Laguitare.com cherche un repreneur pour faire revivre le site autour de son contenu dédié à la lutherie et à la guitare haut de gamme. Pour plus d'infos, contacter Jean-Michel Langé par email : jml (arobase) guitariste.com
La 23ème édition du Festival guitare d'Issoudun a été riche en événements et nous commencerons par la lutherie avec les plus importants aux yeux de l'équipe de laguitare.com : les 30 ans de carrière du luthier Franck Cheval et les 30 ans de la marque Lag qui a bénéficié cette année d'une exceptionnelle vitrine mise à disposition par les organisateurs du festival.
Deux événements de taille donc sur le marché de la belle guitare en France mis en avant sur l'un des plus gros salons français de lutherie mais cependant complètement différents de par leurs univers opposés. En effet, l'un, Franck Cheval est un artisan luthier avec une production annuelle d'une vingtaine de guitares et l'autre, la marque Lag, appartenant au groupe Algam (premier importateur d'instruments de musique en France), le plus gros fabricant français de guitares électriques et acoustiques avec une production annuelle de plusieurs milliers d'instruments.
Deux univers bien différents donc mais qui représentent à mes yeux l'avenir de la guitare en France.
Le marché de la guitare évolue et il est indispensable de privilégier deux aspects dans le paysage actuel et à venir : le savoir faire et la production. Le savoir faire est aux mains de nos artisans luthiers qui oeuvrent chaque jour pour élaborer des outils pour le musicien d'une qualité sonore et de finition inégalée à ce jour par aucune machine. Ces instruments représentent le haut de gamme sur le marché. Tout comme peuvent l'être Porsche et Ferrari au secteur de l'automobile, les Cheval, Quéguiner, Fejoz et autres luthiers artisans de référence représentent le savoir faire d'un patrimoine dont nous pouvons être fier et qui est ce qui ce fait de mieux dans le domaine.
Cependant, la guitare en France a besoin de marques pour s'imposer sur le marché grand public national mais aussi à l'international. A ce jour, plusieurs luthiers ont fait le pari de sortir de l'artisanat pour produire en série. C'est le cas de Maurice Dupont qui, assisté par une équipe d'une dizaine de luthiers et de quelques machines numériques réalisent une production annuelle de plusieurs centaines d'instruments et d'amplis. C'est aussi le cas de Patrice Vigier qui à la tête de H.T.D (importateur) réalise avec une petite équipe, une production de guitares électriques et basses destinée au marché français et à l'international. Le point commun de Maurice Dupont et de Patrice Vigier et qui est loin d'être négligeable, est que tous les instruments sont réalisés en France.
Arrive ensuite l'entreprise Lag, dirigée par Michel Lag Chavarria et appartenant à Algam. La production est ici plus importante avec une partie haut de gamme réalisée dans les locaux de Bédarieux et la plus importante étant réalisée à l'étranger. Lag est à ce jour le premier producteur français de guitares électriques et acoustiques. Avec le soutien financier d'un grand groupe comme Algam, les ambitions de la marque peuvent s'affirmer en France mais aussi à l'étranger.
Cheval et Lag à Issoudun
Certains diront que Lag était trop présent au salon des luthiers avec une communication à la hauteur de ses moyens, des guitares exposées en vitrines parsemées dans tous les locaux et sur scène à plusieurs des concerts du festival. Bref, une présence que certains trouveront pesante vis à vis des luthiers exposants. Mon avis(et cela n'engage que moi) est qu'il ne faut pas focaliser son attention sur la "vitrine" Lag mais plutôt sur les performances des instruments exposés d'une part, et surtout sur la réussite de cette marque qu'il faut soutenir comme le reflet de la qualité du savoir faire français qui doit s'affirmer dans le monde. Une marque comme Lag doit permettre d'être un moteur pour nos artisans luthiers et non l'inverse. Il ne faut pas oublier qu'à l'origine de Lag, il y a un luthier qui forme d'autres jeunes luthiers.
Que les luthiers artisans qui lisent ces lignes répondent à cette question s'ils le souhaitent : "s'ils avaient eu l'opportunité qu'à eue Michel de rencontrer une entreprise comme Algam pour faire le pari de leurs guitares à une échelle industrielle, auraient-ils refusé ?"
A Michel de répondre à cette question s'il le souhaite : "S'il était resté artisan, quelle aurait été sa réaction face à l'imposante présence d'une marque comme Lag à un salon dédié aux luthiers artisans ?"
Vous l'aurez bien sûr compris, mes questions ont pour intention de provoquer un débat, un dialogue car on ne peut nier la présence de ces deux entités complètement différentes sur le marché. Elles existent et elles doivent faire plus que cohabiter, elles doivent se regarder en face, s'expliquer et se nourrir l'une de l'autre pour s'imposer en force.
"Utopie" diront certains mais c'est celle là même qui fait que vous lisez encore ces mots à ce jour et pour finir sur ce sujet, je reprends les propos d'Edouard Herriot : "une utopie est une réalité en puissance".
Ma présence cette année à Issoudun a été écourtée et je n'ai pu être là qu'une demi-journée. Je n'ai donc pu assister aux concerts et faire le tour de tous les luthiers comme je l'aurais souhaité mais heureusement que toute mon équipe était bien présente pour faire écho des meilleurs moments de cette 23ème édition.
Les compte-rendus et les vidéos des guitares de luthiers seront publiés au fil de l'eau comme d'habitude avec nos coups de coeur et nos découvertes.
Merci à toute l'équipe : Aël, Mr Blackstone, Brice, Hubert et Kevin et un grand merci aux organisateurs pour leur accueil toujours aussi chaleureux.
Vous verrez sur toutes les vidéos ce petit logo en hommage à Laurence qui nous a quitté trop rapidement et avec qui j'ai fait mes premiers pas de journaliste-web à Issoudun en octobre 2000 et sans qui rien n'aurait été possible.
Jacques Carbonneaux - Novembre 2011 -
GRAND TOUR DU SALON DE LUTHERIE
DU FESTIVAL GUITARE D'ISSOUDUN 2011