J’ai longtemps cru qu’un carnet de voyages ne s’improvisait que sur du papier, à grand renfort de couleurs, de collages et de mots gravés à l’encre de Chine… A vrai dire, je n’avais pas encore rencontré Estas Tonné.
De lui, on découvre d’abord sa guitare à six cordes décorée de fleurs rouges ; elle ressemble à ces visages, tannés par le temps, et dont il ne faut surtout pas effacer les rides. Une guitare qu’il a habillée telle une princesse gitane, et dont il caresse avec grand respect les meurtrissures.
Et elle le lui rend bien. Entre ses mains, cette guitare, c’est une femme qui danse.
Puis Estas apparait, telle une peinture de Titouan Lamazou.
Fragile comme une esquisse, les cheveux longs et ondulés, le port altier, l’allure slave et le regard d’un enfant dont on peut déjà lire toute la sagesse, Estas est lumineux. A croire qu’il capte l’énergie qui l’entoure. Serait-il un troubadour des temps modernes perdu dans l’espace temps ?
Lorsque ses doigts effleurent les cordes de sa guitare, il se produit comme une alchimie… Les notes roulent et nous enroulent, doucement, à la manière d’un Orient Express dans lequel nous serions montés sans nous en apercevoir. Le paysage défile et nous voila, le nez collé à la vitre, hypnotisés par la beauté des paysages que nous traversons dans un voyage immobile.
Parfois Estas nous porte, à la vitesse d’un cheval au galop, comme pour nous faire ressentir le goût de la liberté. Parfois il nous berce, comme pour rassurer l’enfant qui sommeille au plus profond de nous. Il nous prend la main, et ne la lâche pas. Sa musique inventive, aux sonorités « gypsy », latines ou rock s’adresse à tous : elle n’est qu’un miroir qui nous révèle à nous même.
A la manière du Petit Prince, Estas nous ramène à l’essentiel. Il sillonne le monde, joue de la guitare avec son cœur, dans la rue, dans le métro, dans les petites salles, et surprend à chaque fois les spectateurs. Il ne laisse jamais indifférent.
Quant à son carnet de voyages qu’il exprime par sa guitare, au détour des rencontres, et de l’amour qu’il veut faire partager… ce carnet là n’a qu’une seule page : celle qu’il écrit dans l’instant.
Sylvie Da Silva - Novembre 2009 - http://automnalesballain.free.fr/ - www.estastonne.com
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