milieu d'un mer turquoise pour Elle
dort, message express venu du Bénin pour Télégramme
ou encore pop-rock-70 pour 444 qui s'achève sur un
solo de guitare saturée digne des guitar-heros d'antan...
Ce morceau qui clôture l'album illustre bien certaines particularités
de cette musique. D'un point de vue "technique", il y
a ces petites grilles diaboliques de quatre accords syncopés qui
pourraient tourner toute une nuit... du grand art. Et puis ... un
certain état d'esprit flotte... l'emprunt aux différents styles
sans a priori, l'importance de la mélodie et bien sûr... ce
goût manifeste pour les chansons qui racontent des histoires...
même lorsque personne ne les chante !
Décidément, la puissance évocatrice de cette musique
est extraordinaire.
Les trois guitares se mélangent bien, sans se gêner :
les timbres sont bien choisis et le mixage adapté... Les solos,
même lorsqu'ils deviennent rapides, sont extrêmement mélodiques...
Chacun peut fredonner. La partie guitare-rythmique est extraordinaire
de vivacité et de précision. Le percussionniste ajoute
avec finesse un groove mi-latino mi-africain... La prise de son
est parfaite...
Voilà un une auto-production de haute tenue... Franchement
cet album donne terriblement envie d'aller voir YAPA sur scène.
Les prochaines dates concernent Paris et sa région... et puis...
en novembre, YAPA embrasera Issoudun... Un évènement qui
risque de faire date...
En attendant, n'hésitez pas à visiter leur
site !
Hubert BAYET.
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