|
Alors que la guitare folk soliste tend à se perdre dans les méandres d'une technicité exacerbée, je suis tombé, il y a quelques temps, sur une vidéo de Mark Kroos somme toute impressionnante (voir ci-dessous) mais qui n'avait rien de bien différent des productions actuelles.
J'avais simplement l'impression de me trouver face à un artiste, certes talentueux, mais obsédé par la course aux gestuelles impressionnantes, un Justin King bis, la sensibilité en moins. Une expérience plus visuelle que musicale qui mettait de côté l'essence même de l'instrument pour en faire un outil de « frime ». C'était en février 2013.
Deux ans plus tard, le 14 février de cette année pour être précis, Mark a posté un morceau extrait de son dernier album sur sa page fan Facebook qui m'a littéralement transporté, à savoir « Flowers for April » (voir ci-dessus). Un morceau que je n'aurais jamais imaginé venant de cet artiste résolument connu pour ses techniques et sa vitesse de jeu en tapping sur guitare à double manche. Il ne m'en a pas fallu plus pour contacter Mark qu'il me fasse parvenir son album. Et quelle surprise.
Parfois tendre, parfois énergique, « Down Along The Line of Joy » est un album résolument entraînant. On se laisse transporter par des mélodies travaillées et pleines de sens tant le nom de chaque morceau colle à l'image de ce que l'on se fait de ces derniers : « Sight for Sore Eyes » m'en a fait voir de toutes les couleurs, « Petals Change » m'a fait penser à des mouvances, à des volontés emplies de détermination…
Chaque morceau est semblable à une nouvelle littéraire. J'ai été envouté, parfois mélancolique, parfois penseur ou encore envahi par des envies de grandeur et de changement. « Down Along The Line of Joy » n'a, pour moi, rien d'un album composé à des fins introspectives, mais est une invitation à se laisser envahir par des émotions aussi variées que nécessaires grâce à des mélodies musclées et pulsantes à l'image de « Pedals Press the Floor » ou enivrantes et intimistes comme « Joy ».
Clair et précis, Mark nous prend la main pour nous immerger dans son univers, sans jamais nous y traîner de force, et laisse à ses auditeurs, tout au long de l'album, le temps de se familiariser avec un univers qui lui est propre, qu'il cultive et partage au travers de la dizaine de morceaux que composent l'album. Un vrai bon moment de musique.
Charles-Henri Gougerot-Duvoisin - le 20 février 2015 - http://www.markkroos.com/home
|