Et paf ! J'en étais sur. Le
soliste nous vrombit un la majeur, le batteur et le bassiste se
regardent et en avant l'artillerie lourde. Un gros boogie à
la ZZ top. J'embraye des la, do, ré sans conviction en regardant
les doigts en folie sur la strat du soliste. Tiens, je vais passer
le la en barré, histoire de changer. Bof ! Allez ! un la
en barré 12 ème case. Un peu aigu. Essayons en position
de ré. Houps ! j'ai passé un sol. Personne n'a entendu.
Hou la ! Si ! Punaise, le regard du batteur. Bon ! Ok ! je dévie
plus d'un pouce.
Au bout de 15 minutes à cette
allure, ça fatigue chez mes collègues. Notre guitar
hero a éclusé toutes les combinaisons de notes, et
le batteur est au bord de l'épuisement. Un dernier break
bien baveux et on exécute la fin sur un interminable boucan
de fin du monde.
C'est au moment, ou la cymbale s'arrête
net que j'en profite pour relancer le riff. Exprès. C'est
l'affolement dans la section rythmique. Mais malgré la surprise
et l'épuisement, et leurs regards de tueurs, ils me suivent,
because le public. Notre Clapton des familles à court d'idées
et surtout avec la corde si explosée me fait des signes de
panique pour que je prenne le solo. Ah ! Mais pas question ! Depuis
qu'ils m'ont viré des solos parce que j'essayais toujours
de passer des trucs style folkore irlando-breton sur les boogies,
je refuse toutes les propositions. Chacun ses problèmes,
mon bonhomme.
Bref ! Après 15 minutes de mur
du son supplémentaires, on est enfin sorti de scène
sauf le batteur évanoui sur la grosse caisse. Les 17 ampoules
aux doigts du bassiste sont disparues en moins de deux mois et le
soliste est passé au trombone à coulisse.
Quant à moi, depuis cette
mémorable soirée, je fais du picking tout seul dans
mon coin.
JPH - Thierry
Lamouche
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