Avec ses racines franco-sénégalo-espagnoles et son ouverture à des univers musicaux variés, Bob Bonastre a finalement développé un langage musical personnel mêlant, entre autres, le jazz contemporain et les musiques ethniques.
Inlassablement curieux de tout, de la méditation zen au théâtre actuel, il prend sans cesse nos habitudes de penser à contre pied en nous forçant à reconsidérer les choses.
Son dernier album, Grace, produit par l’incontournable Acoustic-Music, est donc un voyage autour de sa planète « musique ». Les harmonies et les gammes inhabituelles y sont mises en valeurs avec sensibilité, dans des pièces raffinées mais aussi pleines de vie. Malgré un travail d'écriture incontestable, l'ensemble conserve un côté naturel extrêmement séduisant.
C'est là un curieux mélange d'introspection et de joie de vivre qui devrait ravir aussi bien les amateurs de guitare acoustique que ceux qui, bien plus nombreux (...), recherchent des musiques personnelles authentiques.
Mais rentrons dans les détails ...
Tout d'abord, même s'il s'agit là d'un album « de guitariste », je me suis un peu laissé avoir :
L'ensemble incite à se laisser porter par la musique sans vraiment prêter attention au côté « guitare ». J’avais déjà eu cette impression à l’écoute de l’album Nature Art. Pour chroniquer un « CD de guitare » ce n'est pas très pratique !
Bob Bonastre chante, fort bien et avec une tessiture tout à fait impressionnante. Pour faire une mauvaise blague, je pourrais dire qu'il ne lui manque que les paroles. On peut souvent se laisser guider par la mélodie vocale.
Le plus bel exemple est sans doute « A fleur de cordes » (plage n°7) qui a tout d'une superbe chanson (sans paroles) avec un accompagnement (à la guitare... bien sûr) discret, minimaliste et subtil. Cela m'a un peu fait penser au dernier album de Pierre Bensusan mais sans paroles (oui je sais, j'insiste).
Bob Bonastre joue sur une guitare à cordes nylons. Le son est naturellement velouté sans le brillant à la limite du « tape à l'oreille » des cordes métalliques et, en plus, son jeu de guitare (ah, quand même !) ne comporte aucun de ces effets ravageurs faits pour impressionner l'auditoire.
Ainsi même une pièce vive, gaie et lumineuse comme « Summer Joy » n'en met pas « plein la vue ». Je suis quasiment certain que, jouée par un autre sur des cordes métalliques (il faudra qu'il assure !), elle aurait tout du morceau de bravoure d'anthologie. Mais là, non... On peut écouter la musique sans être perturbé par ce « tour de force » du guitariste.
Pour finir, voici finalement mes préférés parmi les 10 petits bijoux de cet album. Comme j’ai eu du mal à choisir, j’en ai pris cinq ... comme les doigts d’une main.
Mandela (Piste n°1) :
Une authentique ballade africaine.
Palhaço (Piste n°2) :
Une superbe pièce de Egberto Gismonti.
Summer Joy (Piste n°4) :
L’évidence du bonheur ... Cela n’avait rien d’évident !
A fleur de Cordes (Piste n°4) :
Une superbe chanson ! Un poète trouvera-t-il le temps d’en écrire le texte ?
Third Stone From The Sun (Piste n°9) :
Une version inspirée et surprenante d’un titre inoxydable de Jimi Hendrix.
(J’avais envie d’ajouter Music for Highways mais une sélection ne doit pas excéder 50% du tout. ...)
- Lire l'article et visionner l'interview de Bob Bonastre
Hubert BAYET- Février 2011
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