En intégrant le jazz à ses origines brésiliennes, Antonio Carlos Jobim a donné naissance à un nouveau genre musical, la Bossa Nova. Les mélodies et les harmonies qu’il n’a cessé d’inventer tout au long de sa vie sont connues et reprises dans le monde entier.
L'amour de de la musique
Sa rencontre avec la musique classique, et surtout Claude Debussy, se fait à l’âge de 14 ans, lorsqu’il prend ses premiers cours de piano, tout en découvrant de manière autodidacte les joies de l’harmonica et de la guitare. En 1946, Jobim s'inscrit dans une école d'architecture. Mais son désir de jouer de la musique est plus fort, et très vite, il commence à fréquenter les piano-bars de Copacabana.
En 1952, il travaille pour Continental Records en tant que copiste, puis rapidement, il met ses talents d'auteur, compositeur et arrangeur au service des studios d’enregistrement. Le succès arrive en 1954 avec "Tereza di praya", écrite avec Billy Blanco et interprétée par Dick Farney et Lucio Alves. La même année, il rencontre le poète Vinicius de Moraes, pour qui il met en musique deux ans plus tard le texte "Orfeu da Conceiçao". D’abord présentée sur la scène du théâtre municipal de Rio, la chanson remporte un succès immédiat et Antonio Carlos Jobim se met à composer les chansons du film "Orfeo do Carnaval".
Un nouveau style, la Bossa Nova
Jobim est alors directeur artistique pour Odeon Record, où il rencontre le chanteur et guitariste Joao Gilberto. Ensemble, ils fondent un nouveau genre musical alliant jazz romantique et musique brésilienne épicée : la Bossa Nova. Entre 1957 et 1958, Tom et Vinicius écrivent beaucoup pour des bandes originales de films ou pour les chanteuses Silvia Telles et Elizete Cardoso. "Eu Não Existo Sem Você", "Desafinado" et "Chega de Saudade" datent de cette époque. D'abord en retrait derrière sa guitare, Joao Gilberto finit par interpréter ces deux dernières chansons pour un premier album sorti en 1959. La même année, "Orfeu Negro", que Jobim compose avec Luiz Bonfá, devient un film. Réalisé par Albert Camus, il remporte la palme d'or au festival de Cannes. La musique brésilienne capte alors l'attention du monde entier.
De Moraes et Jobim ne s’arrêtent pas là dans leurs collaborations et continuent à travailler sur des musiques de film, des chansons et compositions pour orchestre. En 1962, une femme rencontrée à une terrasse de café leur inspire le texte de la chanson "Garota de Ipanama", qui obtient un Award pour le meilleur enregistrement de l'année, devenant ainsi l’un des plus grands succès du Brésil. Puis Jobim part pour New York, où il est invité avec plusieurs musiciens brésiliens à participer au "Bossa Nova Show" au Carnegie Hall. Il y fait la connaissance de Stan Getz et Charlie Byrd, deux musiciens qui feront de sa composition "Desafinado" un véritable succès. En 1963, ils enregistrent ensemble l'album historique "Getz/Gilberto".
L'emblème du Brésil
A partir de 1965, Tom Jobim décide de renforcer sa carrière internationale en travaillant avec de nombreux arrangeurs réputés comme Nelson Riddle, Claus Ogerman ou Eumir Deodato. Il sort alors plusieurs albums solos, anime un show hebdomadaire pour la télévision brésilienne et enregistre deux disques avec le chanteur le plus populaire au monde, Frank Sinatra.
En 1968, Tom Jobim et Chico Buarque présentent "Sabiá" au Festival International de la chanson de Rio de Janeiro et remportent le premier prix. Dans les années 1970, Jobim écrit de nouveaux classiques, parmi lesquels figure la chanson "Aguas de Marco", rendue célèbre en France par la reprise de Georges Moustaki, "Les eaux de mars".
Après le décès de son ami Vinicius de Moraes en 1980, Jobim compose de nombreuses musiques de film et collabore avec Gal Costa et Chico Buarque. En 1984, il met en place le Nova Banda avec le violoncelliste arrangeur Jaques Morelenbaum et le flûtiste Danilo Caymmi. Ensemble, ils jouent l'année suivante au Carnegie Hall, au festival de jazz de Montreux et enregistrent quelques disques. Lors d’un concert événement organisé au Carnegie Hall en son honneur en 1994, Tom Jobim se produit aux côtés d'Herbie Hancock, Path Metheny et Sting. Ce dernier spectacle lui offre la reconnaissance universelle qu'il méritait vraiment.
Malade d’un cancer, Antonio Carlos Jobim décède d’une attaque cardiaque quelques mois plus tard, le 8 décembre 1994, à New York. C’est un choc pour tous les Brésiliens, et en 1999, le nom du musicien sera donné à l’aéroport international Galéao de Rio
Propos tirées du site L'internaute
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