Ce lundi matin, 21 avril 2002, j'ai
enfin pris les mesures radicales qui s'imposaient et que seule ma
naïveté envers mon prochain m'avait jusqu'à présent
refusée.
Tout d'abord, je suis allé refaire
toutes les cartes d'identité périmées de la
famille. J'en ai profité pour changer mon nom "D'hulst"
en "Von Hulst". On n'est jamais assez prudent. Et puis
ça sonne pas si mal après tout.
Ensuite, j'ai fait revalider les passeports
puis je suis parti faire quelques courses de première nécessité
: un fusil de chasse, une alarme pour la maison, du barbelé
pour refaire la clôture, un interphone, une matraque électrique,
un Doberman, ainsi qu'un petit pistolet à bille en fer en
vente chez tous les beaux camions de bricolage. Et ça tombait
bien, il y en avait un sur la place du marché.
Rassuré, je suis rentré
chez moi faire le ménage. J'ai fouillé partout pour
retrouver tous les Charlie Hebdo, Canard Enchaîné et
autres Libé. Cela faisait une sacrée pile. Heureusement,
mon barbecue de jardin est suffisamment grand. Tout a brûlé
en 5 minutes. J'ai quand même éparpillé les
cendres, au cas où.
De la bibliothèque, je n'ai
gardé que quelques livres essentiels comme "Mein Kampf"
et "Tintin au Congo".
Quant à ma collection de disques,
je l'ai tout d'abord triée par genre musical (jusqu'à
présent, l'ordre alphabétique me convenait très
bien, mais seuls les imbéciles ne changent pas d'avis). Une
fois classée ainsi, j'ai tout d'abord écarté
tout ce qui était "world music" (trop typé),
puis le rap et le reggae (trop engagé ou pacifiste), la pop,
le rock et le folk (trop anglo-saxon), le jazz (trop intello), le
blues et la soul (trop noir).
Enfin dans ce qui restait, essentiellement Français, j'ai
mis à part, ce qui était Français de souche
et Français d'ailleurs (S.Eicher, Arno) ou à consonance
douteuse (JJ Goldman par exemple), ainsi que certains artistes aux
textes trop subversif (Renaud, Miossec etc.) .
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Déjà, j'y voyais plus clair. Il me restait en tout
et pour tout 3 compiles sur mes 850 disques : un coffret de l'intégral
des "Danses Bretonnes", la compilation Universal de Michel
Sardou ainsi qu'un vieux 45t de Jo Dassin; pas "l'été
Indien", trop ambigu, mais "Aux Champs Elysées"
plus dans l'air du temps.
Du peu de disques classiques, seul
l'intégrale de Wagner (que je suis allé acheter chez
Pinault-Fnac) ainsi que quelques valses de Strauss (de chez Messier-Univers-Sale)
ont trouvé grâce à mes yeux.
Les étagères, tant encombrées auparavant, ressemblaient
désormais à une piste de ski vierge.
J'ai tout balancé dans la poubelle spéciale emballage
au joli couvercle jaune. Ca tombe bien, le ramassage se fait demain
matin. Plus vite les traces disparaîtront, mieux ce sera.
Zut ! J'allais oublier le grenier.
Punaise ! les Inrock depuis 1989, 5 ans de Magic, des Vieux Rock'n
Folk. J'ai tout passé au mixer. Du coup le moteur a cramé.
Dans la cuisine, j'ai vidé les
bouteilles de Rioja et autres Gran Corpas dans l'évier puis
j'ai pilé le verre après avoir passé les étiquettes
à l'acide sulfurique.
J'ai ensuite dégagé la
totalité de mon carnet d'adresses d'Outlook et nettoyé
l'historique d'Internet Explorer, effacé la mémoire
de notre téléphone, enlevé l'auto collant "Laguitare.com"
de ma Xantia, échangé mes T Shirt contre des chemises
brunes, mes jeans contre de superbes pantalons en tergal, et mes
3 guitares contre un magnifique Dulcimer.
Pour terminer la journée dans
la bonne humeur, j'ai fixé une plaque décorative sur
le devant de notre maison
"Douce France aux Français
Attention Chien Méchant"
PS: Heureusement, mon chat est de race "Européenne"
et pas "Siamois" ou "Persan". Sinon, on aurait
du le bouffer. Ouf !
JPH - Thierry
Lamouche
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