JC : Adaptes-tu
ta façon de composer à chaque chanteur ? en effet,
on dirait qu'à l'écoute du disque on sait que c'est
du Cabrel, ou du Renaud en l'occurrence.
JP B : C'est parce que tu vois les textes
Car un
morceau comme " Petit pédé " par exemple,
si Cabrel l'avait chanté il aurait pu faire tout autre
chose. Il n'aurait pas chanté comme Renaud.
En fait, quand Renaud me donne les textes, évidemment je
vais vers lui. Mais pour le duo avec Axelle Red, c'est le contraire,
il avait ma musique, il a fait le texte après. Ca tu le
mets à quelqu'un d'autre que Renaud, ça marche.
JC : Sur les morceaux
que tu as amenés à Renaud, a-t-il une marge de manuvre
pour s'éloigner ou non de ce que tu as composé ?
JP B : (rires.. ) De toute façon, à un moment
il s'éloigne de lui-même. Les mélodies, il
les fait parfois à sa façon, et alors je veille
au grain pour que ça ressemble à ce que j'ai écrit
Je laisse couler quand des fois je me rends compte que cela passerait
mal. A la fin, à part nous deux, pour celui qui écoutera
" Renaud - Renard " ce sera du Renaud, pas du Bucolo.
Des fois il a l'impression de faire la mélodie et en fait
il ne la fait pas.
JC : Tu lui chantes
la " ligne de chant " ?
JP B : Renaud, il lui faut des maquettes.. Il a ça
chez lui, il écoute et il a une vraie oreille. Beaucoup
plus qu'on ne le pense.
JC : Alors tu chantes " en yaourt " (méthode
pour chanter une ligne de chant sans parole intelligible NDLR)
?
JP B : Le problème avec le yaourt, parce que je
parle pas mal anglais, c'est que j'essaie que ça veuille
dire quelque chose. Quand tu chantes en yaourt tu trouves des
mots qui sonnent. C'est parfois un piège car les chanteurs
ne savent plus quoi mettre à la place de l'anglais. Ca
s'est d'ailleurs produit sur " Manathan Kaboul ".
JC : Justement, sur ce titre, guitares acoustique et électrique
se mêlent
qu'as tu utilisé comme guitares pour
l'album ?
JP B : J'ai utilisé ma Quéguiner et ma Larrivée.
Les deux ça fonctionne vraiment bien
Comme à
ICP (le studio belge NDLR) ils ont plein de guitares, j'en ai
pris là-bas, notamment des J 200, les fameuses Gibson qui
n'ont pas beaucoup de volume, que tu doublent comme ça.
On a utilisé aussi la 12 cordes d'Alain et une 12 cordes
Gibson, je crois que c'est le modèle J 150, une forme de
J 200, très rare, vachement belle.
En guitares électriques j'ai utilisé mes stratocaster
dont la fameuse 63 manche en érable ondé, deux trois
autres stratocaster, une telecaster, mon Esquire qui fait le riff
de " renaud - renard ", celle là elle joue toute
seule
une Les Paul Junior de 55, une Les Paul Standart reissue
et une 12 cordes Rickenbacker que j'ai trouvée là-bas.
JC : C'est toi qui fait la mandoline ?
JP B : Non, c'est un copain qui s'appelle Mick Larie. Il
joue du bluegrass. Il est toujours dans les 20 meilleurs mandolinistes
aux Etats-Unis.
JC : Tu es le seul guitariste
sur " Boucan d'enfer " ?
JP B : Oui, car ayant composé la plupart des chansons
j'avais une idée précise de ce que je voulais faire..
je n'ai pas eu besoin de quelqu'un d'extérieur. Même
si j'aime bien jouer avec d'autres guitaristes
JC : Vous avez composé
tous les titres sur la tournée " Une guitare, un piano
et Renaud " ?
JP B : Il y a eu deux moutures. Il y a cinq ans il y avait
" Boucan d'enfer ", " Elle a vu le loup ",
" Baltique " sur le chien de Mitterrand, un peu "
Nain de jardin ", mais pas finie, et rien d'autre. Honnêtement
on a fait une tournée, tout le monde savait qu'il avait
de gros problèmes. Moralement il était un peu bas,
et moi je pensais qu'il n'y aurait plus jamais de disque de Renaud.
Et au mois de mai l'année dernière, il y a eu une
espèce d'éveil et il a vraiment écrit 11
chansons dont 8 en même pas un mois et 3 autres à
ICP. En fait il y en a 17 d'enregistrées, 14 sont sur le
disque, les 2 ou 3 autres serviront pour des faces B ou un live
JC : Il y a en effet beaucoup de titres sur l'album
JP B : Après 7 ans et demi d'absence !!! Manu Chao
en met bien 18 en faisant un disque tous les deux ans.
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