Il en est en musique comme en amour…il faut parfois du temps pour s'imposer et, plus rarement certes, il y a le " coup de foudre " ! Ma rencontre avec la musique des " Fils de Personne appartient à la seconde catégorie.

Si, du côté de Sarlat, vous voyez une affiche annonçant en concert les " Fils de Personne " (le groupe s'appelait au départ " Automne Blues " mais a finalement opté en 1999 pour reprendre le titre de leur premier album), courez-y, c'est tout bon ! D'abord, s'il s'agit pour moi d'une découverte, " Fils de Personne " ne date pas d'hier. Il n'est pas non plus totalement inconnu. En effet, créé en 1992, nos six musiciens ont quand même joué avec des pointures telles que Bill DERAIME, Charlélie COUTURE, Les Garçons Bouchers, Zebda et autres Hubert Félix THIEFAINE…ils ont même été consacrés " Nouveau Talent de la Chanson Française " en 2001 par le ministère de la jeunesse, excusez du peu ! Il en sont d'ailleurs à deux albums " studio " : Fils de Personne (disponible chez Bluesymind/Musea) et Phare qui est autoproduit.

Ils ne se prennent pas au sérieux, se définissent avant tout comme des amateurs mais sur scène, ils assurent en vrais pros ! Que dire de leur style ? Bien sûr, l'inspiration centrale est le Blues, servi en cela par la voix inimitable de Patrick RIGAL, qui est aussi un sublime guitariste dont les riffs sur sa Les Paul n'ont pas grand chose à envier à Personne (Paul…). Il est servi par une section rythmique de premier ordre (Eric ALLARD à la guitare, Fred GRATADOU à la basse et Yannick MATHE à la batterie) et un " clavier " assez exceptionnel, Laurent MARTEGOUTTE qui n'hésite pas à taquiner les frettes sur quelques titres.

Blues, donc, avec " Blues story", " Sentimental " mais aussi l'excellentissime " Ivresse " (mon préféré ! Ce titre pourrait faire un véritable carton…), quelques chansons plus poétiques, telle " Willy ", " Un P'tit rancard avec les anges ", " Ballade pour une guitare " ou " Je voudrai t'écrire ", et encore des chansons aux accents plus " virils ", dans le style " Noir Désir " dans " On va y laisser la peau ", "Eh Captain ", " Opium prolo ", " Regardez-moi ". Parfois, la guitare de Rigal se prend pour la guitare de Santana sur " Je voudrai t'écrire ".

De la bonne musique, des sujets actuels, tout ou presque tout est bon. Bien sur, il y a quelques faiblesses, notamment sur les textes ; la verve de Pascal MICHEL dérape parfois dans la bouche de RIGAL, il existe un résidu d'anticléricalisme has been qui traîne ici ou là mais, comme le dit très justement l'auteur (Sentimental), ses vers sont " comme de la merde de mouche mais ils collent à la peau de celui qu'ils touchent "…Touché !

Pour vous donner un aperçu, vous pouvez vous rendre sur le site : http://filsdepersonne.free.fr et découvrir le groupe plus en détail, mieux : écouter quelques titres en streaming (les titres soulignés sur cette page sont d'ailleurs accessibles de cette façon). Si vous accrochez, profitez-en pour commander leur album public, enregistré au Lemb@rzique Café et intitulé " Live ", comme il se doit…si la qualité d'enregistrement n'est hélas pas au rendez-vous, la qualité des nouveaux morceaux, en particulier le superbe " Le couloir de la mort " est exceptionnelle. On regrettera juste que Fred Gratadou n'ait manifestement pas eu le temps de retoucher certains textes qui mériteraient mieux (2115, Les indiens…). Les finistérien, déjà bien servis dans " Phare " apprécieront aussi " La fibre celtique " qui défend vigoureusement et, ici avec un texte sans faille, certain particularisme breton…Fils de Personne, Personne (Paul) pourrait en être fier !

David Ménard