Son
A vide, pas de problème, la résonance est admirable,
toute la guitare semble vibrer de plaisir, les notes restent en
suspension dans l’air un temps infini…
L’impression d’équilibre et de force de la LG
est confirmée ampli branché (pour info, guitare testée
sur un Marshall DSL 100, un Mesa Boogie DC-2 et un Fender Twin Reverb
Silver Face des années 70).
En son clair, on retrouve les caractéristiques des micros
simples, son cristallin avec plus de chaleur et de rondeur (les
P 90 sont de grosses bobines après tout, pourquoi s’en
étonner ?), beaucoup de médiums sans être envahissants,
on se sent tout de suite chez soi avec ce manche confortable qui
tient bien au pouce.
Sur la position grave, passage d’accords jazz obligé,
le tout sans effort et avec un grain naturel du plus bel effet.
Peut être aurait-on pu souhaiter un peu plus de claquant niveau
tonalité, mais pour le jazz, c’est de loin plus exploitable
qu’une LP (d’ailleurs combien de musiciens sur LP ont
tout simplement délaissé le micro grave pour se consacrer
à l’aigu quasi exclusivement). Seul bémol, comme
sur les simples, on retrouve malheureusement un buzz parasite continu
qu’une bonne isolation de la cavité devrait résoudre.
La position aigu se veut plus claquante, mais là encore,
difficile de rapprocher ce son à celui d’une Strat,
bois oblige, tout cela reste rond, puissant et de bon goût.
La position intermédiaire enfin, confère le meilleur
des 2 positions, apportant un réel complément au niveau
sonore.
L’essai sur le Fender en son clair oriente tout de suite la
guitare vers une orientation bluesy, à tel point agréable
qu’il en devient difficile de lâcher le manche pour
passer à autre chose. Sur le Boogie, le son est un peu moins
euphorisant, mais réglé correctement (comprendre potard
grave au minimum et présence au maximum), il permet en poussant
légèrement les lampes, de s’orienter vers des
arpèges rock du plus bel effet.
En son crunch et saturé,
excellente surprise également. Sur le Marshall, on se retrouve
carrément 30 ans en arrière au Live at Leeds des Who
(je sais, il aurait fallu un Hiwatt pour tester ça, mais
c’est devenu plutôt rare). C’est plein de mordant,
d’attaque, le niveau de sortie ne laisse aucun doute sur l’orientation
première de cette guitare : le crunch pour un mélange
merveilleux de blues-rock. Sur le Boogie, le crunch est également
à l’honneur, ça en devient même une vraie
drogue tellement le son est épais et consistant avec un gain
moyennement élevé sur l’ampli. Comme en son
clair, entre les riffs on retrouve malheureusement le buzz des micros,
du coup, il faut jouer et jouer encore pour passer outre…
Les harmoniques passent comme dans du beurre sur la position aigu,
tandis que les chorus crémeux passent avec bonheur sur la
position intermédiaire voire grave.
On pourrait passer la guitare en mode complètement saturé,
mais ce serait dénaturer sa nature et il existe pour cela
de bien meilleures guitares, tout du moins plus adaptées.
Pour qui n’a jamais joué avec des P 90, l’effet
est saisissant, en terme de maniabilité sonore, il se révèle
moins polyvalent que des simples traditionnels, mais plus présents
et avec un niveau de sortie qui n’a rien à envier aux
humbuckers actuels (j’ai pu comparer la guitare avec 2 Gibson
équipées de PAF et de ’57).
C’est assurément
un grand coup qu’a frappé Godin avec cette guitare,
pour environ 900 euros, gageons qu’elle fera de l’ombre
aux Gibson. Parée pour le blues et le rock voire plus si
affinités, elle constituera une excellent introduction aux
P90 ainsi qu’aux excellentes guitares de la marque canadienne.
Greg@laguitare.com
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