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Avec la marque Miguel Almeria et à l'image de son histoire liée à la lutherie du quatuor, la société Gewa a souhaité encore une fois rester dans la tradition de la lutherie en proposant une série de guitares classiques réalisées en Asie mais suivant des spécifités et un cahier des charges bien précis.Sous la direction de Uwe Pruessner (directeur des ventes Gewa) un célèbre luthier espagnol a participé à la conception des guitares Alméria en élaborant un processus de fabrication respectant à la lettre la tradition des guitares classiques espagnoles.
A l'opposé de la philosophie adoptée pour les guitares VGS où les innovations priment sur la tradition, la marque Miguel Almeria a pour principe de respecter la pure tradition espagnole et de les appliquer à ses instruments.
Il est intéressant de noter cette particularité alors que d'autres et notamment des luthiers artisans tentent de sortir des traditions de fabrication remettant en question les fondamentaux de la lutherie des guitares classiques.
C'est un sujet sur lequel on pourrait débattre des heures mais mon avis est que comme dans le cochon, tout est bon ! Tradition et innovation cohabitent dans le meilleur des mondes. D'ailleurs, une innovation ne devient-elle pas une tradition, quand elle est aplliquée et adoptée par plusieurs générations ?
La société Gewa représente bien ce mariage entre les deux avec d'un côté, VGS acoustique et électrique qui rime avec innovations et Miguel Almeria pour la pure tradition.
Nous ne parlons pas ici d'une production d'un artisan luthier mais d'une société qui réalise des milliers de guitares chaque année avec le souci de vendre beaucoup mais de qualité. L'idée d'appliquer des principes de lutherie traditionnelle qui ont fait leurs preuves auprès des musiciens et qui sont encore utilisés par les luthiers artisans eux mêmes, à une production industrielle est tout à fait pertinente pour conforter le musicien sur le sérieux et la qualité de l'instrument.
Comme nous le dit Uwe Pruessner avec beaucoup d'humour, il a contacté plusieurs luthiers espagnols, dont il taira le nom, pour mettre au point le cahier des charges qui est utilisé par l'équipe technique des usines de fabrication en Asie.
La gamme actuelle est composée de 18 modèles dont les prix débutent à 174 € pour finir à 799 € (voir tableau ci-dessous).
Les spécifités techniques des guitares varient en fonction des modèles
La table d'harmonie
La première chose et la plus importante est la table d'harmonie. La table massive que l'on retrouve à partir du modèle 20 est dotée d'un barrage à sept barres inspiré de celui du célèbre luthier Antonio Torres. Uwe Pruessner explique clairement dans la vidéo comment est réalisé le barrage des modèles de gammes inférieures.
La fixation du manche
C'est à partir du modèle 10 que le fameux et célèbre talon à "l'espagnole" est proposé. Les deux photos de gauche ci-dessous en illustrent le concept. Voici la définition d'un de nos grands luthiers, Alain Quéguiner:
"Dans cet assemblage, les éclisses sont insérées dans deux rainures pratiquées dans le bloc talon du manche. Il va sans dire que si ce dernier est solidement maintenu (en fait, il devient solidaire de la caisse), il est aussi complètement indémontable ! La faible tension des cordes nylon, et donc le moindre risque de déformation de la table, autorise ce type de montage. Il n'en va pas de même avec la guitare folk : 60 kg de tension déforment la table d'harmonie et modifient peu à peu le renversement rendant l'instrument de plus en plus difficile à jouer." (Propos tirés du site du luthier Alain Quéguiner).
Sur la photo de droite (ci-dessous) vous pouvez voir un autre mode de fixation, le tenon queue d'arronde, trés largement utilisé en guitare folk.
La conséquence d'un manche solidaire à la caisse est, d'après Uwe Pruessner, une meilleure propagation des vibrations de la corde entre les deux sillets, via le manche et la caisse (table, dos et éclisses). Pour lui, fixer un manche au tenon queue d'arronde (par exemple) ajoute un barrage qui altère cette propagation. Le principe semble assez sensé mais je ne saurai l'infirmer ou le confirmer.
Cogitons un peu...
Si on reprend les fonctions mécaniques d'une guitare, on sait que la corde par ces trois mouvements lorsqu'elle est pincée les induit au chevalet et donc à la table sur la partie vibrante de celle ci qui se trouve atour du chevalet et qui s'arrête sous la première barre latérale de renfort (voir schéma sur cette page). D'après Uwe la fixation à l'espagnole permettrait de favoriser la propagation des vibrations du manche à la jonction caisse/manche bien sûr mais aussi à toutes parties avec lesquelles elle est en contact, c'est à dire sur la partie haute de la table, les éclisses, le dos et le manche.
Dans la caisse d'une guitare composée de la table, des deux éclisses et d'un dos, seule la table doit être mise en vibration, le reste devant être le plus rigide possible et le moins conducteur de vibrations. Par contre, elle est soumise à un autre phénomène.
Lorsque Uwe parle içi de vibrations, il faudrait plutôt utiliser la notion d'ondes qui participent à ce qu'on appelle la résonance de structure que l'on retrouve sur le manche et la caisse (hors table) et qui apporte des notions de timbre, de chaleur et de couleurs de son. Les choix des essences des éclisses et du dos offre une variété intéressante de tessitures sonores. il ne faut donc pas parler ici de "propagation de vibrations" mais d'ondes participant à la résonance de structure.
Tout comme une vraie espagnole
Les proportions, le choix du bois de résonance et les incrustations correspondent au modèle espagnol dans la pure tradition.
Fini le temps où les guitares industrielles ne respectaient rien des fondamentaux de certains principes de lutherie. Constater une telle volonté de l'équipe Gewa d' obtenir au meilleur prix des guitares respectant à la lettre les principes d'un luthier artisan, ne peut que me séduire.
Le principe est louable et noble mais quand est il du son des guitares ?
L'opportunité ne s'est pas présentée pendant les portes ouvertes de la société Gewa mais je ne manquerai pas, tout comme pour les VGS acoustiques et électriques, de vous proposer plusieurs bancs d'essai des modèles les plus représentatifs.
En attendant, je vous invite à glaner vous même ces informations en allant visiter les magasins de musique qui distribuent ces marques. Vous trouverez les distributeurs en France et en Europe sur le site de Gewa (lien ci-dessous).
Mais pour l'heure, voici l'interview en deux vidéos de Uwe Pruessner traduite en simultané par Frank Haesevoets. Merci à lui !