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Je découvrais
Thomas et sa musique il y a deux ans au salon de la
zique, ma rencontre avec lui allait donner lieu à deux excellentes
choses, la découverte de son premier disque chroniqué peu
après le dénommé Influences of Time et la découverte
d'un mec sur lequel je reviendrais en cours d'année : Pete
Bull et ses compilations French Metal.
Ce dernier disque marque une avancée majeure dans la musique
de Thomas, bien sur, nous restons dans le monde de
la guitare instrumentale mais même si j'ai adoré le premier
album, il n'y a aucune commune mesure avec celui là, juste
un point commun : son talent de compositeur qui au sein de
ce disque, éclate au grand jour.
Alors, comment en est il arrivé là ? Une interview s'imposait.
Laguitare.com : Thomas avant tout, peux-tu te présenter,
nous dire qui tu es, quel est jusque là, ton parcours ?
Thomas Bressel : Merci à toi Ricardo, pour t'occuper
de mon cas ! Je suis avant tout professeur de guitare dans
différentes écoles de musique en Basse-Normandie, depuis plus
d'une dizaine d'année et j'ai un parcours assez banal : vers
15 / 16 ans j'ai commencé la guitare classique en école de
musique puis au conservatoire de Vernon (27) puis celui de
Caen (14).
Sinon parallèlement, vers 17 / 18 ans, j'ai appris la guitare
électrique en autodidacte avec les magazines de l'époque,
vidéos pédagogiques etc. Je suis venu à la composition très
doucement par besoin de m'exprimer et la musique constitue
une excellente thérapie. Donc dès que j'ai eu ma première
guitare électrique j'ai commencé à écrire des riffs, des morceaux
par-ci par là dont " Venus ", puis mon premier CD " Influences
Of Time ".
Laguitare.com : Bon là, on entre dans le vif du sujet,
ton premier disque sentait bon…le premier disque et même si
tout ce qui caractérise ton jeu était déjà là sur ce dernier
album, on sent que la composition a été minutieuse et soignée.
Comment s'est elle passée, cette phase de composition pour
cet album ?
Thomas Bressel : Et bien c'était un peu " urgent "
un peu comme une grosse envie...de chier ! Seulement j'ai
eu quelques petits soucis sur la façon dont j'allais couler
mon bronze, car il fallait que j'accouche de tout ce que j'avais
contenu en moi depuis Influences Of Time. Comme j'étais
depuis quelques années dans une phase où j'écoutais beaucoup
de jazz fusion - Gambale, Holdsworth, Garsed, Helmerich -
j'ai écrit une petite douzaine de morceaux dans ce style,
enregistré une démo puis, quelques semaines plus tard,
j'ai tout ré-écouté et je me suis ennuyé à mourir en écoutant
mes morceaux. Ce n'était ni excitant ni … je sais pas
… c'était frustrant.
J'aime écrire des morceaux en lesquels je crois et avec lesquels
je me sens bien. Quand je les joue face à un public, il faut
que le mental suive, et le mental est une chose fragile, si
je n'assume pas à 100% le morceau que je joue, si je ne suis
pas convaincu par ce que je raconte, alors je ne parviendrai
jamais à convaincre la personne qui m'écoute.
Je n'écris pas de la musique pour me sentir frustré alors
j'ai viré les morceaux qui me plaisaient moins en les remplaçant
par des morceaux rock, plus énergiques, au fils des jours
et des semaines, j'ai fini par tout virer jusqu'au jour même
des premières sessions d'enregistrement de l'album.
En fait la composition de cet album m'aura appris à me connaître
plus en profondeur et que ça ne sert à rien de chasser le
naturel, car il revient toujours au galop.
J'ai aussi appris que même si j'étais très crédible en improvisant
jazz-fusion, c'était pas forcément vrai pour la composition
dans ce style, il faut ressentir les choses pour pouvoir être
crédible face aux oreilles extérieures, mais aussi
face à soit même. La musique qui est en moi, c'est de Rock,
le Heavy Metal, une musique qui même si elle peut offrir du
coeur vient principalement des tripes.
Le Heavy Metal est un univers et le Jazz en est un autre,
j'ai besoin de m'exprimer à travers de gros riff, du sons
saturés et des ambiances sombres.
Sinon techniquement des morceaux comme " The Veil Of tears
" " The Duellists " ou " Camels Races " ont
été écrits en 2 jours maximum, arrangements basse - batterie
inclus, pour le reste j'ai du mettre 3 ou 4 mois à les écrire.
Mais cette fois-ci je n'ai pas fait comme pour le premier
CD, là je n'ai écrit aucun solo de guitare, il n'y
avait que les thèmes et les structures, les soli ont été improvisés,
et j'ai fait mes choix sur le moment. En procédant ainsi je
me sens plus honnête dans mes soli, car il n'y a rien de trop
préparé.
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Laguitare.com
: Pour rester dans la lignée de la compo. je trouve que
le niveau technique est encore plus élevé dans cet album,
as-tu travaillé encore plus fort pour obtenir ce résultat
?
Thomas Bressel : Et bien non pas du tout, que ce soit
la vélocité ou les gestes techniques, j'avais déjà cette technique
au bout de deux / trois années de guitare, avant même d'avoir
ma première guitare électrique je commençais déjà à jouer
du Al Di Méola sur ma guitare à cordes nylon.
Je n'ai jamais eu de problèmes avec la technique " shred "
par contre ce qui a évolué c'est mon toucher, mon phrasé,
le timing et ma façon de ressentir - préméditer mes phrases.
La seule technique que j'ai perfectionné ces dernières années
c'est le tapping à 8 doigts façon T.J Helmerich,
mais ça sonne comme du legato sur le disque, donc on ne discerne
pas les passages usant de cette technique.
Laguitare.com : J'aime énormément les mélodies de ce
disque, dès le premier titre The Dance of the Kabyllian
Bombs il se passe quelque chose, on sent une implication
émotionnelle très forte. Ce titre est il un peu à part pour
toi ?
Thomas Bressel : Et bien disons que je cherche ma propre
voie ou style en explorant non seulement des gammes orientales
peu utilisées mais aussi leurs harmonies et ce morceau en
particulier utilise pendant les deux premier thèmes la gamme
mineure napolitaine (NdThomas: pour ceux qui connaissent
c'est un mode phrygien avec une sensible augmenté). Une
fois que l'on est imprégné de l'atmosphère de cette gamme
on ne ressent plus la mélodie de la même façon, on est pénétré
par d'autres intervalles de notes et les mélodies naissent
aussi vite qu'avec une autre gamme.
Ce titre comme les autres représentent une partie de moi et
pour le moment je n'arrive pas clairement à afficher une préférence
pour un titre plutôt qu'un autre. Quant à l'implication émotionnelle,
elle est ressentie différemment selon les gens. Pour preuve
tu as visiblement plus ressentit ce coté dans ce titre, alors
que moi de mon coté je l'ai surtout ressentit dans le titre
" The Land of Chaos " sur le solo à la fin.
Laguitare.com : Je vais rester sur les mélodies car
pour moi c'est clairement ta marque de fabrique, un titre
comme The Duellists est monstrueux rien que
sur l'aspect technique mais il ne serait pas grand chose sans
cette mélodie qui le porte de bout de bout. As-tu travaillé
cet aspect mélodique ou penses-tu qu'il est maintenant totalement
naturel pour toi ?
Thomas Bressel : Et bien je suis très touché que tu
dises ça ! Parce que ça signifie que j'ai atteint mon objectif,
pour moi les mélodies sont le résultat de ma capacité à transposer
mes émotions sur le manche de la guitare, et c'est ma quête
depuis mes premières compositions il y a 10 ans !
Ce morceau est un rock très basique en E de type Satriani,
ce dernier restant une influence majeure pour moi. Beaucoup
de gens m'ont dit que ce titre leur faisait penser à " Dream
Circle " de Kiko Loureiro. Et après écoute, c'est pas faux,
l'ambiance est la même, le morceau est en E également, seule
la mélodie et la suite d'accords ainsi que la construction
du morceau diffèrent. Mais bon je n'ai pas la prétention
d'inventer un nouveau style, ce genre de similitude est parfois
inévitable, même chez les plus grands …
Donc, pour répondre à ta question je dirait que l'aspect mélodique
est chez moi 50% naturel, le jour où il le sera à 100% c'est
que j'improviserai directement des thèmes à la première prise,
mais je ne sais pas si c'est possible.
Un thème c'est comme le texte d'une chanson, tu as envie de
raconter quelque chose, donc il faut que ce soit construit
un minimum, le tout naît dans la tête et tu essayes de faire
dire avec ta guitare ce que tu n'arriverais pas à dire si
tu perdais l'usage de la parole.
Laguitare.com : Thomas je suis totalement bluffé par
le dernier titre Into the Hell Qaïda il cumule
le fait d'être le titre le plus schreddien, technique, monstrueux
je te laisse choisir mais surtout le plus fort émotionellement
parlant. C'est la parfaite conclusion de ce disque, parle
moi de ce titre, s'il te pilait…
Thomas Bressel : Et bien à la base la première mouture
de ce titre était un échec, c'est aussi le titre le plus anciens
du disque car je l'ai écrit juste après la sortie de " Influences
Of Time " pour la compil' que tu connaît " French
Metal ".
Je me suis dit que je ne devais pas avoir honte de ce morceau,
car les mélodies sont bonnes et les parties rythmiques également.
Seulement la production de l'époque l'a complètement " flingué
" je me suis dit qu'il fallait lui donner une seconde chance,
une seconde vie. J'ai également rajouté une partie rythmique
au milieu qui donne un sens à la suite du morceau.
Laguitare.com : Je finis mes itw de la même façon,
il y a-t-il une question que je ne t'ai pas posée et à laquelle
tu aurais aimé répondre ?
Thomas Bressel : Sans doute oui ! voyons voir … Sur
ce disque tu as eu encore recours à une batterie programmée
pourquoi ?
Et bien j'ai investi beaucoup d'argent pour acheter du matériel
qui me permette d'avoir une production bien meilleure : Amplis
à lampe Brunetti et guitare Vigier. Tout mon
budget est passé dans le matos d'enregistrement. En revanche
le 3ème CD bénéficiera un vrai batteur, et pour info il sera
enregistré avec une guitare 7 cordes Vigier
… je te laisse deviner ce que va me passer par la tête !
Merci pour tout Thomas et putain, surtout ne t'arrête pas.
Ricardo
Site de Thomas Bressel:www.thomasbressel.com
Site de Guitareuroshop:www.guitareuroshop.com
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