Là
où avec Catch 33 nos suédois
avaient poussé l'expérimentation si loin qu'au final
peu ont compris ou ils voulaient en venir, avec cet obZen
contenant 10 titres pour une durée totale de 52 minutes et
25 secondes, Meshuggah remet les pendules en déphasage.
Ce groupe a su créer un univers bien là lui dès
le début, pour faire court, ceux qui sont connaisseurs appellent
leur musique du Math Métal.
Pour faire simple, on peut dire que le changement de rythme frôlant
par moments l'arythmie totale est leur marque de fabrique.
Couplez
ces breaks à un son de guitare dans lequel est fusionné
celui de la basse et vous aurez une idée du pain que vous
allez prendre en appuyant sur le Play de votre lecteur.
Pour ma part, je suis fan depuis Chaosphere paru en
1998, si Nothing paru en 2002 montrait une progression
digne d'un pas de géant, je n'ai pas aimé Catch.
Son côté ultra barré faisant qu'il n'y avait
pas de batteur sur le disque ne m'a jamais convaincu. Pas un mauvais
disque, juste un disque expérimental, sans concessions. J'attendais
comme plein d'autres Metal freaks, cet oBZen. Quelques
trucs avaient filtré sur le net et, cela n'a fait qu'ajouter
de l'impatience à cet attente.
Ce disque est absolument parfait, un sommet dans l'art de ces fous
furieux, commençons par le son, il est puissant, précis,
clair fort, très fort, la basse est présente sur tous
les titres on l'entend plus par moments que les guitares, la production
est juste monstrueuse.
Si Combustion, premier titre avec intro sautillante
et tout jette les bases de l'album, c'est en fait ce premier morceau
qui lui permet, à album, de monter en puissance, écoutez
la basse avant que le chant ne vienne tout fracasser ne laissant
que des ruines. L'impression ressentie est celle d'un pain dans
le sternum en plus, les breaks nous laissent avaler juste assez
d'air pour souffrir au moment ou tout reprend.
L'album monte donc en puissance mais, d'un seul coup. Si Electric
Red assure c'est le troisième titre Bleed
fait passer le moteur en zone rouge. Bleed est une tuerie
totale, vous pourrez l'écouter cent fois de suite et à
la cent et unième découvrir un truc qui vous avait
échappé (le côté montagne russe de la
guitare par exemple). Ce titre vous laisse exsangue...
Même si Lethargica ne fait pas dans la dentelle,
il est très différent de Bleed, plus classique
et puis de toute façon depuis le titre précédent
on est à donf alors un peu plus ou un peu moins, on s'en
fout. Mention spéciale au chant, sur scène ce titre
doit être une boucherie.
Avec ObZen, on est plus dans le "Post Trash"
en gros, du trash plus sec et plus dur, genre Slayer avec
Kerry King jouant pour essayer de mettre fin à sa
gueule de bois. C'est sans doute le titre le moins barré,
le plus "carré" rythmiquement parlant avec toujours
ce son totalement dément ou la basse grille vos neurones
un à un.
This spiteful Snake ralentit un peu le tempo, l'habillage
sonore se fait entendre dès les premières mesures,
le batteur sort les tambours de guerre, titre plus pesant car plus
lent, il contribue au massacre général de ce qui nous
sert de matière grise.
Pineal gland Optics est presque dansant, remuant,
on peut même en chanter la mélodie jouée au
clavier. Ce titre peut servir de bande son pour tout documentaire
sur l'enfer et ses damnés hurlant sans fin, il sera parfait.
Pravus accélère à nouveau le
tempo, fermez les yeux, juste un instant, l'intro vous propulse
dans une montagne russe dans le noir, un peu de répit puis,
la chute sans fin vers l'inconnu mais, à un rythme impitoyable.
Somptueux.
Dancers
to a discordant System est la pièce majeure de ce
disque, elle vient logiquement le clôturer ce disque, et de
quelle façon... Avec ses 9 minutes et 36 secondes c'est le
titre le plus long de l'album. C'est qu'il prend le temps de nous
emmener là ou il veut, l'intro relativement calme emmenée
par un chant presque chuchoté barre vite vers un territoire
apocalyptique ou ce même chant, se transforme en hurlements
puis...
Il nous reprend aux tripes comme pour nous dire "ce n'est
qu'un cauchemar, je suis là" et au moment ou on
le croit, cela redémarre.
Si un titre représente bien Meshuggah, c'est celui
là, tout y est, le talent de composition, les qualités
techniques, la maîtrise d'un chant proprement hallucinant.
Tout.
Ce disque est un voyage, il commence dès l'acquisition du
CD, l'artwork est magnifique, le livret est sombre, glacé
mais si beau. Le voyage sonore est lui totalement enivrant, Meshuggah
est passé maître dans sa discipline, il est un tout.
Je ne dissocie volontairement pas le travail d'un membre du groupe
plutôt qu'un autre pour cette même raison.
A l'écoute de ce disque, vous conviendrez d'une évidence:
si Meshuggah à un jour été un groupe
avec des entités différentes, il est aujourd'hui passé
à l'étape d'évolution suivante, il devenu une
entité unique pensante.
Ricardo
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